jeudi 19 février 2015

Des centaines de milliers d'Argentins rendent hommage au procureur Nisman

Des centaines de milliers d'Argentins ont marché dans les rues de Buenos Aires le 18 février 2015 en hommage au procureur Alberto Nisman.
 
À Buenos Aires, des centaines de milliers de personnes ont marché silencieusement sous la pluie, en hommage au procureur Alberto Nisman, mort il y a un mois dans des circonstances nébuleuses. La foule, composée principalement de couples et de personnes âgées issues des classes moyennes et aisées, répondait ainsi à l'appel de six procureurs. L'ex-femme d'Alberto Nisman, la juge Sandra Arroyo Salgado, et leurs deux filles de 15 et 7 ans, étaient également présentes...

 
Alberto Nisman a été retrouvé mort le 18 janvier dans la salle de bain de son appartement verrouillé de l'intérieur, une balle dans la tête et une arme à portée de la main.
Le procureur enquêtait depuis 2004 sur l'attentat à la voiture piégée de juillet 1994 contre un centre de la communauté juive de Buenos Aires qui avait fait 85 morts et 300 blessés.
Présenté comme proche des États-Unis et d'Israël, Alberto Nisman assurait détenir la preuve que la présidente et de hauts fonctionnaires avaient couvert les auteurs iraniens de l'attentat, en échange d'accords commerciaux. Un projet de mandat d'arrêt visant la présidente argentine Cristina Fernández Kirchner a par ailleurs été retrouvé au domicile du procureur, qui accusait la présidente d'entrave à la justice.
Le lendemain de sa mort, Alberto Nisman devait justement présenter les preuves de ses affirmations devant le Congrès, recensées dans un document de près de 300 pages et étayées d'écoutes téléphoniques.
La semaine dernière, le procureur fédéral du pays, Gerardo Pollicita, a par ailleurs demandé l'ouverture d'une enquête sur Mme Kirchner et son ministre des Affaires étrangères fondée sur ces allégations.

Une mobilisation « putschiste »

Les partisans du gouvernement Kirchner contestent l'implication de la présidente dans cette affaire et dénoncent plutôt les liens entre le procureur Nisman et un responsable des services secrets, Antonio Jaime Stiuso, écarté par Mme Kirchner en décembre. Selon eux, il aurait manipulé le magistrat pour nuire à la présidente.
Le gouvernement a par ailleurs qualifié la mobilisation qui s'est déroulée dans les rues de Buenos Aires de « putschiste ». Il soutient que les accusations du procureur Nisman avaient pour but d'impliquer l'Argentine dans le conflit au Moyen-Orient.
Dans une intervention retransmise à la télévision avant la manifestation, la présidente a déclaré : « Je vous demande de bien ouvrir les yeux. Je ne parle pas de conspiration [mais] il s'agit d'un monde d'intérêts géopolitiques ».
 

Source Radio Canada