lundi 25 mars 2019

Frappes ciblées ou riposte massive ? Le choix complexe d’Israël après un nouveau tir de roquette


Frappes ciblées ou riposte massive ? L’attaque, imputée au Hamas, a touché un village près de Tel-Aviv et oblige le gouvernement à une réponse qui aura des conséquences à 2 semaines des élections......Analyse........



Israël s’est réveillé lundi 25 mars avec les images d’une maison détruite à Mishmeret, village situé à une trentaine de kilomètres au nord de Tel-Aviv. A l’aube, une roquette tirée en provenance du sud de la bande de Gaza, près de Rafah, s’est écrasée sur ce domicile, blessant sept personnes, dont un bébé et un enfant de 3 ans. Le système de défense Dôme de fer ne l’a pas interceptée, pour des raisons inconnues.
Même si par miracle aucun mort n’a été enregistré, cette attaque représente un véritable défi sécuritaire et politique pour Israël. 
L’armée a immédiatement renforcé ses effectifs dans le sud du pays, en y déployant deux brigades supplémentaires, d’infanterie et blindée, ainsi que des réservistes des forces aériennes. 
Les points de passage vers le territoire palestinien ont été fermés et la zone de pêche réduite.

Nétanyahou écourte son séjour à Washington

Ce tir de roquette a eu lieu alors que le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se trouvait à Washington pour rencontrer Donald Trump à la Maison Blanche et devait prendre la parole, mardi, devant le lobby pro-israélien Aipac. 
Le chef du gouvernement, alerté dans la nuit, a décidé sur le champ d’écourter son séjour et de repartir juste après l’entretien avec le président américain. Ses rivaux, l’ancien chef d’état-major Benny Gantz en tête, ont mis en cause la perte de la capacité de dissuasion israélienne face au Hamas.
A deux semaines des élections générales du 9 avril, M. Nétanyahou se trouve devant un choix sensible et complexe. 
En se contentant de frappes classiques sur quelques sites attribués au Hamas, désertés par ses hommes, il risquerait de s’exposer aux critiques sur son manque de fermeté. 
En ordonnant une riposte militaire bien plus massive, il pourrait déclencher une escalade imprévisible, aux buts flous. Une nouvelle fois, la droite israélienne est rattrapée par son absence de vision au sujet de Gaza, où les conditions de vie sont intenables.
Sur Twitter, Amos Yadlin, directeur de l’Institut pour les études de sécurité nationale (INSS) et ancien chef du renseignement militaire, recommandait lundi matin un changement de stratégie, permettant de retrouver un effet de surprise et de dissuasion face aux groupes armés, qui exploitent une violence de basse intensité sans prendre le risque d’une guerre.
L’armée tient le Hamas pour responsable du tir déclenché lundi matin. La roquette serait, selon elle, de fabrication artisanale et locale, d’une portée de 120 kilomètres.
Le 14 mars, les autorités avaient accepté l’explication fournie par le mouvement islamiste armé, après le tir de deux roquettes en direction de l’agglomération de Tel-Aviv. 
Elles n’avaient pas causé de victime ou de dégâts. Les dirigeants du Hamas avaient parlé d’une « erreur », sans en préciser la nature et l’origine.
Au moment où les deux tirs avaient eu lieu, plusieurs cadres du mouvement se trouvaient en pleine discussion avec une délégation des services de sécurité égyptien. 
Le Caire avait essayé sans succès de faciliter une sorte de compromis entre les factions et Israël, en vue d’un cessez-le feu. Mais en période électorale, aucun geste d’ouverture n’est à attendre du côté de l’Etat hébreu, afin de desserrer le blocus. Les groupes armés palestiniens estiment que seuls les épisodes de violence permettent de peser.
Le 22 mars, deux Palestiniens ont été tués à la frontière de Gaza, où les factions ont repris leurs activités de harcèlement des soldats israéliens, multipliant les jets d’engins explosifs. 
Elles comptent mobiliser massivement la population à l’occasion du premier anniversaire de la « marche du retour », le 30 mars. 
Le Hamas mise sur ce rendez-vous pour réorienter la colère populaire vers l’extérieur, après avoir réprimé violemment la contestation sociale, qui était apparue dans toutes les villes pendant dix jours contre le coût de la vie.

Vives tensions dans le milieu carcéral

Selon les maîtres de Gaza, l’Autorité palestinienne aurait cherché à appliquer un « plan vicieux » pour entraîner un « soulèvement ». 
Mais il existe encore une autre motivation, parmi d’autres, pour saisir l’escalade de lundi matin : la situation des prisonniers de sécurité palestiniens dans les prisons israéliennes.
Deux gardiens dans la prison de Keziot ont été poignardés dimanche par des détenus, qui ont aussi compté plusieurs blessés dans leurs rangs lors de l’émeute qui a suivi. 
Quelques jours plus tôt, dans la prison de Ramon, des prisonniers avaient mis le feu à leurs matelas. 
Depuis des semaines, la tension est vive dans le milieu carcéral, en raison de nouveaux brouilleurs de communication mis en place par les services de sécurité, rapporte la presse israélienne. 
Ils visent à empêcher l’usage de téléphones portables, interdits mais très répandus. 
Or il s’agit du seul lien possible avec leurs proches pour de nombreux prisonniers détenus pour des peines longues. Ces téléphones permettent également aux représentants des détenus de coordonner leurs actions avec les factions à l’extérieur.

Source Le Monde
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