«Notre devoir est de combattre l’antisémitisme, le racisme et la nostalgie fasciste, ces maux qui menacent de dévorer les fondations de nos démocraties», a prévenu le président israélien, Reuven Rivlin. Le président Andrzej Duda a remercié son homologue israélien de sa présence, «un signe de mémoire, un signe visible de l’opposition au traitement inhumain, à la haine, à toute forme de haine, en particulier le racisme».
De son côté, le premier ministre français, Édouard Philippe, a exhorté des lycéens à transmettre la mémoire de la Shoah.
«Lorsqu’on vient visiter le camp, le choc est net», a-t-il observé, en évoquant «cet effroi, ce silence absolu qui prévaut face à la découverte de cette radicale part d’inhumanité» qui a conduit à l’Holocauste.
Venus du monde entier, plus de 200 survivants étaient présents sur le site de l’ancien camp nazi, situé dans le sud de la Pologne, pour partager leurs témoignages, entendus comme un avertissement grave après une récente vague d’attaques antisémites des deux côtés de l’Atlantique.
«Nous voulons que la prochaine génération sache ce que nous avons vécu et que cela ne se reproduise plus jamais», a déclaré aux journalistes David Marks, 93 ans, survivant d’Auschwitz, la voix brisée d’émotion.
Trente-cinq membres de sa famille proche et lointaine de Juifs roumains ont été tués à Auschwitz, le plus grand des camps de la mort mis en place par l’Allemagne nazie, devenu le symbole des 6 millions de Juifs européens tués dans l’Holocauste.
«On est partagé entre la volonté de savoir et de comprendre et la certitude qu’au fond il y a quelque chose d’incompréhensible.
On est partagé entre la nécessité du silence et de la mémoire et la nécessité de dire les choses, de les transmettre», a poursuivi Édouard Philippe, lors d’une allocution sur le site de la «Judenramp», lieu de sélection des prisonniers à leur arrivée en captivité.
C’est à cet endroit même qu’est «arrivé quelque chose d’incroyable» à Isabelle Choko, âgée de 91 ans, rescapée juive des camps d’extermination et présente lundi aux côtés du premier ministre.
«Un homme qui nettoyait la gare s’est approché de moi et, malgré l’interdiction de parler, s’est mis à me répéter tout doucement: “Fais attention. Là-bas au bout du quai il y a une sélection. À gauche, c’est la vie, et à droite, c’est la mort”», a-t-elle témoigné.
«Alors, moi, en entraînant ma mère et en essayant d’aller le plus vite possible, je me suis mise à dire: “Allez à gauche!”, pour que le maximum de personnes puissent m’entendre», a-t-elle raconté.
Avant de prendre part à une cérémonie internationale dans l’après-midi à Birkenau, le premier ministre était accompagné lundi matin lors de la visite du camp d’Auschwitz I d’une classe de lycéens de Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise), vainqueurs du Concours national de la résistance et de la déportation. «Souhaitons que les élèves qui nous accompagnent prennent conscience de ce qui a été le plus grand génocide du siècle dernier», a plaidé un autre survivant de l’Holocauste, Henri Zajdenwergier, 92 ans.
Ce dernier, lui-même déporté en Estonie en 1944 dans le convoi 73, a perdu 13 membres de sa famille à Auschwitz, dont son père.
«Il vous appartiendra désormais, quand vous le pourrez, avec les mots qui sont les vôtres, sans prétendre à la perfection historique, mais avec sincérité, de dire ce que vous avez vu, a lancé aux élèves le premier ministre.
Et de faire en sorte que, collectivement, nous n’oublions pas qu’il y a eu ici un des pires exemples d’inhumanité, que l’inhumanité fait partie de ce que nous sommes, et qu’il ne faut pas l’oublier.»
Source Le Figaro
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