Dès le 2 octobre 1965, le critique Jacques Siclier écrivait dans Le Monde à propos d’un reportage de Paul Seban, Ruth ou le cap de l’été, diffusé dans le magazine « Les Femmes aussi », d’Eliane Victor : « Ce que nous donne Paul Seban aujourd’hui sur le plan du récit télévisé dépasse dans l’écriture les fictions inspirées du réel ». Pionnier en la matière, il fera école auprès de nombreux documentaristes.
Si l’on devait résumer la riche vie professionnelle de Paul Seban, mort le 1er juillet à Paris à l’âge de 90 ans, elle s’écrirait en trois mots : réalisateur, documentariste et communiste.
Epousant passionnément les soubresauts du monde du XXe siècle, il a su le traduire en images dès les années 1960, ce que l’on appellera plus tard le « cinéma du réel ».
Né le 21 octobre 1929 à Sidi Bel Abbes (Algérie) dans une famille d’origine juive, il a passé toute son enfance en terre algérienne avant de débarquer en France à l’âge de 19 ans.
Diplômé d’une licence de droit, il choisit en 1949 de s’orienter vers le cinéma, après avoir été reçu au concours d’entrée de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) – ancêtre de la Femis –, d’où il sort diplômé en 1952.
Paul Seban démarre sa carrière cinématographique en 1954 comme assistant réalisateur de Jean Renoir sur son film French Cancan. Le « patron » qui, à l’époque, ne cache pas ses sympathies communistes, accueille avec bienveillance Seban qui, se déclarant « athée et marxiste », a pris sa carte du Parti communiste français (PCF) en 1946.
Il enchaîne ensuite plusieurs films de réalisateurs de renom : Marcel Carné (Les Tricheurs, en 1958), Alexandre Astruc (Une vie, en 1958), Claude Chabrol (Les Godelureaux, en 1961), Orson Welles (Le Procès, en 1962) et Stanley Donen (Charade, en 1963).
Des rencontres qui, disait-il, l’ont beaucoup marqué, mais pas au point de poursuivre sa carrière dans le cinéma. A cette époque balbutiante, il choisit la télévision.
Il devient réalisateur de plusieurs magazines, dont « Lectures pour tous », présenté par le journaliste Pierre Dumayet, ou « Les Femmes aussi », d’Eliane Victor. Il réalise aussi de nombreux sujets pour les magazines « Cinq colonnes à la une » et « Le Monde en quarante minutes ».
Ses entretiens avec Jean Cocteau et Georges Simenon sont des modèles. En 1961, sur le plateau de « Lectures pour tous », il rencontre Marguerite Duras avec qui, en 1967, il réalisera le film La Musica, adapté de la pièce de théâtre de cette dernière, avec Delphine Seyrig et Robert Hossein.
Selon Seban, le tournage fut éprouvant, mais il le décrivit comme « une belle expérience ».
Source Le Monde
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