Nicolas Pelham, correspondant de The Economist au Moyen-Orient, est parti en juillet dernier en mission en Iran pour une semaine, muni d’un visa de journaliste.
Il est finalement resté sept semaines, contraint et forcé mais étrangement libre de ses mouvements dans Téhéran.
Que lui reprochait-on ? De qui a-t-il été l’enjeu ?
« Aucune idée, il faut demander aux Iraniens », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Il semble clair que (les différents corps de l’État) n’étaient pas tous en phase », a-t-il ajouté.
« Leur raisonnement est un mystère pour moi ».
Le jour de son retour prévu à Londres, Nicolas Pelham a été interpellé par des agents de renseignements du Corps des Gardiens de la révolution islamique. Mais il n’a été ni inculpé, ni incarcéré.
« J’étais pris dans un jeu politique (...) qui dépassait de loin ma capacité à l’influencer », écrit-il dans son article, qui fait la couverture du magazine. Il s’est fait confisquer son passeport, mais a pu déambuler librement dans Téhéran, fréquentant les quartiers juifs de la ville, discutant avec les Iraniens, assistant à des mariages.
« Mais bien sûr, je n’étais pas totalement libre. Je me suis imposé une autodiscipline de la part du régime, devenant mon propre geôlier et censeur, conscient de ce qu’une erreur pourrait avoir des conséquences », écrit-il encore.
Et de décrire une forme de paranoïa qu’il sentait partagée par nombre de ses interlocuteurs.
« Je sentais la présence de centaines d’yeux électroniques. Les visages les plus amicaux qui me saluaient pouvaient être des informateurs. Et je ne pouvais pas quitter l’Iran », poursuit-il.
« Mais c’était ainsi à Téhéran. Des avenues s’ouvrent, d’autres se ferment. Tout le monde se sent captif ».
Le séjour s’est achevé par une amende de l’équivalent de 200 dollars. Imposée pour non-respect de la durée de validité de son visa.
Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, accusés souvent d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.
Le Français Roland Marchal et sa compagne franco-iranienne Fariba Adelkhah, tous deux chercheurs au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences-Po Paris, y sont ainsi détenus depuis juin 2019.
Source Journal de Montreal
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