L’attaque djihadiste la plus meurtrière contre l’ONU au Mali a coûté dimanche la vie à dix Casques bleus tchadiens, a annoncé le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, dans un communiqué. Au moins 25 autres ont été blessés......Analyse.......
Le groupe al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué l’attaque, indiquant avoir agi « en réaction contre la visite [dimanche] du premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, au Tchad », selon l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar, connue pour recevoir et diffuser régulièrement des communiqués de cette mouvance.
Le chef du gouvernement israélien s’est rendu dans ce pays africain à majorité musulmane — très engagé dans la lutte contre Boko Haram et le groupe armé État islamique — afin de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays, rompues par N’Djamena en 1972. À l’aube, les Casques bleus du contingent tchadien stationnés à Aguelhok, dans le nord-est du pays, à 200 km de la frontière algérienne, ont « repoussé une attaque complexe lancée par des assaillants arrivés à bord de nombreux véhicules armés », a expliqué la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA).
S’ils ont essuyé de lourdes pertes, les Casques bleus ont réussi à « neutraliser nombre d’ennemis » et à « poursuivre les assaillants dans leur déroute ».
Déployée en 2013, après que le nord du Mali fut tombé sous la coupe de djihadistes liés à al-Qaïda, la MINUSMA, qui compte environ 12 500 militaires et policiers, avait déjà perdu jusque-là plus de 160 Casques bleus, dont plus de 100 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des soldats de l’ONU tués pendant cette période dans le monde.
L’attaque de dimanche est la plus meurtrière pour l’ONU dans ce pays, toujours en proie à la menace djihadiste malgré plusieurs années d’intervention internationale.
La pire jusqu’ici, en octobre 2014, avait fait neuf morts dans le contingent nigérien, dont un convoi avait été attaqué près de Gao, dans le nord-est du pays.
Tout comme les Togolais, les Guinéens ou les Burkinabés, les Casques bleus tchadiens ont payé un lourd tribut : cinq morts dans l’explosion d’une mine près d’Aguelhoc en septembre 2014, puis cinq autres au cours d’une embuscade au nord de cette ville, en mai 2016.
En avril dernier, des tirs sur le camp d’Aguelhoc avaient également coûté la vie à deux Casques bleus tchadiens et en avaient blessé plusieurs autres.
Le représentant du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a immédiatement condamné une « attaque ignoble et criminelle ».
Elle « exige une réponse robuste, immédiate et concertée de toutes les forces pour anéantir le péril du terrorisme au Sahel », a-t-il estimé.
Dimanche matin, la ministre française des Armées, Florence Parly, a indiqué à la radio France Inter que la force antidjihadiste du G5 Sahel était « en train de reprendre ses opérations ».
Après une lente montée en puissance, cette force, constituée par cinq États du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) et qui doit atteindre 5000 hommes à son plein rendement, a connu un coup d’arrêt avec l’attaque de son quartier général le 29 juin, à Sévaré, dans le centre du Mali.
Par ailleurs, depuis le mois d’août, le Canada compte environ 250 militaires et huit hélicoptères à Gao pour réaliser des évacuations médicales et assurer un soutien logistique.
Les djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali au printemps 2012 ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.
Cependant, les violences djihadistes ont non seulement persisté, mais elles se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
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