lundi 18 janvier 2016

Loin d'Israël, à Londres des familles juives de France tentent leur chance




Depuis plusieurs années déjà, les jeunes français diplômés des grandes universités françaises s’installent à Londres pour se lancer dans une activité professionnelle mieux rémunérée. Plus de 300.000 français y vivent. Les jeunes Juifs ont suivi le mouvement pour tenter leur chance outre-Manche dans une capitale qui a un fort pouvoir d’attraction...



Une raison à cette attirance des jeunes Juifs réside dans la création d’un centre pour aiguiller les Francophones à Londres. Ils ne sont pas abandonnés à eux-mêmes dans la jungle économique de la capitale mais, dès leur arrivée, ils sont pris en charge par le centre Charles Péguy.
Cette association à but non lucratif de droit britannique a été créée en 1954, est subventionnée par le Ministère des Affaires Étrangères français, est soutenue activement par le Consulat de France à Londres et est rattachée au Centre d’Échanges Internationaux (CEI).
Sa vocation est d’accompagner, dans leur insertion professionnelle et sociale les Francophones souhaitant s’installer à Londres. Le centre aide les jeunes Français pour trouver un emploi, un logement et pour leur faciliter l’adaptation aux codes professionnels anglo-saxons.
Trois conseillers emploi sont mis à leur disposition pour améliorer leur cv et les diriger vers des offres d’emploi adaptées. Cependant, pour de nombreux jeunes, il s’agit d’une première étape avant de rejoindre les États-Unis ou Hongkong.
Les jeunes Juifs français se sont organisés en petite communauté respectueuse des traditions sociales et religieuses importées.
Ils s’entraident, créent des liens qui leur évitent de perdre leurs racines, se marient entre eux car les filles les ont rejoints. Paradoxalement, «l’exil» les pousse à mieux affirmer leur identité.
Certains découvrent d’ailleurs la pratique de la religion dont ils s’abstenaient en France. Ces jeunes, dont certains ont raté leur alyah, trouvent une facilité de vie qu’ils n’ont pas connue en Israël où ils n’étaient pas attendus et surtout où ils n’étaient pas accompagnés dans leur transplantation. Ils avaient l’impression d’être des intrus dans le pays juif.
Mais un nouveau phénomène est perceptible depuis les attaques antisémites en France. Des familles juives entières tentent à présent leur chance à Londres en rejoignant souvent leurs enfants envoyés en éclaireurs.
Les familles religieuses estiment que la vie juive y est plus libre et que Londres dispose des meilleurs Yeshivas européennes où l’enseignement se fait en yiddish.
Un véritable flux de Juifs français est perceptible dans les synagogues et les écoles juives et d’ailleurs les religieux apprécient de circuler dans la ville avec leurs marques extérieures de judaïsme.
Londres devient progressivement le refuge pour la communauté française en faisant une concurrence déséquilibrée avec Tel-Aviv ou Jérusalem.
Les statistiques parlent ; les enfants juifs représentent près de 40% des nouvelles inscriptions dans les écoles selon Marc Meyer, directeur de la conférence des rabbins européens. Le phénomène touche aussi le milieu du judaïsme libéral duquel certains Juifs se sentent proches face au choix orthodoxe plus contraignant.
Les synagogues organisent même des offices en français sous la conduite du rabbin René Pfertzel.
Lyon et Marseille fournissent aussi leur lot de Juifs qui trouvent dans la synagogue un point de ralliement et une aide à l’intégration.
Aux attaques antisémites s’ajoutent les raisons économiques dues à un fort taux chômage en France qui touche même les diplômés. Par ailleurs, le régime d’imposition fiscal britannique est beaucoup plus faible qu’en France même si les avantages sociaux et les retraites sont loin de rivaliser avec ceux de France.


Source: Jacques BENILLOUCHE copyright © Temps et Contretemps


Source Israel Valley