Le milliardaire chinois Li Ka-shing a investi 130 millions de dollars pour créer, dans le sud de la Chine, une filiale de l'Institut israélien de technologie. Explication : 70% des ingénieurs qui ont permis à Israël de devenir une nation de start-up en sont issus. Fascinés par la haute technologie israélienne, les Chinois ont décidé de transférer un de ses fleurons, clés en main, chez eux. Le milliardaire Li Ka-shing, patron de Hutchison Whampoa, l'homme le plus riche d'Asie avec une fortune estimée à 28 milliards de dollars, n'a pas hésité à mettre cet automne 130 millions de dollars sur la table pour créer, dans l'empire du Milieu, une filiale du Technion, l'Institut technologique de Haïfa, au nord d'Israël.
Un choix bien réfléchi : 70 % des ingénieurs qui ont permis à Israël de devenir une « nation de start-up » ont été formés dans cet établissement qui compte parmi ses professeurs trois lauréats du prix Nobel de chimie.
La qualité et la palette de diplômes délivrés ont convaincu des multinationales telles qu'Intel, Microsoft, Google, Motorola, Hewlett Packard ou Alcatel Lucent d'implanter en Israël des centres de recherche et de développement.
Le secret pour former 50.000 élèves ?
Cet institut a trouvé la formule magique qui permet d'obtenir une fusion des sciences et des technologies avec le souci constant de coller en permanence aux besoins des entreprises. Et les résultats ont été au rendez-vous : le Technion occupe la 26e place dans le monde parmi les universités pour les capitaux mobilisés (403 millions de dollars) destinés au financement de start-up créées par d'anciens élèves.
Et puis, autre garantie de sérieux, cet institut technologique de haute volée figure en bonne place dans le hit-parade, établi par l'université de Shanghai, des 100 meilleures universités dans le monde. Dans le secteur des sciences de l'informatique, le Technion enregistre sa meilleure performance en décrochant la 18e place. L'établissement se veut également réactif : quelques mois à peine après la découverte d'importants champs gaziers en Méditerranée au large des côtes israéliennes, l'institut se lançait déjà dans la formation d'ingénieurs spécialisés dans ce secteur !
Un intérêt venu de Chine
Ces atouts expliquent l'intérêt suscité chez le milliardaire chinois. D'autant que le Technion est loin d'être un centre de recherche et de développement inconnu pour Li Kashing : il a déjà gagné gros en misant sur la « high-tech » israélienne. Une partie de sa contribution à la création d'une filiale chinoise du Technion provient d'ailleurs des retombées sonnantes et trébuchantes de la vente par Horizon Ventures, sa société de capital-risque, de sa participation dans Waze, une application facilitant la circulation des automobilistes, vendue en 2013 pour 1,1 milliard de dollars à Google.
Auparavant, Li Ka-shing avait pris, en 1999, une participation majoritaire dans Partners Communications, un opérateur de téléphonie mobile qu'il a revendu avec profit dix ans plus tard. Le fonds Horizon Ventures détient, en outre, un portefeuille de participations dans sept autres sociétés de haute technologie israéliennes. Li Ka-shing espère désormais dupliquer ces succès dans son pays.
« Un exemple pour les universités chinoises »
La filiale chinoise ne devrait rien avoir à envier à sa « maison mère ». Le nouvel établissement sera installé dans la province du Guangdong, dans le sud du pays, près de la ville de Shantou, les deux collectivités ayant prévu d'investir 147 millions de dollars pour la construction des futures installations d'un campus de 330.000 m2.
Dans un premier temps, le futur Technion chinois se spécialisera dans les sciences de l'informatique et de l'ingénierie environnementale, ainsi que dans les sciences de la vie, notamment la biotechnologie. Les frais annuels de scolarité devraient atteindre les 16.000 dollars par étudiant.
L'anglais sera la langue d'enseignement et les professeurs seront recrutés par des chasseurs de têtes parmi les chercheurs et les scientifiques employés dans des universités partout dans le monde. Durant la période de transition, avant que les installations ne soient achevées, un premier contingent de 40 étudiants chinois suivra un cursus de deux ans à Haïfa. Les étudiants rentreront ensuite au pays pour leur troisième année. À plus long terme, la filiale chinoise élargira ses activités à l'ingénierie aéronautique.
« Dans un monde où les frontières ne cessent de bouger, le pouvoir fascinant de la technologie ressemble à une baguette magique en offrant de nouvelles solutions et de nouvelles frontières à un rythme qu'il est difficile de suivre », affirme Li Ka-shin.
« Le Technion chinois va s'intégrer dans un parc industriel qui constituera un tremplin pour les entreprises israéliennes qui tenteront de pénétrer le marché chinois », souligne un de ses collaborateurs.
« Ce que le Technion a accompli pour faire avancer l'économie israélienne par l'intermédiaire de ses étudiants et équipes de recherche, constitue un exemple à suivre pour les universités chinoises », estime pour sa part le professeur Gu Peiha, un des responsables de l'université de Shantou.
Du côté israélien, on se frotte les mains
Cette nouvelle opération couronne des années d'ouverture sur le monde. Chaque année, le Technion reçoit quelque 6.000 visiteurs étrangers, parmi lesquels plus de deux délégations chinoises par semaine, qui viennent faire la tournée des classes et tenter de comprendre le modèle.
« À terme, soulignait récemment le professeur Arnon Bentur, président du département international du Technion, nous allons former des centaines, voire des milliers d'élèves qui auront ensuite des postes clés et deviendront autant d'ambassadeurs » de la haute technologie israélienne.
Détail important : le Technion n'est pas le seul établissement israélien à susciter l'engouement des Chinois. Au début de l'été, un accord a été signé entre l'université de Tel-Aviv et celle de Tsinghua, à Pékin. Il prévoit des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars dans la création d'un institut de recherche centré sur les sciences de la vie et la nanotechnologie...
Source La Tribune