Les galeries souterraines creusées par le Hamas sont la priorité de l’opération terrestre lancée le 17 juillet par l’armée israélienne, mais aussi une source de ravitaillement pour les Gazaouis malgré le blocus. La décision de réoccuper Gaza n'a pas été prise." A en croire le ministre de la Sécurité publique israélien, l'offensive terrestre entamée par l'armée israélienne dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 juillet n'est qu'une opération temporaire, même si Benyamin Nétanyahou s'est dit prêt à l'"élargir de manière significative"...
Depuis le début des frappes aériennes, le 8 juillet, l'objectif affiché est le même : mettre le Hamas hors d'état de nuire aux Israéliens. Mais Tsahal semble avoir estimé que les frappes aériennes ne suffiraient pas pour détruire un des atouts principaux du mouvement palestinien : son réseau de souterrains, que le Premier ministre a surnommé les "tunnels de la terreur".
Une attaque souterraine déjouée le 17 juillet
C'est une attaque du Hamas qui semble avoir convaincu Israël de frapper ces tunnels, ou du moins lui avoir fourni le prétexte parfait. Dans la journée qui a précédé l'offensive terrestre, 13 combattants du Hamas pénètrent en Israël en empruntant un de leurs souterrains, à proximité d'un kibboutz. Repérés, ils sont repoussés par des soldats et l'armée de l'air avant de rebrousser chemin. Pour le porte-parole de l'armée, c'est "une attaque terroriste majeure" qui vient d'être déjouée.
Il faut dire que le réseau souterrain du Hamas a de quoi inquiéter Israël. "Des dizaines de tunnels parcourent la bande de Gaza, affirme Tsahal. Il s'agit d'un réseau sophistiqué, très bien entretenu, qui relie des ateliers de construction de roquettes, des rampes de lancement et des postes de commandement." A une vingtaine de mètres sous terre, ils sont parfois équipés du téléphone et de l'électricité. Les galeries, dont la construction peut prendre des années, sont devenues une fierté pour le Hamas, expliquait un ancien responsable de l'armée israélienne au journal Haaretz. Une de ces galeries, découverte par l'armée israélienne en 2013, est visible dans cette vidéo (non sous-titrée) de la chaîne américaine CNN.
Contrebande avec l'Egypte
Certains tunnels aboutissent en plein territoire israélien. Des habitants du sud du pays affirment même entendre des bruits de forage la nuit sous le sol de leurs maisons. Les responsables de l'armée israélienne craignent donc que le Hamas utilise ce réseau pour lancer des attaques en contournant le dispositif de sécurité qui borde la bande de Gaza. En 2006, c'est par ces tunnels que s'étaient évaporés les ravisseurs du soldat israélien Gilad Shalit.
Pourtant, ces tunnels n'avaient, au départ, pas une vocation militaire. Ils apparaissent en 1979 quand la ville de Rafah est divisée en deux : une moitié dans le sud de la bande de Gaza, l'autre moitié sous contrôle égyptien. Les tunnels relient alors les deux côtés de la frontière, et servent à transporter des marchandises de contrebande, voire de la drogue. Un rôle de contrebande qui s'est renforcé depuis 2007 et la mise en place d'un blocus de Gaza par l'Egypte et Israël, en réaction à l'élection du Hamas à la tête de la région. Depuis, les tunnels se sont multipliés, essentiellement à la frontière avec l'Egypte, et sont devenus un lien vital avec l'extérieur. Une partie d'entre eux, les plus secrets, sert aussi à acheminer des combattants et des armes pour le Hamas.
1 400 tunnels détruits par les Egyptiens
Un réseau qui s'est grandement affaibli en 2013, quand le nouveau pouvoir égyptien, hostile au Hamas, décide de s'attaquer aux tunnels. Près de 1 400 d'entre eux sont bouchés entre 2013 et mars 2014, selon l'armée égyptienne. Un chiffre qui témoigne de l'étendue du réseau. Depuis, l'approvisionnement de Gaza en nourriture, en matériaux de construction ou encore en carburant s'est fortement compliqué, affaiblissant aussi le Hamas.
Pour le site américain Vox, l'objectif officiel de l'opération militaire israélienne ces dernières semaines - affaiblir les infrastructures du Hamas - pourrait signifier qu'elle souhaite ne pas s'attaquer uniquement aux tunnels qui mènent en Israël, comme annoncé, mais bien à la totalité du réseau, y compris les tunnels que l'Egypte "pourrait avoir manqués". De quoi rendre encore plus pesant le blocus sur Gaza et, peut-être, porter un coup fatal au Hamas.
Source France TV Info