Ce mardi matin, le site du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de Maine-et-Loire affichait une drôle de une. Le portrait de Khaled Mechaal, le chef politique du Hamas, présentant dans un texte des excuses au peuple palestinien : « Nous avons envoyé 2 000 missiles en Israël pour faire un maximum de morts civils, mais leur Dieu détourne à chaque fois nos missiles. »...
Le site de la section départementale a été piraté. L’attaque n’est pas anonyme : elle est signée « Ulcan », sur fond de drapeau israélien, et revendiquée sur Twitter par ce même Ulcan.
Le NPA paie le prix de son engagement pro-palestinien, et il n’est pas le seul.
Dans la nuit de lundi à mardi, cet « Ulcan » a détourné les unes de plusieurs autres sites ayant peu ou prou à voir avec la Palestine : la branche armée du Fatah, un « journal électronique communiste », un site libertaire belge... Avec, à chaque fois, un message explicatif :
« Site hacked by Ulcan !
Stoppez vos mensonges à propos d’Israël !
Nous avons le droit de nous défendre !
Nous préférons vos condamnations à vos condoléances !
Nous possédons un seul petit pays, 0,3% du Moyen-Orient !
Qui sont les colons ?
Big up à nos soldats
Et aux habitants du Sud.
Ulcan from Ashdod. »
Stoppez vos mensonges à propos d’Israël !
Nous avons le droit de nous défendre !
Nous préférons vos condamnations à vos condoléances !
Nous possédons un seul petit pays, 0,3% du Moyen-Orient !
Qui sont les colons ?
Big up à nos soldats
Et aux habitants du Sud.
Ulcan from Ashdod. »
Capture d’écran du site libertaire Divergence.be
Sur son compte Twitter, où il recense ses faits d’armes, Ulcan se présente comme un « militant sioniste ». Gregory Chelli, de son vrai nom, a 31 ans.
Il semble toujours utiliser le même mode opératoire. Après avoir repéré les portails utilisant le logiciel Spip, il profite d’une faille de sécurité pour s’attribuer le contrôle total du site.
« C’est du beau travail », commente ironiquement l’Association universitaire pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip). Piraté dans la nuit de dimanche à lundi, son site est encore en maintenance. Il hébergeait une pétition de protestation contre l’action de l’armée israélienne à Gaza et les interdictions de manifester en France.
Le site du député du Cher Yann Galut, l’un des rares parlementaires socialistes à avoir appelé à manifester en soutien à Gaza, a également été piraté. Contactée par Rue89, son équipe refuse tout commentaire :
« On ne veut surtout pas faire de pub à cet homme. »
Attaquer Rohff pour venger Booba
Dans le milieu, Ulcan est connu pour « taper sur tous ceux qui l’énervent », commente un hacker qui souhaite rester anonyme. Dans sa bio Twitter, il revendique le piratage du site de Dieudonné et la diffusion des noms, prénoms, e-mails et adresses des abonnés au site.
Le hacker est le créateur et administrateur principal de ViolVocal.
Le nom de ce site rend hommage à sa débilité. Le principe de ViolVocal : les canulars « hardcore ». Exemple type : appeler une mère de famille pour lui annoncer la (fausse) mort de sa fille, avant de la traiter de « pute ».
Sur ViolVocal, le micro et la webcam tournent entre les participants.
Lundi soir, aux alentours de 21 heures, Ulcan se produisait. J’étais moi-même connecté au tchat, mais Ulcan n’a pas souhaité répondre à mes sollicitations par tchat et sur Twitter.
Son objectif : récupérer les informations judiciaires contenues dans le fichier Stic du rappeur Rohff, pour lui faire payer l’agression de deux vendeurs de la marque de Booba. Tous en sont persuadés sur le tchat : Booba est de confession juive, il convient donc de lui faire justice.
Tout d’abord, les participants au tchat recherchent le nom complet, la date et le lieu de naissance de Rohff sur Wikipédia. Ulcan appelle ensuite un commissariat au hasard et se fait passer pour un officier de la BAC.
« Tu me passes les résultats, OK ? »
Sur ce terrain, Ulcan est convaincant. En multipliant les tutoiements, il parvient à récupérer les condamnations d’un certain Housni Mkouboi – le vrai nom de Rohff. Pas de bol, il s’agit d’un homonyme.
Rappelé à l’ordre par l’un de ses collègues, celui qui serait donc un officier, au bout du fil, commence à se méfier. Réaction d’Ulcan entre deux flopées d’insultes :
« Tu vas perdre ton poste, t’en penses quoi ? Si tu dis pas tout, tout de suite, j’appelle les bœufs-carottes [l’IGPN, la police des polices, ndlr]. Tu me passes les résultats, OK ? »
La scène finit de manière burlesque. Le micro se fait l’écho de quelqu’un qui frappe à la porte de la pièce où Ulcan se trouve : son père, explique-t-il aux internautes. Le hacker met fin à la conversation. Les « MDR » (mort de rire) et « FDP » (fils de pute) inondent le tchat.
Son parcours judiciaire
Gregory Chelli est déjà connu des services de police :
en 2009, il participe au saccage de la librairie militante Résistances, à Paris, au nom de la LDJ (Ligue de défense juive). Surveillé par les services de renseignements, il est interpellé moins d’une semaine après.
Le webmaster est condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour « violence commise en réunion » et « dégradation ou détérioration du bien d’autrui » par la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris, en juillet 2009.
L’avocat qui le défendait à la barre était le Franco-Israélien Gilles-William Goldnadel, conseil notamment de Patrick Buisson et membre très à droite du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ;
Dimanche, une plainte a été déposée à son encontre par Sihem Souid, auteure du livre « Omerta dans la police » (éd. Le Cherche-Midi, octobre 2010), pour menaces de mort et injures envers elle et sa fille de 12 ans.
Il a revendiqué la création du site Souid-Sihem.com, qui multiplie les insultes et les menaces à l’encontre de la fonctionnaire de police détachée au ministère de la Justice.
Selon ses tweets, Ulcan est actuellement à Ashdod, en Israël.Son objectif : récupérer les informations judiciaires contenues dans le fichier Stic du rappeur Rohff, pour lui faire payer l’agression de deux vendeurs de la marque de Booba. Tous en sont persuadés sur le tchat : Booba est de confession juive, il convient donc de lui faire justice.
Tout d’abord, les participants au tchat recherchent le nom complet, la date et le lieu de naissance de Rohff sur Wikipédia. Ulcan appelle ensuite un commissariat au hasard et se fait passer pour un officier de la BAC.
« Tu me passes les résultats, OK ? »
Sur ce terrain, Ulcan est convaincant. En multipliant les tutoiements, il parvient à récupérer les condamnations d’un certain Housni Mkouboi – le vrai nom de Rohff. Pas de bol, il s’agit d’un homonyme.
Rappelé à l’ordre par l’un de ses collègues, celui qui serait donc un officier, au bout du fil, commence à se méfier. Réaction d’Ulcan entre deux flopées d’insultes :
« Tu vas perdre ton poste, t’en penses quoi ? Si tu dis pas tout, tout de suite, j’appelle les bœufs-carottes [l’IGPN, la police des polices, ndlr]. Tu me passes les résultats, OK ? »
La scène finit de manière burlesque. Le micro se fait l’écho de quelqu’un qui frappe à la porte de la pièce où Ulcan se trouve : son père, explique-t-il aux internautes. Le hacker met fin à la conversation. Les « MDR » (mort de rire) et « FDP » (fils de pute) inondent le tchat.
Son parcours judiciaire
Gregory Chelli est déjà connu des services de police :
en 2009, il participe au saccage de la librairie militante Résistances, à Paris, au nom de la LDJ (Ligue de défense juive). Surveillé par les services de renseignements, il est interpellé moins d’une semaine après.
Le webmaster est condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour « violence commise en réunion » et « dégradation ou détérioration du bien d’autrui » par la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris, en juillet 2009.
L’avocat qui le défendait à la barre était le Franco-Israélien Gilles-William Goldnadel, conseil notamment de Patrick Buisson et membre très à droite du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ;
Dimanche, une plainte a été déposée à son encontre par Sihem Souid, auteure du livre « Omerta dans la police » (éd. Le Cherche-Midi, octobre 2010), pour menaces de mort et injures envers elle et sa fille de 12 ans.
Il a revendiqué la création du site Souid-Sihem.com, qui multiplie les insultes et les menaces à l’encontre de la fonctionnaire de police détachée au ministère de la Justice.
Source Le Nouvel Observateur