Disparu en 2004, le photographe laisse une œuvre impressionnante reconnaissable au premier coup d’œil qui interroge les représentations sociales et les rôles assignés aux individus.
Sa complice, June, connue sous son nom de photographe, Alice Springs, l’a épaulé toute sa vie, première à juger ses clichés, ses livres, ses expositions.
La grande richesse de ce documentaire, signé Gero von Boehm, découle des témoignages de quelques-unes de ses égéries les plus célèbres : Grace Jones, Isabella Rosellini, Charlotte Rampling, Claudia Schiffer, Marianne Faithfull, Hanna Schygulla.
Mais aussi sa complice de toujours : Anna Wintour, rédactrice en chef de l’édition américaine du magazine Vogue.
Le réalisateur a aussi recueilli le regard qu’Helmut Newton porte sur ses débuts et les influences majeures qu’il reconnaît même si certaines - comme celle de l’artiste Brassaï pour ses photos de nuit -, sont sans doute plus avouables que d’autres…
Allemagne: l’ombre des années de guerre
Épaulé par la Fondation Helmut Newton, Gero von Boehm a eu accès à de nombreux films et photos d’archives qui jalonnent le parcours de l’artiste berlinois, resté admiratif de l’esprit de bohème et de la liberté de sa ville, ainsi que de l’aura de la République de Weimar.
Adolescent juif, Newton était conscient de l’influence exercée par une photographe comme Leni Riefenstahl qui exalta le corps allemand lors des Jeux olympiques, embrassant pleinement la propagande nazie.
On retrouve des traces de cette période cruelle et troublée dans sa façon de mettre en scène les contraires, les images de domination et de corps athlétiques et de confronter les ombres et lumières de la ville.
Son travail d’assistant auprès de la photographe Yva (Else Neuländer-Simon) a été déterminant, façonnant son parcours d’apprenti et d’homme. Son atelier sera fermé, la photographe sera déportée tandis que Newton et sa famille fuiront l’Allemagne.
L’œuvre d’Helmut Newton, aujourd’hui encore, pose question et fait réagir ; certaines photos sont jugées vulgaires, humiliantes ou amorales sans qu’on puisse trancher avec certitude si ce regard sexualisé sur la femme sert uniquement son auteur ou a permis à toutes ces "amazones" de s’affirmer face aux donjons et dragons de notre époque.
Une thématique que le documentariste a abordé avec tous les modèles féminins rencontrés. Une démarche singulière, obsessionnelle qui, forcément, pose question aujourd’hui plus encore qu’hier.
Helmut Newton : The Bad and the Beautiful Portrait documentaire De Gero von Boehm Durée 1h33.
Source La Libre
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