mercredi 9 septembre 2015

" Zéro Motivation " de Talya Lavie : critique....

 
Véritable succès en Israël en 2014, Zéro motivation est le premier long métrage réalisé par Talya Lavie. Il a été nommé dans de nombreuses catégories aux Ophirs (équivalent des César) et récompensé par le Prix du meilleur film au Festival de Tribeca. La réalisatrice nous emmène ici au sein d’une unité non-combattante de l’armée Israélienne où de jeunes appelées doivent servir, à leur grand dam...


Elle nous propose un récit entre drame et comédie, au travers de la vie quotidienne de cette unité administrative de la jeunesse israélienne. Sans jamais quitter ce camp militaire et ces bureaux administratifs, Zéro Motivation nous tient en haleine sans avoir de moments de faiblesse.
Le récit est centré particulièrement sur deux des jeunes filles, Zohar et Daffi. La première compte sur l’amitié et les liens tissés avec la seconde pour tenir bon jusqu’à leur renvoi à la vie civile, tandis que cette dernière ne rêve que d’une chose : être mutée à Tel-Aviv pour finir son service dans un cadre plus à son goût. Par le prisme de ces deux personnages, Zéro Motivation dévoile le point de vue d’une jeunesse que la guerre n’intéresse pas ou plus, entre lassitude et désintéressement.
Ces adolescentes officient sous les ordres de Rama, une femme plus âgée qui aimerait devenir officier de carrière. C’est par son biais, moins insouciant, que se reflètent davantage les inquiétudes de la population face au conflit israélo-palestinien.

Talya Lavie


Ces deux regards sur les événements se confrontent et se frictionnent tout au long du récit dévoilant un autre conflit, plus générationnel. Talya Lavie construit habilement l’ensemble, entre cette jeunesse qui rêve de s’épanouir près des zones dynamiques d’Israël et gérer les préoccupations de leur âge (histoires d’amour, de sexe et d’amitié), et la génération précédente totalement inhibée par le conflit géopolitique.
Si Zéro Motivation traite frontalement de sujets graves, comme le suicide ou le viol, on peut déceler une volonté intéressante chez Talya Lavie de dédramatisation. Cette comédie dramatique prend davantage la forme d’un ‘high school movie’ centré sur un lycée avec ses clichés classiques du genre disputes entre meilleures amies, coups de cœurs et bêtises exutoires, qu’à un film à proprement dit sur l’armée.

Car finalement peu d’informations sur le service militaire sont exposées. Les adolescentes évoluent différemment selon leurs expériences, mais à l’instar du personnage de Daffi, elles restent ce qu’elles sont malgré les tentatives de formatage de l’armée et de leurs supérieurs. Zéro Motivation sonde ainsi en douceur et avec légèreté l’évolution de la société israélienne. La bande son est assez discrète et se contente de suivre les oscillations émotionnelles des personnages.
Talya Lavie parvient à nous procurer un moment agréable tout en offrant un point de vue intéressant sur une situation conflictuelle trop souvent perçue à travers les médias. Zéro Motivation est distribué dans une seule salle à Paris, exclusivement au cinéma Le Nouvel Odéon, l’occasion alors de découvrir ce premier long métrage qui ouvre une nouvelle fenêtre avec une vue rafraichissante et insolite.

ZERO MOTIVATION écrit et réalisé par Talya Lavie en salles depuis le 19 août 2015.
Avec : Dana Ivgy, Nelly Tagar, Shani Klein, Yuval Segal.
Production : Guy Jacoel, Yochanan Kredo, Yossi Uzrad.
Photographie : Yaron Scharf.
Montage : Arik Leibovitch.
Costumes : Yael Kredo.
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h40



 
Source Cine Chronicle