lundi 21 septembre 2015

Avant Kippour, un casse-tête politico religieux gêne le Ministère de l’Agriculture


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Polémique. Le ministère de l’Agriculture vient de se rendre compte que la tradition des Kapparot est devenue illégale en Israël, il y a 55 ans déjà. À la veille de Kippour, un nouveau casse-tête politico religieux embarrasse le ministère de l’Agriculture. Au centre de cette nouvelle polémique : le rite juif des Kapparot...




Un débat houleux a eu lieu, à la mi-août, au sein de la commission de l’Économie de la Knesset ; les députés du parti juif orthodoxe Judaïsme de la Thora ont même menacé de démissionner de la coalition gouvernementale déjà étroite.
Rappelons qu’il est de coutume d’accomplir le rite des Kapparot (expiation symbolique des péchés) à l’approche de Kippour. Ce rite s’accomplit en faisant tourner un poulet, vivant, trois fois au-dessus de la tête d’une personne (un coq pour un homme et une poule pour une femme), en récitant un texte rituel. La volaille est ensuite abattue, et sa valeur monétaire est donnée aux pauvres.


COUTUME CONTROVERSÉE


C’est une loi de 1960 qui est à l’origine de la colère des parlementaires juifs orthodoxes. Cette loi encadre strictement l’abattage des volailles qui n’est autorisé qu’à l’intérieur des abattoirs officiels ; l’abattage sur la place publique, comme les marchés ou les boucheries, est donc interdite par la loi de 1960. D’où l’embarras des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture qui se sont endormis sur leurs gardes.
Ces dernières années, la coutume est devenue de plus en plus controversée en raison des arguments soulevés par les associations de protection des animaux : les Kapparot feraient souffrir inutilement les poulets, qui sont laissés pendant des heures et même des jours, dans de petites cages, souvent sans eau ni nourriture et sous le soleil.


LAXISME DE L’ÉTAT


Depuis 1960 donc, la pratique des Kapparot est hors-la-loi par la législation israélienne. Ce qui ne l’a empêché de se perpétuer, notamment en raison du laxisme de l’État ; et en particulier de l’inaction affichée par les inspecteurs des services vétérinaires qui dépendent de deux ministères, l’Agriculture et la Santé.
Aujourd’hui, le ministère de l’Agriculture voudrait publier une nouvelle directive pour autoriser les Kapparot en dehors des abattoirs, durant la période de dix jours qui va de Roch Hachana à Kippour.
Des prérogatives pourraient être octroyées aux maires pour règlementer les Kapparot dans leurs municipalités.


KAPPAROT CLANDESTINES


En attendant de conclure un accord, le ministère de l’Agriculture a publié, il y a quelques jours, un encart publicitaire dans les grands quotidiens du pays : les Israéliens étaient appelés à « éviter la pratique des Kapparot » et à préférer, à sa place, la pratique de la Tsédaka, c’est-à-dire d’effectuer un don à des pauvres sans égorger un poulet.
En attendant que les partis de la coalition gouvernementale se mettent d’accord pour « blanchir » un rite millénaire, les Kapparot seront encore pratiquées « clandestinement ». Rendez-vous à Kippour de la prochaine année juive, en 5777.


Jacques Bendelac (Jérusalem)


Source Israel Valley