Les croisades se définissent au départ comme des pèlerinages armés, décidés par le pape. Elles visent à gagner les lieux saints du catholicisme et à en chasser par la force les croyants d’autres religions - généralement des musulmans........Détails.......
"Tu ne tueras point." Il s’agit de l’un des dix commandements, d’une loi inaltérable pour les chrétiens comme pour les juifs - en théorie.
Car en 1063, le pape Alexandre II introduit une nuance : la guerre contre ceux qui persécutent les chrétiens serait une "guerre juste", qui justifie donc le meurtre.
Sont donc absous d’avance tous ceux qui participent à la Reconquista, la reconquête des territoires de la péninsule Ibérique et des îles Baléares occupés par les musulmans depuis le VIIIème siècle - de même que seront absous les croisés à partir de 1095.
Une "guerre juste" : la motivation religieuse
Les premiers pèlerinages d’envergure vers la Palestine ont lieu aux IIIème et IVème siècles, encouragés par l’édit de Constantin de 313, par lequel le christianisme devient la religion de l’Empire romain. Des pèlerinages ont ensuite lieu tout au long du millénaire, mais le phénomène prend à partir du Xème siècle une toute autre dimension.
Car en 1078, les Turcs Seldjoukides, venus des steppes asiatiques, ravissent Jérusalem des mains des Arabes Abbassides, et en interdisent l’accès aux chrétiens.
C’est pour rétablir cet accès que le pape Urbain II lance en 1095 la première croisade, encouragé par l’Empereur byzantin inquiet de cette expansion turque. Cette première croisade est un succès et aboutit à la fondation des États latins d'Orient.
C’est pour défendre ces derniers que seront menées les sept croisades suivantes, de 1147 à 1291.
Mais dès la quatrième croisade, qui s’empare de Constantinople en 1204, il apparaît vite que les enjeux sont plus complexes qu’il n’y paraît.
Le secours des chrétiens d’Orient : la motivation géostratégique
Si les croyants peuvent entreprendre en toute sécurité leur pèlerinage vers Jérusalem au premier millénaire, c’est grâce à l’Empire romain d’Orient, qui joue le rôle de bouclier de la foi chrétienne et vit en relative harmonie avec les États musulmans de la région.
Mais aux VIIIème et IXème siècles, pour réduire le pouvoir de l’aristocratie foncière, qui contrôle l’armée et menace la souveraineté impériale, Léon III l'Isaurien, Théophile et Léon VI le Sage entreprennent d’affaiblir leur propre puissance militaire.
Un choix risqué, car à l’extérieur des frontières, les puissances rivales, elles, ne désarment pas.
En 1071, lors de la désastreuse bataille de Manzikert, l’Empire byzantin perd ainsi l’Anatolie centrale au profit des Turcs Seldjoukides, qui se sont déjà emparés du califat de Bagdad.
Défaits, les Byzantins se tournent vers l’Occident pour un appui militaire, qui passe d’abord par le mercenariat, avant de s’adresser directement au pape.
Au concile de Plaisance en mars 1095, puis à celui de Clermont en novembre de la même année, le pape Urbain II accède donc à la requête d’Alexis Ier Comnène et appelle les chevaliers chrétiens à prêter secours à l’Empire byzantin contre les Turcs, et à délivrer les Lieux saints.
L’appas du gain et des terres : la motivation financière
Le succès rencontré par cet appel à la croisade de 1095, puis par toutes les suivantes jusqu’au XIIIème siècle, ne sauraient s’expliquer par le seul fanatisme religieux, ni par la solidarité avec les chrétiens d’Orient.
Au XIème siècle, l’explosion démographique en Occident accroît la pauvreté de la paysannerie.
L’appel d’Urbain II, relayé par de nombreux prédicateurs populaires, comme Pierre l’Ermite, trouve donc un écho considérable chez les plus modestes, attirés par les richesses fabuleuses de l’Orient.
Quant aux chevaliers nobles, nombre de ceux qui entreprennent la croisade sont dans une piètre situation financière - soit par manque de terres, soit en raison de leur position de puînés, qui les prive d’héritage.
Des seigneurs désargentés comme Gautier Sans-Avoir prennent donc la route de Jérusalem qui par foi chrétienne, qui par esprit de conquête ou appas du gain. Car les croisés se livrent à des pillages et des exactions sur la population locale dès le XIème siècle - l’épisode le plus notable étant le sac de Constantinople en 1204.
En l’espace de deux siècles, les huit croisades successives modifient en profondeur les rapports géopolitiques et économiques dans la région, avec notamment la création des États latins d'Orient et un enrichissement considérable des places commerciales européennes.
Mais elles échouent finalement à conserver la Terre sainte, accentuent la rupture entre chrétiens et musulmans et creusent un fossé entre catholiques et orthodoxes.
On leur doit aussi l’apparition de la violence antisémite de masse en Europe, qui ne cessera guère au cours des siècles suivants.
Source Geo
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