«Ce n’est ni un projet communautaire ni un projet juif. C’est un projet du patrimoine national. Nous n’avons pas voulu en faire un musée, parce qu’une institution muséale évoque le passé.
Nous voulons que cette histoire s’écrive au futur», précise André Azoulay, conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et président fondateur de l’association Essaouira-Mogador, initiatrice du projet, en partenariat avec le ministère de la Culture, toujours en cours de finalisation.
Dès l’entrée de l’institution, une citation intrigue le visiteur: «Shalom Aleykoum, Salam Lekoulam», une devise qui illustre la connivence qui a toujours été de mise entre les deux communautés, juive et musulmane, dans une cité-monde, telle que voulue par le Sultan Sidi Mohammed ben Abdellah, qui lance sa construction à partir de 1760, avec la volonté d’en faire une expérience originale et multiculturelle.
«En ces temps de repli où les repères se brouillent et le désarroi domine, il est impérieux de rappeler que ce fut possible.
Il fut possible de vivre ensemble en restant soi. Il fut possible de sacrer la différence et d’ériger son respect en règle de vie.
Ce fut possible et si ce le fut, c’est que ce peut l’être de nouveau», une déclaration qui illustre la mission que s’est assignée cette institution d’un genre nouveau.
Celle de combiner au cœur d’un même espace la spiritualité, la mémoire et l’histoire ainsi que la science. Le complexe comprend en effet une synagogue, «Slat Attia» érigée par la veuve Attia en 1892 en hommage à son défunt mari Simon.
«Shalom Aleykoum, Salam Lekoulam», une devise qui illustre la connivence qui a toujours été de mise entre les deux communautés, juive et musulmane, dans une cité-monde
Entièrement restauré, le lieu de culte unique est une réplique de la grande synagogue sépharade de Londres Bevis Mark, en témoignage du tropisme britannique très présent dans la communauté juive d’Essaouira, en raison des fortes relations commerciales entretenues par les «Tujar Sultan» à l’époque. Attenant à la synagogue, un espace dédié à l’histoire de la résilience du judaïsme marocain en général et souiri en particulier.
Un lieu qui raconte par l’objet, la photographie, le texte et le film, l’exceptionnelle saga du judaïsme souiri et de ses patrimoines.
Musique, orfèvrerie, costumes, arts et littérature… illustrent des passages de la vie juive à Essaouira au XIXe siècle, en mettant en valeur les personnages illustres qui ont marqué la ville jusqu’à nos jours.
A l’étage le Centre international de recherche Haïm et Célia Zafrani prend ses quartiers.
Du nom du grand penseur souiri et de son épouse, le centre académique se donne pour mission de favoriser les recherches sur les spécificités et profondeur historique des relations entre le judaïsme et l’Islam.
Il se propose d’offrir un cadre de travail et de rencontres aux chercheurs nationaux et internationaux dans un lieu de mémoire et de mettre à disposition des chercheurs des sources bibliographiques et d’archives sonores, iconographiques tels que manuscrits, photographies, littératures et autres cartes et plans à sa disposition.
Le tout à partir d’Essaouira, cité où la symbiose judéo-musulmane sort du mythe pour être une réalité éprouvée.
Les ambassadeurs de Mogador
La ville d’Essaouira a enfanté plusieurs personnages illustres, et parfois méconnus, qui ont changé l’histoire du monde. Parmi ceux qui ont porté la cité au-delà des mers et des océans, deux personnages qui méritent une place de choix dans les manuels scolaires.
Leslie Hore-Belisha (1893 -1957)
Petit fils de Messoud David Belisha né à Mogador en 1789, Leslie Hore-Belisha est une personnalité marquante de la vie politique britannique. En tant que ministre des transports, il fait baisser le nombre d’accidents en mettant des balises lumineuses pour éclairer les passages cloutés. Ces balises aujourd’hui portent le nom de « Belisha beacons» en Angleterre, en Irlande, en Australie et même à Singapour. Après son mandat au ministère des transports, Leslie Hore-Belisha a été également ministre de la défense de la couronne Britanique en 1939-40
David Yulee Levy (1810-1886)
Source L'Economiste
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