jeudi 23 novembre 2017

Résister, Vie et mort d’un maquis de montagne....


Avec «Résister, Vie et mort d’un maquis de montagne», Gérard Guerrier présente une plongée dans la combe de la Foux d’Allos, dans le Haut Verdon et l’Ubaye dans les dernières années de la seconde guerre mondiale. Une reconstitution historique et épique, nourrie des souvenirs des derniers survivants et des proches des acteurs de l’époque…..Détails......



Le 8 septembre 1943, les troupes allemandes chassent les Italiens de leur zone d’occupation alpine.
Les Lippmann, une famille juive laïque, prennent alors le maquis. Commence alors de long mois de clandestinité dans un milieu hostile «La vie là-haut est difficile. Il faut veiller, patrouiller et ravitailler à ski, porter des charges lourdes, s’entraîner au tir dans la neige…»
Par-delà les destins personnels, Gérard Guerrier réussit le tour de force de nous faire découvrir l’existence – le piégeage des marmottes, comme si on y était, les accrochages avec les Allemands, les inquiétudes liées à l’arrivée d’un personnage trouble…- Bref, le quotidien de ces gens arrachés à leur vie ordinaire pour vivre ces moments héroïques hors du commun.
Du courage, ils en ont. Jugeons : «Ces hommes, après avoir parcouru près de trente kilomètres et plus de deux mille mètres de dénivelé, ont entamé le retour de nuit avec une charge d’environ vingt-cinq kilos chacun.
Après avoir traversé l’Ubayette, ils ont planqué leurs mitrailleuses et munitions dans une cache avant de remonter au fort… Après quelques heures de sommeil, ils ont repris le chemin de Barcelonnette.»
«La sueur épargne le sang» ont l’habitude de dire les chasseurs alpins, philosophes.
Jean Lippmann était officier pendant la Grande guerre, décoré de la Légion d’honneur, huissier aisé, chef de famille heureux.
Gérard Guerrier s’est rapproché de ses petits-enfants et de leurs proches pour mener son enquête, il s’est rendu sur place pour restituer sinon les atmosphères et ambiances de l’époque, la grandeur et la somptuosité des paysages.
On découvre ainsi, au fil des pages, l’occupation italienne de Nice puis la déroute de l’armée transalpine, l’arrivée terrifiante du chasseur de juifs Aloïs Brunner, le marché noir, les dénonciations et les trahisons…On s’aperçoit aussi à quel point les maquisards pouvaient faire preuve parfois «d’amateurisme» mais aussi, d’un énorme courage.
Enfin le livre montre, si besoin était, l’inanité de la guerre. En témoigne cette scène, remarquable, ou un soldat allemand, un adolescent, gît, blessé à mort, en appelant sa mère.
«Il est devenu pâle, presque gris. Claude lui soulève le buste et le prend dans ses bras comme une mater dolorosa. Georges colle son oreille contre sa poitrine. Un dernier râle, presque un gargouillis. Son corps soudain devient plus lourd. Claude le serre contre lui, le visage baigné de larmes».
Depuis quelques années, Gérard Guerrier se consacre principalement à l’écriture.
Il a notamment publié un récit, L’Opéra Alpin (éd. Transboréal), un roman, Alpini (éd. Glénat), et a été primé au Salon de Littérature de Montagne de Passy (2017).
Il a également traduit de l’allemand plusieurs textes, notamment ceux des alpinistes Ueli Steck et Reinhold Messner, aux éditions Guerin et Glénat.
Un beau rythme. Un rythme de montagnard. On attend le prochain ouvrage.

Résister, Vie et mort d’un maquis de montagne, de Gérard Guerrier. 25 euros.  Guérin, éditions Paulsen.



Didier Arnaud   

Source Liberation
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