lundi 16 novembre 2020

Le risque d’une nouvelle campagne de terreur en Europe de l’Etat islamique


Après deux années d’attaques à l’arme blanche, l’attentat de Vienne et ses ramifications dans les pays voisins illustrent la détermination de l’Etat islamique à relancer sa campagne de terreur militarisée, qui avait déjà ensanglanté l’Europe de 2014 à 2018.......Détails....... 

Le risque était sérieux de voir Daech, l’appellation arabe de l’organisation « Etat islamique », reconstituer ses réseaux transnationaux, après la chute, en 2019, de son dernier bastion en Syrie, suivie de l’élimination de son « calife » autoproclamé. 
Mais le successeur turkmène de Baghdadi, Said Al-Mawla, est parvenu encore plus rapidement que l’on pouvait le craindre à reprendre l’initiative terroriste. Les commandos djihadistes infligent régulièrement des pertes importantes aux forces gouvernementales en Syrie, tout en entretenant une guérilla de basse intensité en Irak. 
L’EI est présent sur une dizaine de théâtres en Afrique, du Maghreb et du Sahel jusqu’au Mozambique, à la Tanzanie et à la République démocratique du Congo (RDC). 
Sa branche afghane vient de perpétrer un massacre sur le campus de la capitale et constitue la principale menace au processus de paix entre Kaboul et les talibans. Quant à l’attentat de Vienne, où quatre personnes ont été tuées, le 2 novembre, il pourrait marquer la relance de la « campagne d’Europe » de l’organisation terroriste.

LA PREMIERE « CAMPAGNE D’EUROPE »

L’EI ouvre sa « campagne d’Europe », en mai 2014 avec l’attaque au fusil d’assaut du Musée juif de Bruxelles (4 morts) par un djihadiste français de retour de Syrie. La combinaison entre les tueries aux armes automatiques et aux explosifs marque l’escalade suivante qui ensanglante Paris, en janvier et novembre 2015, puis Bruxelles, en mars 2016. 
Puis vient le recours aux véhicules-béliers, à Nice en juillet 2016, sur le marché de Noël de Berlin en décembre 2016, à Stockholm, en avril 2017, à Barcelone en août 2017, parfois suivi d’attaques à l’arme blanche, comme à Londres en mars et juin 2017. 
L’attentat-suicide de Manchester, en mai 2017, est le seul à être lié à la branche libyenne de l’Etat islamique, les autres ayant été coordonnés ou inspirés par la direction terroriste en zone syro-irakienne. Cette séquence, dont la liste n’est pas exhaustive, s’achève en décembre 2018, avec l’attaque à l’arme à feu du marché de Noël de Strasbourg.
Cette campagne se caractérise par une grande mobilité des djihadistes dans l’espace européen (l’auteur de l’attaque du Musée juif de Bruxelles est interpellé à Marseille, celui du marché de Noël de Berlin traverse plusieurs pays avant d’être tué en Italie, les djihadistes de Barcelone avaient effectué des repérages sur la tour Eiffel…). 
Elle est aussi marquée par une collaboration avec le crime organisé, qui fournit les armes et, éventuellement, les explosifs. 
Les coups portés à la hiérarchie moyen-orientale de l’EI s’accompagnent d’une dégradation des modes opératoires, avec recours désormais systématique à l’arme blanche. 
Cette tendance semble renversée par l’attaque à la kalachnikov de Vienne, dont l’auteur, un Autrichien d’origine macédonienne de 20 ans, tué dans la fusillade, avait échoué à rejoindre Daech en Syrie. 
Les complicités dont il aurait pu disposer ont mené à des arrestations en Suisse et en Allemagne, tandis que les services slovaques avaient prévenu leurs homologues autrichiens de l’achat de munitions de guerre.

UNE RÉPONSE EUROPÉENNE À LA TERREUR

En 2015, déjà, les partenaires européens de la France, à l’exception de la Belgique, avaient eu tendance à considérer que les attaques djihadistes frappaient notre pays du fait d’un contexte proprement national. Ce n’est qu’avec l’extension de ce type de terrorisme à l’ensemble du continent que la perception d’une menace partagée a fini par s’imposer. 
Mais un aveuglement comparable a paru prévaloir en ce début d’automne, comme si les attaques  perpétrées sur fond de procès des attentats de janvier 2015 relevaient là encore d’une dynamique franco-française. 
La tuerie qui a ensanglanté le cœur de la capitale autrichienne a malheureusement rappelé l’évidence d’une stratégie européenne de l’EI, face à laquelle les réponses se doivent d’être le plus possible coordonnées au sein de l’UE. 
Un Parquet européen antiterroriste serait ainsi seul à même de mener les procédures complexes de poursuite des réseaux transnationaux. Espérons que la riposte institutionnelle sera cette fois à la mesure de l’enjeu.
Il ne faut pas pour autant perdre de vue que l’objectif des attentats djihadistes en Europe, au-delà de la sidération induite par la terreur, est d’alimenter une dynamique de guerre civile où des musulmans seraient visés par de supposées « représailles ». 
Que la France et l’Europe ne soient jamais tombées dans un tel piège est tout à l’honneur de leurs peuples et de leurs dirigeants. 
Il n’en est que plus important de valoriser, par exemple, l’héroïsme de trois musulmans lors de l’attentat de Vienne : le Palestinien Osama Joda a risqué sa vie pour porter secours à un policier blessé et a été assisté dans cet acte de bravoure par deux Turcs, Recep Gultekin, blessé par balle, et Mikail Özen. Ce dernier, champion d’arts martiaux, a déclaré : « Nous, musulmans d’origine turque, rejetons toute forme de terreur. Nous sommes pour l’Autriche, nous sommes pour Vienne. »  
A l’heure où se profile le risque d’une nouvelle « campagne d’Europe », ce type d’engagement, actif et courageux, n’a tout simplement pas de prix.

Source Le Monde
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