mercredi 25 juin 2014

Gvahim : Trouver le métier de ses rêves en Israël

 
Beaucoup ont laissé derrière eux une carrière réussie et une rémunération attrayante dans des domaines tels que le droit, l’immobilier ou le marketing. Comment certains immigrants arrivent-ils à surmonter les barrières linguistiques et culturelles afin d’accéder à un marché de l’emploi que beaucoup Israéliens trouvent eux-mêmes intimidant ? A en croire le Bureau central de la statistique et l’Agence israélienne pour l’emploi, le marché du travail en Israël est florissant. Pour autant, il reste peu aisé de trouver un travail correctement rémunéré. Pour les nouveaux immigrants, la tâche est beaucoup plus difficile mais cela ne décourage pas certains à tenter leur chance en laissant derrière eux une carrière réussie à l’étranger...

Michael Friedlander a 41 ans. Il a dirigé dans le domaine de la finance une équipe dans l’une des plus grandes sociétés foncières du Brésil. En arrivant en Israël, sa plus grande difficulté fût de se construire un réseau professionnel. « Quand vous n’avez pas fréquenté le même lycée ou que vous n’avez pas servi dans la même unité, la progression professionnelle est différente ». 
Il a fallu environ huit mois à Michael Friedlander pour trouver un poste d’analyste chez Amdocs grâce à un programme de développement de carrière proposé par l’association Gvahim. Le service comprend des ateliers permettant un décryptage du marché local de l’emploi, les conseils avisés de consultants en ressources humaines et l’encadrement par des professionnels du domaine d’activité concerné.
“Une recommandation professionnelle vaut mieux que l’envoi de 1000 CV,” explique Michael. “En outre, il est toujours bon d’obtenir le soutien de quelqu’un qui est déjà passé par ce processus : il vous aide à faire face à la bureaucratie”.
Aujourd’hui, Michael vit à Raanana avec son épouse Keren, qui a elle aussi effectué son Alyah en provenance du Brésil. « La décision de faire l’Alyah n’a pas toujours été facile. Ma principale motivation résidait dans le fait que c’est ici que je veux pouvoir élever mes enfants. Je crois sincèrement qu’il est possible de faire une carrière en Israël comme il est possible de le faire à l’étranger, bien que la route soit longue et les difficultés omniprésentes ».
Gvahim a été fondé en 2006 par la Fondation Rashi. L’objectif est de placer les nouveaux immigrants diplômés de l’enseignement supérieur dans des emplois de haut niveau. Selon Mickael Bensadoun, Directeur de l’organisation : « Le plus grand inhibiteur de l’alya est la crainte de ne pas trouver aisément du travail. En conséquence, l’économie israélienne perd une main-d’œuvre de haut niveau disposant d’une véritable expérience professionnelle et d’un réseau de contact international.
Tous les domaines d’activités ne connaissent pas la même fortune. "Les programmeurs et les ingénieurs n’ont par exemple pas vraiment besoin de notre aide, mais il est plus difficile de trouver un emploi dans des domaines tels que le droit ou l’administration des affaires ».
Selon les chiffres de Gvahim, 5400 personnes ont immigré en Israël au cours de ces deux dernières années. Environ 45 pour cent des immigrants peuvent-être définis comme «hautement qualifiés», en d’autres termes, possédant une expérience professionnelle et ayant suivi plus de 15 ans d’études. Parmi eux, 17% évoluent dans le secteur de l’ingénierie et des sciences, 16% dans le monde des affaires, 11% dans celui des sciences sociales et des sciences humaines, 8% ont une formation médicale et 7% sont avocats ou comptables.
Mickael Bensadoun explique que son organisation travaille avec plus de 400 entreprises, tout secteurs confondus et avec l’objectif de satisfaire les nouveaux immigrants en matière de stages et emplois. Sur les 750 personnes ayant participé au programme de Gvahim, 300 d’entre eux ont trouvé du travail par ce biais. Selon la société McKinsey, en 2014, 80% des participants du programme Gvahim ont trouvé à son terme un poste de premier rang. 128 personne ont également pu avoir accès à un stage via le programme.
Esther Krief Dahan a 27 ans. Elle s’est spécialisée dans la science des aliments. Avec l’aide de Gvahim, elle a trouvé un stage au sein de l’entreprise agro-alimentaire Galam. La société lui a ensuite proposé un emploi. «Le stage m’a permis de m’enrichir professionnellement, d’apprendre l’hébreu et de découvrir la richesse du pays. Que ce stage ait débouché sur une offre d’emploi a naturellement favorisé ma décision de faire l’aliya ».
Né en France, le Directeur de Gvahim, Mickael Bensadoun, a lui-même eu du mal à trouver du travail quand il a immigré en Israël en 2001, un diplôme de maîtrise en relations internationales de l’Université de Columbia en poche. Après un doctorat en sciences politiques en Israël, son souhait était de travailler pour le Ministère des Affaires Étrangères. Mais Mickael a eu du mal à trouver un emploi débouchant sur un salaire décent et envisagea même de retourner en France.
“J’étais face à des difficultés concrètes : ne connaissant personne, j’étais également confronté à un véritable fossé culturel et linguistique” se souvient-il. “En France, les relations professionnelles sont emprunts de pudeurs. Ici, si vous ne savez pas vous vendre, vous ne trouverez jamais du travail”. 
Mickael réussit finalement à trouver un emploi avec la Fondation Rashi, et l’aide d’un parent éloigné, rencontré par hasard. “Il est aisé de s’en sortir lorsqu’une opportunité se présente. Mais quelqu’un doit tout d’abord vous l’offrir”.

Avner Myers


Source Israel Valley