Peu d'Aveyronnais connaissent son nom. Et son œuvre. La peinture, de très bonne facture, de cet artiste, originaire de Galicie, une région rattachée à l'époque à l'empire austro-hongrois, mérite pourtant que l'on s'y intéresse. Et cela d'autant plus que Léon Weissberg fut assigné en résidence à Entraygues-sur-Truyère, durant la Deuxième Guerre mondiale. Avant d'être arrêté, parce qu'il était Juif, par deux gendarmes français, le 18 février 1943, à l'âge de 48 ans.......Détails.......
Interné aux camps de Gurs, puis de Drancy, il est finalement déporté le 6 mars 1943 par le convoi n. 51 et assassiné dans le camp de concentration et d'extermination de Maidanek, en Pologne.
De cet homme, à la vie de nomade, que l'on disait séducteur, il reste de nombreuses toiles.
Une œuvre riche, diversifiée, comprenant notamment plusieurs tableaux réalisés en terre aveyronnaise, lorsqu'il se trouvait en pension à l'hôtel des Voyageurs Andrieu.
Qu'il s'agisse du portrait du vieux clown, un autoportrait, ou de celui d'Arthur Rimbaud ; des Baigneuses à Entraygues ou du Chemin.
Des tableaux que l'on retrouve dans l'ouvrage d'Isabelle Poujol, publié par «Les Cahiers de la belle vallée du Lot», chers au Livinhacois d'adoption, Pierre Poujol.
«Venu de cette Europe centrale si riche en talents, installé à Paris, en 1924, après bien des pérégrinations à travers l'Europe, ce personnage qui était en train de prendre rang au niveau des meilleurs peintres de la capitale», écrit Pierre Poujol dans l'avant-propos.
«Cet homme que les nazis ont pourchassé parce qu'il était Juif, cet érudit amoureux de toutes les cultures et plus particulièrement de la nôtre, ce grand talent retrouve peu à peu la place qu'il n'aurait jamais dû quitter, celle en haut de l'affiche, celle des grands peintres. Léon Weissberg ne méritait pas d'être oublié.
Il sort de l'ombre où ses assassins ont cru le reléguer après avoir pillé son atelier parisien et mis fin à sa vie». Un souvenir qui aurait pu être définitivement effacé, si sa fille Lydie Lachenal ne s'était acharnée à reconstruire l'historique de son œuvre, qui se termine à Entraygues-sur-Truyère, où, selon plusieurs témoignages, «il y fut heureux».
Lorsque les gendarmes sont venus le chercher dans son refuge entrayol, ce triste jour de 1943, le père Andrieu avait eu le temps de prévenir Léon Weissberg, de lui dire de partir par la fenêtre, d'aller se cacher.
Mais il semble bien que le peintre ait choisi de sacrifier sa vie pour protéger sa fille, sa petite Lydie, qui fut scolarisée au collège Saint-Joseph, à Rodez. Dès 1940, Léon Weissberg part la rejoindre.
Mettant plusieurs jours pour arriver à bon port, après avoir utilisé le train, la voiture et… terminé son périple à pied. Il séjourne, dans un premier temps, à La Capelle-Saint-Martin.
Mais l'hiver 1941 est particulièrement rude. Tombé malade, le peintre est hospitalisé à Rodez.
Après avoir repris des forces, il se retrouve finalement au confluent du Lot et de la Truyère, où il peut vivre notamment grâce à l'argent rapporté par plusieurs de ses tableaux vendus aux États-Unis par un galeriste new yorkais. Dans «ce cadre extraordinaire et comme hors du temps», il fait de sa chambre de l'hôtel des Voyageurs un atelier, où il peint beaucoup.
Comme une «parenthèse enchantée», malheureusement de trop courte durée, que Léon Weissberg partage avec Lydie, sa fille, qu'il a toujours chérie.
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