Le 25 avril, c’est la Journée de la Déportation, au mémorial de Queuleu. Vice-président du consistoire israélite de Metz, Henry Schumann revient sur le sort des Juifs durant la 2de Guerre mondiale en Moselle. S’ils n’étaient plus présents dans le département, nombre d’entre eux ont été arrêtés ailleurs.........Détails........
Dimanche 25 avril, ce sera la Journée de la Déportation. Un jour pour se souvenir, alors que des relents antisémites sont toujours récurrents, en paroles et en actes, au fil des faits divers. Les autorités, les élus, les témoins, les porteurs de mémoire, ceux pour qui la Shoah a un sens, se retrouveront au mémorial du fort de Queuleu.
À Metz et en Moselle, le grand public connaît mal l’histoire de la communauté durant la Seconde Guerre mondiale. Les généralités, oui, mais ce qui s’est produit dans chaque ville, moins.
À Metz, une communauté de plus de 10 000 personnes en 1939
« Avant-guerre, à Metz, la communauté est installée dans le quartier autour de la synagogue », relate Henry Schumann, vice-président du consistoire israélite. Les rues du quartier Saint-Ferroy, le long du quai du Rimport, sont celles de l’ancien ghetto juif de l’Ancien régime.
La communauté messine, qui s’étend aussi au Pontiffroy et se mélange avec d’autres vagues d’immigrés, comporte grosso modo deux grandes composantes. Une première, plus laïque, héritée des familles messines et des nouvelles arrivées, implantée en Moselle lors de l’Annexion.
La seconde, polonaise et roumaine, arrivée aussitôt après la Première Guerre mondiale, à l’issue du Traité de Versailles et de l’éclatement de l’empire austro-hongrois.
Celle-ci est davantage religieuse. Cela va se traduire par la création de quatre synagogues polonaises, à côté de la grande synagogue.
« La communauté juive de Metz est montée jusqu’à 22 000 personnes », assure Henry Schumann. En 1939, elle est sans doute supérieure à 10 000 personnes, pour près de 90 000 habitants.
« Les familles s’étaient déclarées en mairie »
Metz est évacuée en mai 1940.
Les communautés sont réparties dans les départements d’accueil : les Charentes, la Dordogne, la Haute-Vienne.
« Il paraîtrait que deux, trois Juifs seraient restés en Moselle durant la guerre. Je ne connais pas de familles qui ont essayé de revenir » en août 1940, une fois la Moselle annexée au Reich et déclarée « Judenfrei », libre de Juifs.
D’autres historiens, comme Philippe Wilmouth, d’Ascomémo, expliquent eux que des familles sont remontées jusqu’à Saint-Dizier, avant d’être refoulées vers la France libre, à l’instar des autres indésirables (communistes, francophiles…).
Les déportations ont commencé à partir de juillet 1942.
À Paris, c’est la rafle du Vél’ d’Hiv. En province, « les familles, respectueuses des lois s’étaient déclarées en mairie », poursuit Henry Schumann. « Ça a été une période très dure. »
Les familles réfugiées dans les grandes villes seront plus ciblées. Dans les campagnes, tout dépendra des dénonciations. « On a eu de la chance d’avoir des Justes. » Après-guerre, « 3 000 Juifs ont été reconnus déclarés comme déportés, mais c’était uniquement déclaratif ».
La communauté polonaise va faire graver un grand tableau, toujours visible dans sa synagogue. Chaque ligne correspond à une famille. « Aujourd’hui, en Moselle, on n’est pas revenus aux effectifs d’avant-guerre », souligne Henry Schumann.
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