« Méconnu du grand public mais pas des habitants de ses logements », selon la formule de Philippe Dehan qui lui consacre un beau livre*, l’architecte Juif Jean Ginsberg (1905-1983) est passé à la postérité pour ses immeubles d’habitation d’inspiration moderniste construits à Paris......Détails........
Et singulièrement dans le XVIe : « c’est son milieu naturel, un quartier résidentiel en pleine mutation où il reste des entrepôts, des garages… et donc des terrains à bâtir », explique l’auteur, professeur à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette (XIXe).
Il importe le modèle de la cuisine américaine
Né à Czestochowa en Pologne le 20 avril 1905 dans une famille juive d’industriels de la chimie, Jean Ginsberg arrive en 1924 à Paris où il ouvre son agence en 1930.
Dans la lignée de Le Corbusier ou Robert Mallet-Stevens, cet architecte se distingue en concevant « des logements bourgeois, de petite taille, au plan très rationnel, ce qui limite les coûts et le besoin en domestiques. Des appartements modernes qui répondent aux attentes de la bourgeoisie bohème du Paris des années folles », observe Philippe Dehan.
Au diable fumoirs, boudoirs et longs couloirs et vive le… « living-room », né de la fusion de la salle à manger et du salon !
« Même s’il réalise une cuisine-placard dès 1931, il importe rue des belles feuilles (XVIe) en 1952-1954, la cuisine américaine, venue bien sûr des Etats-Unis », précise Philippe Dehan.
Il construit 20 immeubles dans le XVIe arrondissement
Constructeur de 15 000 logements en France et à Monaco, Jean Ginsberg a réalisé vingt immeubles dans le XVIe, production d’autant plus intéressante qu’elle s’étend sur toute sa carrière, de 1930 à 1975. Pour se rendre compte des évolutions architecturales, on ne saurait trop conseiller d’aller se promener dans le XVIe, avec le livre de Philippe Degan comme guide.
L’un des édifices les plus emblématiques de Ginsberg est sans doute l’immeuble qu’il construisit en 1933 avec son associé Franz Heep au 42, avenue de Versailles (XVIe) (Photo ci-dessus).
C’est dans ce bâtiment remarquable par sa façade d’angle convexe et ses balcons filants à chacun des huit étages, que l’architecte se cacha pendant la guerre. A un passant qui lui demandait « Vous n’êtes pas Juif ? », il répondit : « Dieu m’en garde ! »
« Jean Ginsberg. La naissance du logement moderne », Philippe Dehan, Editions du patrimoine, 172 pages, 25 €.
Vous nous aimez, prouvez-le....