Mythe ou réalité
Le « deal du siècle » qui doit beaucoup à Jared Kushner, conseiller spécial et gendre du Président, vient d’être présenté par Donal Trump.
Telle l’Arlésienne, on en parlait sans jamais l’avoir lu, jusqu’à douter de son existence. Précédé par une longue séquence, à la dramaturgie complexe, faite de fausses pistes, de fuites savamment orchestrées, jalonnées d’actions contraignantes, l’arrêt de l’aide financière américaine à l’Autorité Palestinienne (AP), ou de faits accomplis, telle la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, pour bien marquer la détermination de l’homme le plus puissant de la planète.
La méthode est inédite et le contenu détaillé, un document de 180 pages, avec cartes à l’appui.
Même si l’on y est opposé, l’initiative démontre un travail sérieux prenant à bras le corps des problèmes réputés insolubles et une volonté réelle de proposer des solutions applicables, là où tant d’autres ont échoué.
Le prix à payer pour chacun des protagonistes, israéliens et palestiniens, sera de renoncer à des rêves irréalisables mais en répondant à leurs aspirations fondamentales légitimes, c’est-à-dire, la sécurité et les aspirations nationales.
Ce que dit le plan
Pour l’essentiel, le plan respecte la solution à deux Etats en prônant la création d’une Palestine démilitarisée qui ne pourra pas menacer Israël. Jérusalem restera la capitale d’Israël. Les quartiers Est de la ville, à majorité arabe, deviendront palestiniens qui pourront y établir leur capitale. Les USA y ouvriront une ambassade.
L’Etat palestinien sera contigu avec des aménagements sous formes de routes ou de tunnel pour relier Gaza à la Judée Samarie par exemple.
Cependant, la superficie sera moindre que ce que l’Autorité Palestinienne (AP) aurait pu obtenir si elle avait accepté les précédentes positions (70% de la Judée Samarie).
Le document américain prend acte des réalités sur le terrain et inclus des propositions ayant fait consensus lors les précédentes négociations.
A savoir, la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les principaux blocs d’implantation en Judée et Samarie avec échanges de territoires israéliens de superficie équivalente sans que personne ne soit déraciné de son foyer.
De plus, les palestiniens devront reconnaitre le caractère juif de l’Etat Hébreu, renoncer au terrorisme et au « droit au retour ».
Les « réfugiés arabes de 1948 » pourront habiter la Palestine nouvellement créée ou rester dans leurs pays de résidence actuels.
De leur côté, les israéliens devront arrêter toutes les constructions dans les territoires palestiniens.
Afin de générer une dynamique et un cercle vertueux ne dépendant pas des subsides des Etats opposés au plan de paix, tel l’Iran, un volet économique d’un montant de 50 milliards de dollars accompagnera le dispositif.
L’objectif est de sortir israéliens et palestiniens du cercle infernal du conflit vers une logique de cohabitation pacifique en améliorant la qualité de vie par la création de richesse, laquelle bénéficiera à toute la région.
Des chimères aux dures réalités
On pourra toujours opposer à ce plan, la position classique des lignes de 1967 adoptée par les instances internationales, répétées inlassablement, tel un mantra, mais qui n‘a jamais abouti. Ou, comme l’ancien Président Chirac l’avait fait en son temps avec Yasser Arafat, refuser et attendre une meilleure proposition. La réalité a démontré, la preuve par le sang, qu’une telle éventualité ne viendra pas.
Désormais il existe une base de travail réelle et concrète pour de futures négociations. La proposition américaine diffère fondamentalement de toutes les autres initiatives car elle est à la fois en faveur de l’existence de deux Etats souverains mais elle prend acte de leur intrication et de leur interdépendance sur le plan économique, des ressources et de la sécurité.
Elle incite à la mise en place d’un modèle de type confédéral entre Israël et la Palestine.
Et les protagonistes n’auront pas trop des quatre années prévues par le plan, pour intégrer cette dimension et déjouer les pièges tendus par les extrémistes des deux camps, ceux qui ne veulent pas d’un Etat palestiniens comme ceux qui prônent la destruction d’Israël et le terrorisme.
La succession d’Abbas, la plus grande menace du processus de paix
L’AP, sous les auspices de Salam Fayyad, l’ancien premier ministre de Mahmoud Abbas, avait considérablement fait avancer les institutions palestiniennes posant les bases solides d’un futur Etat.
Cependant, ses mesures drastiques de transparence, en particulier financière, lui ont valu l’inimitié des caciques du Fatah qui se sont vus limiter le pillage de l’aide international à des fins personnelles.
Il a dû quitter ses fonctions. Depuis, le Raïs palestinien vieillissant et à l’état de santé précaire, initialement élu pour 5 ans, n’a pas proposé de projet politique ni organisé sa succession.
Il incite aujourd’hui la population à se révolter contre le plan Trump. Cependant, la rue palestinienne ne le suit pas car elle aspire à la stabilité et à l’amélioration de son quotidien.
Si rien n’est fait, une guerre de succession est à prévoir pour s’emparer du pouvoir avec toutes les surenchères possibles.
Le prétendant le plus sérieux est le chef du service de renseignement palestinien, Majed Faraj qui a toujours été en lien avec les israéliens et les USA même lorsque les tensions étaient au plus haut. Ce qui lui a valu récemment d’être la victime d’une tentative d’assassinat.
Rien ne pourra plus être comme avant
Le 28 janvier 2020 marquera l’histoire de la région pour longtemps que ce plan réussisse ou qu’il soit un échec.
En effet, les américains ont réussi à mobiliser autour de cette initiative les pays arabes « sunnites modérés », l’Egypte, les monarchies pétrolières, les EAU, le Bahreïn ou l’Arabie Saoudite, mais également le Qatar grand rival de ce dernier et bailleur de fond du Hamas à Gaza.
La position européenne est également très intéressante à analyser. Il n’y a plus un front uni se retranchant derrière les lignes de 1967. La grande Bretagne de de Boris Johnson et les pays de l’Europe de l’Est, avec en première ligne la Pologne sont au diapason américain.
Cette recomposition traduit bien la prise de conscience des grands bouleversements du Moyen-Orient et ses impacts internationaux avec la politique hégémonique de l’Iran shiite, à une faible encablure de l’arme atomique, et la nostalgie ottomane d’Erdogan qui menace les ressources en hydrocarbure de la méditerranée orientale.
Le plan de la dernière chance pour les palestiniens
Dans cette nouvelle partition du concert des nations, Israël, la « Start up nation », tient un rôle clé.
De par son économie dynamique, son innovation civile et militaire ou dans le domaine du renseignement, l’Etat Hébreu est devenu une superpuissance régionale et un allié précieux des pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.
En outre, son savoir-faire lui a permis de tisser des liens étroits avec ses anciens ennemis faisant face désormais aux mêmes dangers existentiels, la République islamique d’Iran et les groupes djihadistes.
Ce qui n’est pas le cas des palestiniens qui ont refusé toutes les propositions des paix depuis le processus d’Oslo.
Aussi, dans le contexte international, s’ils devaient par leur intransigeance et leur maque de discernement faire capoter le plan, ils perdraient leur crédibilité et les maigres soutiens dont ils disposent encore enterrant pour longtemps leur rêve d’un Etat palestinien.
Par Hagay Sobol
Source Atlantico
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