"Tek millet, iki devlet". Depuis la fin du mois de septembre, ce slogan refait surface en Turquie.
Signifiant "Une nation, deux États", il témoigne du soutien turc à l’Azerbaïdjan dans sa guerre avec l’Arménie, les deux pays se disputant la région du Haut-Karabagh, territoire revendiqué par chacune des parties prenantes au conflit. Vendredi dernier, cette devise a été reprise par Göksel Gümüsdag.
Président du club d’Istanbul Basaksehir, qui affronte ce mercredi soir le Paris Saint-Germain en Ligue des champions, Gümüsdag a annoncé dans une vidéo que le club stambouliote mettrait à disposition son stade Fatih Terim pour la prochaine rencontre européenne du club azéri de Qarabag.
Ce jeudi, après la rencontre de Ligue des champions entre le PSG et Basaksehir, Qarabag FK va donc accueillir, à Istanbul, le club espagnol de Villarreal pour la 2e journée de Ligue Europa.
Erdogan derrière cette déclaration d'amitié
Privé de football en Azerbaïdjan tant que le conflit se poursuivra - une décision prise par l’UEFA -, le club de Qarabag, dont l’histoire est intimement liée aux différends dans la région du Haut-Karabagh, a donc vu son sauveur se dessiner en la personne de Göksel Gümüsdag. "Nous serons honorés d’accueillir ici nos chers frères d’Azerbaïdjan et du Karabagh", a ainsi déclaré le dirigeant d’Istanbul Basaksehir.
Derrière cette déclaration d’amitié se trouve la ligne politique défendue par le président Recep Tayyip Erdogan, qui a notamment mis en doute "la santé mentale" du président Emmanuel Macron après les mesures prises par le gouvernement français suite à l'assassinat de Samuel Paty.
Gümüsdag, qui dirige Basaksehir depuis le rachat du club en 2014, est un proche du président. Ancien membre de l’AKP - le parti du gouvernement -, il est marié à la nièce par alliance d’Erdogan.
Et depuis plusieurs saisons, son club, qui sert d'outil à la présidence, partage les valeurs islamo-conservatrices véhiculées par Erdogan et son parti.
Une aide turque déterminante dans le conflit
En accueillant le club de Qarabag dans son stade, Basaksehir est dans la lignée de la position turque dans ce conflit : celle d’une aide conséquente à son voisin azéri. Depuis le début des hostilités, l’envoi par les Turcs de mercenaires syriens dans le Haut-Karabagh a permis à l’armée azérie de réaliser plusieurs percées sur la ligne de front.
Après un très court cessez-le-feu, qui n'a pas été respecté des deux côtés, l’armée arménienne a récemment perdu l’avantage. Le soutien turc ne se limite pas à une aide militaire, puisque le pays d'Erdogan a également fourni un soutien humanitaire pour venir en aide aux populations locales touchées par les affrontements.
Dans ce conflit qui voit un pays "frère", qui partage de nombreux liens culturels et linguistiques, engagé dans une guerre dont les racines remontent à plusieurs décennies, le sport turc se mobilise également pour soutenir l’Azerbaïdjan. Après les bombardements de la ville de Ganja, le club de Bursaspor s’est fendu d’un tweet pour "transmettre [ses] vœux au peuple frère azéri".
Dans le stade Fatih Terim, le Qarabag FK trouve donc un refuge pour disputer sa prochaine rencontre européenne.
Dans les prochaines semaines, le club azéri aura l'occasion d'accueillir Sivasspor, puis le Maccabi Tel-Aviv. L'occasion pour la Turquie et Israël, principaux fournisseurs d'armes à l'Azerbaïdjan, d'affirmer leur soutien à ce pays si la guerre se poursuit.
Source France TV Info
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