lundi 18 janvier 2016

Ce que va changer l’accord nucléaire avec l’Iran...



Le président iranien Hassan Rohani a salué hier l’ouverture d’une « nouvelle page entre son pays et le monde » après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire historique. Son homologue américain Barack Obama a appelé les Iraniens à tisser « de nouveaux liens avec le monde »...



La levée de la plupart des sanctions internationales imposées pendant des années à son pays est intervenue dès samedi. Et symboliquement, les libérations de quatre prisonniers irano-américains en échange de sept prisonniers iraniens, a donné des images et une émotion à ce moment historique.


Risque de tensions chiites-sunnites


« Aujourd’hui, le monde entier est plus sûr car la menace des armes atomiques a été réduite », s’est félicité le chef de la diplomatie américaine John Kerry. « L’accord n’est contre l’intérêt d’aucun pays. L’Iran n’est une menace pour aucun pays », a répondu Hassan Rohani.
Les monarchies sunnites du Golfe et Israël n’en croient pas un mot, élevant dés hier des protestations. Au delà du conflit religieux de l’islam, les pays arabes du Moyen-Orient perdent l’exclusivité de la relation avec l’Occident. Leur appui à la coalition anti Daech pourrait en être affecté.
Ceux qui abritent de fortes communautés chiites, souvent marginalisées, se raidissent déjà. Israël, qui préférait l’Iran au temps du Shah, est aussi, ne permettra pas à l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, comme l’a réaffirmé Benjamin Netanyahu.


Syrie : peu d’impact


L’Iran est déjà un allié contre Daech. En revanche, Rohani est resté un soutien indéfectible de Bachar Al Assad face à l’opposition sunnite. Vis-à-vis de son opinion, Rohani ne peut pas lâcher le maître de Damas. L’impact sur la guerre de Syrie restera donc marginal.


Economie : marché compliqué


« Maintenant que les sanctions ont été levées, il est temps de construire le pays », a déclaré le président Rohani avant de présenter au Parlement le premier budget de l’après-sanctions.
Des grandes entreprises occidentales étaient déjà dans les starting-blocks et pas seulement les négociants de caviar, de tapis et de pistaches, les trois spécialités du grand pays persan.
Infrastructures désuètes, sous-équipement automobile et aéronautique, marché de 79 millions d’habitants : le potentiel est réel à condition que le pétrole ne baisse pas davantage.
Mais il reste limité : la Chine et la Russie, et plus disertement le Japon, ont profité de l’embargo pour investir les marchés du pétrole et des automobiles. Nos constructeurs, qui ont une très bonne image à Téhéran, devront gagner leur place. En revanche, Siemens sur les machines-outils et Airbus ont posé des jalons.
Un prix du pétrole plus bas
La perspective d’un retour de l’Iran sur un marché pétrolier déjà saturé par une abondance de l’offre, a plombé les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe en forte chute hier (entre -6,5 % et -9 %). Le sous-sol iranien est le cinquième détenteur mondial de réserves.
L’embargo a permis de les préserver. Pour retrouver des liquidités, Téhéran, même à prix bas devra lâcher des barils sur le marché. Avantage : les prix à la pompe vont rester bas. Inconvénient : des pays vont encore souffrir et la tension au Moyen-Orient va remonter.


Source Le Republicain Lorrain