Vue d’Israël, la politique des taux bas de la Fed permet de soutenir l’activité, ce qui favorise aussi les échanges internationaux. Un relèvement des taux freinerait la baisse du dollar et provoquerait de nouveaux déséquilibres dans le commerce mondial...
Sans compter qu’une hausse des taux serait contraire à la politique républicaine prônée par Trump : homme d’affaires multimillionnaire, il fera tout pour que les États-Unis restent attractifs pour y faire des affaires ; et des taux d’intérêt bas contribuent à cette attractivité.
Reste à savoir comment Trump règlera les intérêts contradictoires des agents économiques, comme entrepreneurs, spéculateurs, consommateurs, importateurs et exportateurs, etc.
PROTECTIONNISME COMMERCIAL
Trump se définit comme un partisan de la libre-circulation des marchandises, mais il n’aime pas certains accords de libre-échange que son pays a signé. Ce qui fait qu’un des rares dossiers économiques qu’aborde le candidat Trump est celui de la protection des produits américains, notamment face aux importations chinoises. Il n’hésite pas à affirmer qu’il renégociera certains accords commerciaux (comme l’Accord de libre-échange nord-américain entré en vigueur en 1994) et qu’il imposera de nouveaux des tarifs douaniers sur les importations chinoises.
Résultat : le programme économique et les déclarations de Donald Trump contiennent des mesures protectionnistes qui ont le potentiel de nuire à l’économie américaine.
Et ses partenaires commerciaux aussi en souffrirait, notamment les pays qui vendent leurs marchandises aux États-Unis.
C’est le cas d’Israël : en 2015, les États-Unis ont absorbé des marchandises israéliennes pour un montant de 20 milliards de dollars, soit 30% des exportations israéliennes.
BAISSE DES IMPÔTS
Face à une certaine forme de protectionnisme commercial, Trump prône un libéralisme total dans les affaires ; il a promis abaisser le taux d’impôt sur le revenu de 39% à 25%, alors que l’impôt sur les sociétés serait ramené à 15%. Or Trump ne dit pas d’où viendra le financement du déficit énorme qui sera engendré par la baisse de la fiscalité. Une des solutions serait de réduire d’autant les dépenses publiques ; au contraire, Trump réaffirme qu’il veut augmenter certaines dépenses, notamment les infrastructures et les équipements militaires.
Selon les experts américains, la politique budgétaire libérale de Trump conduira à creuser le déficit public ; celui-ci passera de 3% du PIB aujourd’hui, à 10%. Cette fuite en avant se traduira par une crise financière sans précédent, crise qui se répercutera aussi sur les partenaires économiques des États-Unis, Israël compris.
EXPULSION DES IMMIGRANTS
Le candidat républicain veut également expulser tous les immigrants illégaux, soit environ 11 millions de personnes. La majorité d’entre eux sont employés dans les secteurs de l’agriculture et du commerce de détail. Pour ces entreprises, la perte d’une main d’œuvre bon marché entraînerait une augmentation des coûts de production qui pourrait leur être fatale.
Pour les pays clients des États-Unis (comme Israël), un renchérissement des produits importés aurait des conséquences fâcheuses.
Par exemple, un renchérissement des produits agricoles se répercuterait sur la facture que paie Israël pour ses importations agricoles : en 2015, Israël a acheté aux États-Unis pour 300 millions de dollars en produits alimentaires.
CONCLUSION : SAUT DANS L’INCONNUE
L’élection de Trump ferait entrer les États-Unis dans une période d’incertitude politique et d’instabilité économique qui se répercuteront sur l’économie mondiale et sur les marchés internationaux ; sans compter qu’une bonne partie des promesses du candidat Trump ne sont pas, ou difficilement, réalisables.
L’économie d’Israël est étroitement dépendante des États-Unis : pour son commerce, sa défense, ses finances, etc. L’élection de Trump pourrait l’entraîner dans une période d’incertitude économique, ce qui se traduirait certainement par un surcoût financier.
Certes, la possible élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis « ne serait pas une catastrophe pour l’économie américaine » comme vient d’affirmer le célèbre investisseur Warren Buffett. Il est vrai qu’Hillary Clinton n’apparaît pas comme un chef charismatique pour le monde libre et pour l’économie mondiale ; mais elle a au moins l’avantage d’être prévisible et réfléchie.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley