Quiconque s’intéresse un minimum à l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale connaît le camp d’Auschwitz, qui symbolise l’entreprise d’extermination des Juifs menée par les nazis. Dans un monde à peu près normal, qui y met les pieds sait qu’il doit faire preuve de la plus grande discrétion, presque de piété......Détails.......
Auschwitz n’est pas un camp de vacances, non plus qu’un festival de sons et lumières. C’est encore moins le lieu d’un tourisme festif.
On ne va pas à Auschwitz pour s’amuser, mais pour méditer sur la part luciférienne de l’homme.
Et pourtant, la bêtise humaine vient encore de s’illustrer.
Les responsables du camp ont senti le besoin de préciser aux visiteurs que s’ils peuvent prendre des photos sur les lieux, ils doivent le faire dans un esprit respectueux. Ce qui n’est manifestement pas toujours le cas. Ils semblent moins visiter le camp que l’utiliser pour se mettre en scène, en y ajoutant quelques pitreries.
Même dans un camp de la mort, ils ne peuvent s’empêcher de se soumettre aux codes de la culture festive, pour alimenter leur compte Instagram.
On aurait envie de hurler : mais vous êtes à Auschwitz ! Mais puisque notre monde marche sur la tête, celui qui s’indignera contre de tels comportements passera pour un fou.
En fait, l’esprit de l’époque est là : aux yeux des zombies qui se sont convertis à la culture Instagram, le monde n’existe plus qu’à la manière d’un décor pour se mettre en vedette.
C’est le triomphe du moi, l’empire du nombril.
Nos contemporains semblent avoir le besoin irrépressible de vivre leur vie comme s’il s’agissait d’un roman d’aventures digne du plus grand récit. Ils veulent étaler leur vie en photos.
Cette manie, on la constate aussi dans les musées, où des visiteurs de plus en plus nombreux ne parviennent plus à regarder une toile sans la filmer, et plus exactement sans se prendre en photo avec elle, souvent en lui tournant le dos !
On aurait envie d’attraper ces zozos pour leur dire : mais on s’en fout de votre tronche !
N’êtes-vous capable de vous intéresser à quelque chose qu’à condition d’y voir votre trace ou votre tête ?
Je n’y parviens pas...
En écrivant cela, je me souviens d’une controverse semblable, en 2016, au moment de la mode des Pokémons, quand les autorités du camp avaient dû rappeler qu’on ne devait pas les chasser sur ses lieux.
Et je me demande si, finalement, rien n’est plus vain que de s’insurger contre la bêtise de son temps.
Ne faut-il pas faire la paix avec les idiots, et les traiter avec indulgence, comme des crétins inoffensifs qui agacent sans poser pour autant un danger particulier ?
Mais je n’y parviens pas. Les zombies dominés par leur écran nous agressent quotidiennement. Ils gâchent le monde qui nous entoure en s’exposant sans gêne.
Alors, de temps en temps, pour la beauté du geste et pour sauvegarder notre équilibre mental, il faut leur rappeler ce qu’ils sont, et les traiter de petits nonos. Appelons ça une mesure de santé publique.
Vous nous aimez, prouvez-le....