La session d’été de la Knesset s’ouvre cette semaine ; après la trêve de Pessah, plusieurs dossiers économiques attendent les 120 députés israéliens. La fin de la trêve de Pessah et de Yom Haatsmaout a sonné pour les 120 députés israéliens. La session parlementaire d’été s’ouvre à Jérusalem ce 23 mai 2016 et elle se prolongera jusqu’au 7 août...
Cette session démarre alors que la coalition gouvernementale est dans la tourmente.
L’entrée du parti d’Avigdor Lieberman au gouvernement a provoqué des remous : la députée Orly Levy-Abecassis a démissionné de son groupe parlementaire (Israël Beiteinou), alors que le ministre de la Défense Moshé Yaalon (Likoud) a quitté son poste ministériel et la Knesset, sans même attendre d’être démis de ses fonctions au profit de Lieberman.
Dans ce contexte politique agité, les députés ont donc du pain sur la planche. Ils devront relever de nombreux défis économiques, comme la relance de la croissance, la reprise des exportations ou l’amélioration du niveau de vie. Les réformes inachevées devront être poursuivies dans des domaines variés comme la santé, l’immobilier ou le congé du dimanche.
En particulier, deux dossiers économiques lourds les attendent : la préparation du prochain budget qui sera bisannuel (2017 et 2018) et la poursuite de l’exploitation du gaz.
BUDGET BISANNUEL 2017-2018
Le prochain budget de l’Etat d’Israël sera bisannuel (on dit aussi biennal) c’est-à-dire qu’il s’étendra sur deux ans : 2017 et 2018. Ainsi en a convenu le Premier ministre avec son grand Argentier Moshé Kahlon, quelques jours avant l’ouverture de la nouvelle session parlementaire.
Profitant de la trêve parlementaire, Benyamin Netanyahou est parvenu à surmonter l’opposition des experts su Trésor à un budget bisannuel. Les députés qui se retrouvent aujourd’hui pour la session d’été, ont donc été mis devant le fait accompli, sans qu’ils aient pu émettre leur avis sur l’opportunité d’un budget qui couvrira deux années consécutives.
En prenant de court les députés, Netanyahou a réussi à faire taire les frondeurs du ministère des Finances avec, à leur tête, le directeur du budget, Amir Lévy. Celui-ci s’oppose farouchement à un budget bisannuel pour deux raisons principales : primo, l’expérience du précédent budget bisannuel en Israël (2011-2012) a révélé les disfonctionnements des prévisions sur une si longue période ; secundo, le seul pays au monde qui utilise un budget bisannuel est Bahreïn, ce qui n’est pas la preuve d’un comportement démocratique ni de finances publiques saines.
En revanche, le Premier ministre a réussi à obtenir le feu vert de la gouverneure de la Banque d’Israël, Karnit Flug. Celle-ci a levé son opposition à un budget bisannuel (« ce n’est pas un problème cardinal »), tout en soulignant qu’il pourrait rendre difficile toute réaction du gouvernement face à des changements imprévus.
Pour limiter les inconvénients d’un budget bisannuel, la gouverneure demande au gouvernement d’accroître la réserve budgétaire, de limiter ses engagements financiers à long terme et de faire preuve d’une plus grande souplesse budgétaire.
EXPLOITATION DU GAZ
Le second dossier lourd qui attendait les députés a été, provisoirement, résolu hier : l’accord controversé sur l’extraction du gaz naturel des champs offshores Tamar et Léviathan.
En faisant adopter par ses ministres une nouvelle version de l’accord gazier (sans la “clause de stabilité” rejetée par la Cour suprême), Netanyahou a évité de porter l’accord entier devant les députés.
Autrement dit, le gouvernement israélien a enlevé aux députés une « épine du pied » : reste à savoir si la Cour suprême avalisera cet amendement adopté en Conseil des ministres ou si elle exigera encore un vote de la Knesset ; ce que Netanyahou a voulu éviter à tout prix, craignant de ne pas trouver une majorité de députés qui l’approuve.
D’où la nécessité pour le Premier ministre israélien d’élargir son étroite majorité parlementaire ; ce qui sera chose faite avec l’entrée des 5 députés d’Israël Beiteinou dans la coalition. Fort de ses 66 députés (sur 120), le 35e gouvernement israélien disposera d’une marge de manœuvre sera plus large pour affronter les enjeux économiques et géopolitiques des deux années à venir.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
source Israel Valley