dimanche 23 décembre 2012

Le 10 Tevet : Un jour pour commémorer une longue série d’évènements tragiques de l'histoire du peuple juif.




Le 10 Tévet est l'un des quatre jours de jeûne qui commémorent des périodes sombres de l'histoire juive. Les trois autres jours sont le 9 Av (le jour de la destruction des deux Temples de Jérusalem), le 17 Tamouz (le jour de la première brèche dans les murailles de Jérusalem par Titus et les légions romaines, en l'an 70) et le 3 Tichri (le jour de l'assassinat de Guedalya ben Ahiqam, le gouverneur de Judée nommé par Babylone. Il fut en fait tué le jour de Roch Hachana mais, en raison de la fête, le jeûne fut reporté au jour suivant).

Le 10 Tévet marque le début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, le roi de Babylone, et les premiers assauts de la bataille qui allait détruire la ville et le Temple de Salomon, et voir également partir les Juifs pour un exil de 70 ans à Babylone. La date du 10 Tévet nous a été rapportée par le prophète Ezechiel qui se trouvait déjà à Babylone car il faisait partie du premier groupe de Juifs exilés par Nabuchodonosor onze ans avant la destruction du Temple.
Le 10 Tévet est considéré comme un jour de jeûne si strict et important qu'il est observé même s'il tombe un vendredi (veille de Chabbath) alors que nos autres jours de jeûne sont calculés de telle sorte qu'ils ne tombent jamais un vendredi, afin de ne pas gêner les préparatifs de Chabbath.

LA SEPTANTE

Il existe d’autres dates commémoratives qui tombent juste avant le 10 Tévet mais leur souvenir a été silencieusement intégré dans le jour de jeûne du 10 Tévet. Le 8 Tévet, le roi Ptolémée d’Egypte réunit de force 70 érudits juifs pour traduire la Bible en grec. Même si les sages relatent que ce projet bénéficia d’un miracle – bien qu’étant placés dans des compartiments distincts, ils produisirent la même traduction – de l’avis général des rabbins de l’époque, cette démarche fut négative. Le Talmud affirme d’ailleurs qu’à la publication de cette traduction, « l’obscurité s’abattit sur le monde ».
La traduction grecque de la Bible servit à favoriser le projet des Juifs hellénisés d'introduire la culture grecque dans la vie juive.



Cette traduction, la Septante, fut utilisée quelques siècles plus tard lorsque l'Ancien Testament devint l'une des parties de la Bible chrétienne. La traduction grecque de la Bible servit également à favoriser le projet des Juifs hellénisés d'introduire la culture grecque dans la vie juive, et d'adapter le judaïsme aux valeurs et au mode de vie grecs.
Le fait que la Bible ait pu être traduite en grec donna à cette langue une respectabilité, une « cacherout », pour ainsi dire, qui eut de nombreux prolongements dans la société juive de l'époque, et sapa les efforts des rabbins qui luttaient contre la séduction exercée par la Grèce sur l'Israël d'alors.

LA MORT D'EZRA LE SCRIBE

Le 9 Tévet est considéré comme étant le jour de la mort d'Ezra le Scribe. Ce grand homme juif peut être comparé à Moïse lui-même d'après le Talmud : "Si la Torah n'avait pas été donnée grâce à Moïse, elle aurait pu être donnée à Israël par l'intermédiaire d'Ezra".
Ezra ramena à Jérusalem les Juifs qui avaient vécu en exil à Babylone. C'est sous sa direction et son inspiration , avec l'aide du Juif de cour Néhémie, que le second Temple fut construit , quoiqu' à une échelle beaucoup plus modeste et qu'il fût loin d'égaler la majesté du Temple de Salomon.



Ezra renouvela également l'alliance de Moïse entre Israël et Dieu, il mit un terme aux mariages mixtes qui s'étaient multipliés parmi les Juifs revenus à Jérusalem, il renforça l'observance publique et privée du Chabbath et créa les écoles et l'environnement intellectuel nécessaires pour faire progresser la connaissance et le développement de la loi orale du Sinaï parmi le peuple juif.
Ezra le Scribe était un homme plein de compassion, incorruptible, c'était un visionnaire inspiré, un érudit doué d'un grand charisme, et c'est grâce à lui que le judaïsme et les Juifs ont survécu jusqu'à ce jour. Il n'est donc pas étonnant que nous considérions le jour de sa mort comme un jour de tristesse dans le calendrier juif. Dans la mesure où il aurait été déraisonnable de jeûner trois jours de suite, les souvenirs qui s'attachent aux 8 et 9 Tévet furent incorporés dans le jeûne du 10 Tévet.

REGROUPER LES JOURS DE DEUIL

Les autorités rabbiniques ont choisi d'intégrer la commémoration de la Shoah au 10 Tévet.
Les rabbins ont cherché à relier aux jours de jeûnes existants d'autres évènements tragiques, de manière à ne pas charger le calendrier de trop de jours d'affliction. C'est ainsi que le massacre des communautés juives de Worms, Speyers et Mayence par les Croisés en 1096 est commémoré lors du jeûne du 9 Av, bien que cette destruction ait eu lieu en d'autres mois.



Cette tendance à réduire le nombre de jours commémorant des évènements sombres devint une pratique courante dans le monde juif jusqu'à la Shoah. Cependant, l'ampleur de la tragédie de la Shoah étant sans précédent dans l'histoire du peuple juif en diaspora, il était légitime que la Knesset décide de choisir un jour particulier pour en commémorer le souvenir.
Toutefois, cette tendance des rabbins à réduire le nombre de jours de deuil a prévalu lorsqu'ils ont choisi d'intégrer la commémoration de la Shoah au 10 Tévet pour tout un secteur de la population israélienne.
Puissions-nous commémorer uniquement des jours de joie dans le futur.


Source Aish.fr