Israël a adopté lundi 24 février un projet de loi controversé qui, pour la première fois, fait la distinction entre les citoyens arabes de confession musulmane et ceux d'obédience chrétienne, suscitant des protestations palestiniennes. Le texte approuvé lundi par la Knesset (Parlement israélien) élargit la Commission nationale sur l'égalité des chances dans l'emploi de cinq à 10 membres, accordant des sièges distincts à des représentants des travailleurs chrétiens et musulmans de la communauté arabe israélienne.
"Nous avons beaucoup en commun avec les chrétiens. Ils sont nos alliés naturels, un contrepoids aux musulmans qui veulent détruire le pays de l'intérieur", a déclaré le parrain de ce projet de loi, Yariv Levin, du parti Likoud (droite nationaliste) du Premier ministre Benjamin Netanyahu, cité par les médias.
La nouvelle loi prévoit également des sièges réservés à la communauté druze, aux juifs ultra-orthodoxes et aux immigrés juifs d'Ethiopie, des communautés où le taux de chômage est supérieur à la moyenne.
Un député arabe israélien de la Knesset a dénoncé un texte empreint d'un "sectarisme sans précédent". "Il s'agit d'une manœuvre politique de l'extrême droite", a expliqué Basel Ghattas, un chrétien grec orthodoxe.
Le texte a également été dénoncé par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). "Nous rejetons cette loi", a affirmé dans un communiqué Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l'OLP, déplorant qu'elle cherche "à créer une nouvelle réalité au sein de notre peuple sur une base religieuse au lieu de se fonder sur l'identité nationale".
Les Arabes israéliens sont les descendants des 160.000 Palestiniens restés sur leur terre après la guerre qui a conduit à la création d'Israël en 1948. Cette communauté compte aujourd'hui plus de 1,4 million de personnes, soit 20% de la population totale.
Israël - qui bénéficie du soutien idéologique et financier des chrétiens évangélistes sionistes, en particulier américains - s'efforce de jouer la carte de la division entre arabes chrétiens et musulmans dans le conflit israélo-palestinien, selon les adversaires du projet de loi.
Ce texte a été approuvé trois mois avant le premier voyage en Terre sainte du pape François, qui doit se rendre en Jordanie, à Bethléem (Judée-Samarie) et à Jérusalem du 24 au 26 mai prochain.
Source Le Nouvel Observateur