Le Moyen-Orient est le théâtre de fortes tensions entre les Etats-Unis et l’Iran, des ennemis jurés, surtout après l’élimination le 3 janvier du puissant général Qassem Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, dans un raid américain à Bagdad.
L’Iran a juré de venger sa mort et mercredi avant l’aube, le jour du vol fatal du Boeing 737, ses forces armées ont tiré des missiles sur des bases abritant des soldats américains en Irak, sans y faire de victimes.
Le vol PS752 de la compagnie Ukraine Airlines International (UAI) s’est lui aussi écrasé avant l’aube à l’ouest de Téhéran, très vite après son décollage. Les victimes sont essentiellement des Iraniens et des Canadiens, mais également des Afghans, des Britanniques, des Suédois et des Ukrainiens.
Après avoir catégoriquement nié la thèse, privilégiée par plusieurs pays dont le Canada, selon laquelle l’avion aurait été touché par un missile, l’Iran a finalement reconnu l’avoir abattu.
"L’enquête interne des forces armées a conclu que de manière regrettable des missiles lancés par erreur ont provoqué le crash de l’avion ukrainien", a affirmé le président Hassan Rohani, parlant d’une "grande tragédie" et d’une "erreur impardonnable".
Selon l’agence de presse Fars, le guide suprême d’Iran Ali Khamenei a été prévenu vendredi qu’une erreur humaine était à l’origine de la catastrophe. Il a alors donné l’ordre que la vérité soit révélée.
Le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif a exprimé des "excuses", tout en déplorant une "erreur humaine en des temps de crise causée par l’aventurisme américain (qui) a mené au désastre".
"Préféré mourir"
Les forces armées ont expliqué dans un communiqué de l’état-major que l’appareil avait été pris pour une "cible hostile". Selon les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique d’Iran, l’avion semblait s’approcher d’un de leurs centres "militaires sensibles".
Le général de brigade Amirali Hajizadeh, commandant de la branche aérospatiale des Gardiens, a endossé la "responsabilité totale" du drame. "J’aurais préféré mourir plutôt que d’assister à un tel accident. La nuit de l’accident […] l’état d’alerte était au niveau guerre.
Nous étions prêts pour un conflit total", à cause des menaces américaines, a-t-il indiqué dans une déclaration télédiffusée. Le soldat chargé de tirer, a pris l’avion pour un "missile de croisière", a déclaré le général.
Il a alors cherché à entrer en contact avec ses supérieurs pour "obtenir vérification de la cible" mais il n’a pas pu le faire car son système de communications a "apparemment été perturbé".
Dix secondes pour décider
"Il avait 10 secondes" pour décider et il "a pris la mauvaise décision", a-t-il ajouté. Le missile a explosé près de l’appareil, selon lui. Selon l’état-major, "le coupable" doit être traduit "immédiatement" en justice.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réclamé une "enquête complète et approfondie" qui établisse les responsabilités et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé la punition des coupables et des compensations. Londres a qualifié de "premier pas important" l’aveu par l’Iran.
Après le crash, une vidéo d’une vingtaine de secondes, qui montrerait le moment où un missile frappe l’appareil, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.
On y voit un objet lumineux s’envoler rapidement vers le ciel et frapper ce qui semble être un avion.
Après le drame, l’Iran a invité Boeing, le constructeur américain de l’avion, à participer à l’enquête, ainsi que les Américains, les Canadiens, les Français et les Suédois.
L’ambassadeur du royaume-uni arrêté brièvement
Les autorités iraniennes ont brièvement arrêté l’ambassadeur du Royaume-Uni à Téhéran hier, a indiqué le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab.
«L’arrestation de notre ambassadeur à Téhéran sans fondement ou explication est une violation flagrante de la législation internationale», a déclaré M. Raab. Plus tôt, des informations avaient fait état de l’arrestation de Rob Macaire lors de manifestations contre le régime.
Source La Depeche
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