« Je ne nie pas la Shoah »
Résultat : l’Organisation juive européenne, en veille sur les réseaux sociaux, a porté plainte au TGI (Tribunal de Grande Instance) de Paris pour contestation de crime contre l’humanité et provocation à la haine raciale. Transmis au tribunal d’Evreux (Eure) en raison du lieu de résidence du prévenu, l’affaire a finalement été jugée après de multiples renvois.
D’emblée, le tribunal a présenté les publications grâce auxquelles on pouvait notamment apprendre que les historiens et écrivains juifs avaient menti sur les camps, que les Juifs, toujours, avaient ruiné la chrétienté par la pornographie et la pédopornographie ou bien que, les Juifs encore, avaient tué par des vaccins non sans faire une allusion voilée à l’actuelle ministre de la Santé.
« Vous persistez à dire que les chambres à gaz sont une imposture ? » a interrogé le président.
Réponse de l’intéressé, droit dans ses bottes :
Je ne reviens pas là-dessus. Il suffit de citer les historiens de la Shoah. Les autorités nazies n’ont jamais ordonné le génocide des Juifs mais uniquement leur déportation.
Et de citer Arno Klarsfeld avant d’ajouter :
C’est extrêmement compliqué et même les historiens ne savent pas. Il n’y a rien d’outrancier chez moi et je regrette simplement d’avoir écrit que les Juifs n’avaient pas volé les pogroms.
D’ailleurs, j’ai immédiatement retiré cette publication. Pour le reste, vous la voyez où l’incitation à la haine raciale ? D’ailleurs, je ne nie pas la Shoah. Je regrette simplement qu’on ne parle que de cela en occultant d’autres génocides.
« En 2019, les mots tuent »
Cette première partie de l’audience ayant montré que P avait toujours des références littéraires dans sa poche et ne voulait pas être victime de « lois scélérates », les avocats de l’association Avocats sans frontières (Organisation juive européenne) sont montés au créneau. Maître Malinbaum :
Il conteste le crime contre l’humanité et incite à la haine ou à la violence dans 13 publications.
Quand il a été signalé au TGI de Paris, il s’est écrié : je suis dénoncé ! Il s’est dit que s’il allait plus loin, les avocats de Soral ou de Dieudonné allaient accepter de le défendre.
Alors on peut se demander s’il n’a pas un projet politique et il ne semble pas prendre en compte l’ampleur et la gravité des faits. En réalité, il n’a jamais cessé de publier et persiste et signe à l’audience.
L’association Avocats sans frontières demande 2 000 euros, la publication du jugement et 5 000 euros pour les frais de procédure.
« On peut avoir des idées mais rien n’est plus dangereux que d’en avoir une seule a dit Alain.
Son idéologie n’a pas d’autre vocation que de susciter la haine. En 2019, les mots tuent ! » a enchaîné son confrère, Maître Sicsic.
Liberté d’expression ?
« En dépassant le cadre historique, il tombe sous le coup de la loi. Une passion haineuse l’anime et ses propos vont armer les bras de ceux qui vont commettre des atrocités » a ensuite martelé le parquet. 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende étant requis, la défense, représentée par Maître Grimault a pris le relais.
La liberté d’expression doit s’appliquer au-dessus de tout et sur cette base, je demande la relaxe. Pour la haine raciale, il n’a que 36 amis, est suivi par 47 personnes et depuis le 4 novembre il n’y a plus rien car il souhaite se consacrer à la poésie.
Les citations ne sont pas de lui car il les a reprises. Il n’est pas dans la provocation et n’incite pas à la violence même si son avis est désagréable. En réalité, son seul problème est de faire des comparaisons douteuses ce qui ne signifie pas qu’il nie l’existence de la Shoah.
Et L’éveilleur de clore les débats en déclarant : « Je n’ai jamais été antisémite. Jamais ! D’ailleurs, mon premier fils s’appelle Nathanaël ».
Mis en délibéré, le jugement sera rendu le 19 décembre.
* Par respect de l’anonymat, nous ne mettons pas l’identité de la personne
Source Actu
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