Le 9 octobre 2019, environ cinquante personnes s’étaient réunies dans la synagogue de cette petite ville de Saxe-Anhalt pour célébrer Yom Kippour, ou "jour du Grand Pardon", un moment clé du calendrier liturgique juif.
À midi, alors que les célébrations et prières étaient en cours, Stefan B., lourdement armé, avait ouvert le feu devant la synagogue, dans laquelle il avait tenté de s’introduire sans succès.
À l’extérieur du bâtiment, il avait abattu deux personnes. Quelques heures plus tard, il était appréhendé par la police, après avoir filmé son attaque et laissé un manifeste dans lequel il revendiquait l’attaque et étalait une rhétorique suprémaciste et antisémite.
L’homme est obsédé par les armes à feu, menait une vie sans histoire et habitait toujours chez sa mère.
Dans un pays qui, depuis années, met en avant ses efforts et le travail de mémoire effectué en ce sens, cette attaque a suscité une très vive émotion. Et de par la responsabilité de l’Allemagne dans l’Holocauste, elle a immédiatement suscité un intérêt international.
Henning Haberland, le porte-parole de la Cour de Naumburg, qui participe au procès, a d’ailleurs rappelé l’importance de ce procès : "(Stefan B.) est accusé d’avoir attaqué les valeurs fondamentales de notre société, et en particulier la coexistence pacifique de différentes religions."
Cette coexistence pacifique, Christina Feist, une jeune trentenaire qui se trouvait dans la synagogue au moment des faits, n’y croit pas vraiment. Aujourd’hui habitant à Paris, elle a fait le voyage pour assister au procès : "C’est important pour moi d’assister au procès, d’un point de vue personnel, mais aussi politique.
J’ai une vie, un travail, et je ne veux pas que ça interfère avec ça, mais j’ai peur des conséquences émotionnelles que ces prochains jours auront sur moi. J’ai besoin de boucler la boucle, de voir l’accusé.
Sa personne m’importe peu en tant que telle, mais il a essayé de me tuer et je suis toujours en vie. Je ne sais pas si j’arriverais à le regarder dans les yeux, mais j’espère en ressortir plus résiliente".
De son expérience dans la synagogue, Christina parle peu. Elle doit sa vie à la simple présence d’une modeste porte en bois qui a résisté aux assauts de Stefan B. :
"Je n’évoque pas mon expérience en permanence, mais souvent, ça vient dans une conversation et les gens semblent horrifiés d’apprendre que j’y étais, et c’est là que je me rends compte de l’ampleur de ce qui s’est passé".
Pour Christina, l’attaque de Halle s’inscrit dans un contexte de montée inquiétante de l’antisémitisme dans la société allemande, mais il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau.
C’est pourquoi elle a décidé il y a quelques mois de se porter partie civile, et devrait être entendue comme telle au cours du procès : "Apporter mon témoignage va me permettre de parler de bien plus que de cet incident, qui est le symptôme d’un problème bien plus profond présent en Allemagne, depuis plus d’un siècle".
Il y a quelques semaines, Horst Seehofer, le ministre de l’Intérieur, déclarait que la plus grande menace pesant actuellement sur l’Allemagne était celle de l’extrême-droite.
Source La Depeche
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