dimanche 23 décembre 2012

Les juifs d’Algérie




L'année 2012 marque le cinquantenaire des accords d’Évian. Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme a choisi de se joindre aux nombreuses institutions qui souhaitent rappeler, par diverses approches, la date charnière que fut 1962 pour la France et pour l’Algérie. Il présente une exposition inédite retraçant les grandes étapes de l'histoire des Juifs d’Algérie

Présents en Algérie depuis des millénaires, les juifs d’Algérie étaient considérés comme des dhimmis. Considérés comme des citoyens de seconde zone depuis les conquêtes arabes et ottomanes, les juifs d’Algérie accèdent à la nationalité française en 1870, à la lumière du décret Crémieux, du nom du ministre français de la Justice de l’époque. En 1943, le gouvernement de Vichy abroge ce décret, et le remplace par le "statut des juifs" Le décret Crémieux ne sera rétabli qu’en 1943. Après la Seconde Guerre mondiale, et, notamment, la création de l’État d’Israël, puis la guerre d’Algérie, la situation des juifs se dégrade.  Dans les mois qui suivent la signature des accords d’Évian, en 1962, marquant la fin de la guerre d'Algérie, 900 000 Français quittent le pays. On estime qu’entre 100 000 et 160 000 d’entre-eux étaient des juifs. Pour Anne-Hélène Hoog commissaire de l’exposition, les raisons de leur départ reste floues, car non officielles Ils ont certainement eu peur de retomber dans un statut d’infériorité.



C’est en 2005 que l’idée du projet d’une telle exposition voit le jour. L’historien Benjamin Stora, lui-même d’origine juive de Constantine conseiller scientifique de l’exposition, travaillait alors sur son livre "Les trois exils : Juifs d’Algérie". Il était clair que sur la question des juifs d’Algérie, on était face à une mémoire évanescente, se souvient Anne-Hélène Hoog, qui évoque la difficulté pour les historiens de réunir des informations et des objets de cette communauté

Une exposition en hommage à la culture des juifs d’Algérie



La mémoire des juifs d’Algérie est devenue fugace, d’où la difficulté de rassembler des informations et des objets de cette communauté rappelle Anne-Hélène Hoog L’évènement, inédit, est le fruit d’un long travail de recherches et de récollection. Il présente la spécificité de mêler éléments d’histoire et souvenirs familiaux. Le musée a, en effet, lancé dès 2011 un appel au don auquel plus d’une centaine de familles ont joué le jeu et se sont montrés extrêmement généreuses, n’hésitant pas à confier des objets personnels objets rituels, films ou photographies. Autant de choses qui font partie de leur histoire familiale et qui ont permis de présenter une vision intime de cette communauté.car le but de l’exposition n’est pas idéologique ni l’expression d’une nostalgie, Il s’agit également de rendre hommage à cette communauté, qui est à la fois discrète et nombreuse en France et de valoriser sa culture, souligne Anne-Hélène Hoog. Les juifs d’Algérie ont eu un rayonnement intellectuel très important et ont su allier fidélité à leurs traditions, et respect de la laïcité, poursuit-elle.

Diversité de l’histoire des juifs d’Algérie



On découvre ainsi au fil des salles plongées dans la pénombre, l’histoire de cette communauté retracée depuis l’antiquité. Les salles consacrées à tout ce qui précède le 18ème siècle sont parcourues rapidement, par contre on s’attarde davantage sur les lettres sorties d’archives familiales et les divers objets du quotidien. Sur plusieurs salles se succèdent environ 250 documents -manuscrits, livres, textiles, objets, oeuvres d'art- issus de collections publiques françaises et étrangères, ainsi que d'archives administratives et familiales, qui forment le corpus du parcours. Ils mettent en lumière la diversité et la complexité de l’histoire de ces juifs d’Algérie. Celui-ci est complété par des documents audiovisuels, des cartes, des chronologies et des bases de données numériques.
Devant une vitrine où sont exposés des robes en soie brodées et d’autres objets du quotidien, un vieil homme s’approche lentement. C’est le trousseau d’une mariée. Les jeunes filles emportaient avec elles des robes habillées, et aussi des vêtements d’enfant pour leur premier bébé", explique-t-il aux personnes qui l'entourent. Il faut également souligner la place faite à la musique dans l’exposition et la programmation des activités Nous retrouverons Enrico Macias, le président du Comité d’honneur de l’exposition, Reinette l’oranaise, Line Monti, les frères Nacash dont le père Alexandre fut le maitre du Maalouf et Blond Blond.



Nous sommes en train de constituer des archives numériques sur la base des photos et petits films personnels prêtés par des particuliers. Ils sont déjà consultables durant l’exposition, rajoute Anne-Hélène Hoog.




Source Tribunejuive.info