La réalisatrice israélienne Anat Tel nous plonge dans le quotidien de l’un des lieux les plus emblématiques de la chrétienté........Détails.........
“Il y a de la jalousie entre les différentes confessions. Chacune veut grignoter plus d’espace et fait tout son possible pour repousser les autres et prendre leur place…Ce n’est pas toujours très chrétien ce qu’on fait ou ce qu’on dit, mais c’est la vie…” Bienvenue au Saint-Sépulcre !
L’auteur de ces paroles est le père Samuel, représentant du patriarcat arménien pour cette église située dans la vieille ville de Jérusalem.
Selon la tradition chrétienne, ce sanctuaire réunit à la fois le lieu de la crucifixion de Jésus ainsi que celui de son tombeau. C’est un site de pèlerinage majeur pour les chrétiens du monde entier.
Guerre larvée
Dans ce documentaire diffusé sur Arte, la réalisatrice israélienne Anat Tel nous plonge dans le quotidien du Saint-Sépulcre, un quotidien tiré au cordeau . Si vous imaginiez qu’en ce lieu millénaire ne régnait qu’amour et concorde, vous risquez de tomber de haut.
Car le Saint-Sépulcre, on le découvre tout au long du film, est le théâtre d’une guerre larvée entre les différentes confessions chrétiennes qui ont obtenu la garde du lieu.
Le Saint-Sépulcre est en effet administré en premier lieu par l’Église orthodoxe grecque, l’Église catholique et l’Église apostolique arménienne.
D’autres Églises, comme les Coptes orthodoxes, les Syriaques orthodoxes et les Éthiopiens orthodoxes disposent eux aussi de quelques droits, de moindre importance.
Le Statu quo du Saint-Sépulcre
Les relations houleuses entre ces confessions sont régies par le Statu quo. Cette sorte d’accord informel, qui date du XVIIIe siècle, définit les attributions de chaque Église.
Le Statu quo garantit ainsi les horaires de prière et de procession de chacun, et à qui appartient telle ou telle partie du Saint-Sépulcre. Un même pilier peut être revendiqué par deux Églises différentes : grâce au Statu quo, chaque Église dispose de son demi-pilier.
Les tensions chroniques entre les uns et les autres donnent régulièrement lieu à de véritables pugilats, parfois même entre moines… au point que les clefs de l’église ont été confiées à une famille musulmane.
Les Éthiopiens sur le toit
Le parti pris du documentaire est de nous emmener déambuler dans le Saint-Sépulcre, auprès de ceux qui y vivent et y travaillent.
Outre le sympathique père Samuel, on croise ainsi le chemin du père Anba Antonius de l’Église copte orthodoxe, de monseigneur Isodoros, du patriarcat grec de Jérusalem, ou encore du père Zion, de l’Église orthodoxe Tewahedo éthiopienne.
La situation de cette dernière est assez rocambolesque : chassés il y a plusieurs siècles de l’église du Saint-Sépulcre, les moines éthiopiens ont depuis élu domicile sur son toit !
L’autre personnalité incontournable de ce lieu est Johnny Kassabri. Cet Arabe chrétien israélien est l’officier de police chargé des relations entre les communautés, un casse-tête quasi permanent tant les inimitiés sont fortes de part et d’autres. Johnny Kassabri, pourtant, ne se laisse jamais démonter.
La cérémonie du feu sacré
Si le film d’Anat Tel donne à voir l’animosité teintée de mesquinerie entre les communautés chrétiennes du Saint-Sépulcre, il ne s’en contente pas. Filmées caméra à l’épaule, certaines images fascinent.
Elles montrent la ferveur religieuse qui s’empare du lieu lors de certaines cérémonies.
La célébration pascale du feu sacré en est un exemple. L’espace de quelques instants, c’est comme si s’étaient évanouies les rivalités et les dissensions. Quelques instants seulement.
À voir
Le Saint-Sépulcre à Jérusalem
D’Anat Tel, 52 minutes.
Sur Arte ou sur Internet en cliquant ici (disponible jusqu’au 09/07/2020)
Source Reforme
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