jeudi 14 janvier 2016

Avis de fermeture sur le consulat d'Israël à Marseille



Finalement, à moins d'un nouveau et improbable rebondissement, le consulat d'Israël à Marseille, sauvé deux fois in extremis par le passé, n'était qu'en sursis. Et selon toute vraisemblance, il devrait fermer ses portes au public courant 2016...



Victime d'une cure d'austérité décrétée par l'État israélien, en crise. "C'est ce qui nous a été dit, oui. Mais aucune date n'a été avancée. Et les discussions restent ouvertes", glisse, d'une petite voix, Anita Mazor, le consul général en exercice à Marseille.
"On est effectivement au courant. Et c'est une très mauvaise nouvelle pour toute la communauté", se désole, à son tour, Élie Beribi, directeur général du Consistoire israélite de Marseille.
Qui veut toutefois y croire : "On est déjà parvenu à les convaincre en 2002 et en 2009. Deux années où la fin de cette représentation avait été évoquée, insiste-t-il. Pourquoi pas une troisième fois ?"
Un retour en arrière s'impose. Mars 2002. Déjà lancé dans une politique de rigueur, Israël affichait son intention de boucler ses bureaux consulaires dans la cité phocéenne, nichés dans un immeuble discret de la chic rue Paradis (8e). C'était sans compter sur une intense mobilisation de la communauté juive de Marseille, relayée par le secrétaire d'État aux Affaires étrangères de l'époque, Renaud Muselier (LR).
L'élu allait jusqu'à se prévaloir du soutien, actif, du président Chirac. Résultat ? Un rétropédalage de dernière minute, validé au sommet de l'État israélien.
Sous la pression, ce dernier avait fini par concéder, dixit Zvi Ammar, le président du consistoire, "qu'il était inimaginable que la troisième communauté juive d'Europe (Ndlr : derrière Paris et Londres) soit privée de représentation diplomatique".
"C'est une décision à long terme, pas un sursis", triomphait Zvi Ammar de retour d'Israël. Sur place, ce proche du Likoud (droite israélienne au pouvoir) avait, dit-il, réussi à infléchir la position des autorités. À commencer par celle de son "ami proche" Moshe Katsa, le président israélien, convaincu en tête à tête.
"
Ça nous a été annoncé, oui. Mais on ne renonce pas"


Inimaginable ? Plus tant que ça, en ce début d'année 2016. Quatorze ans après ce bras de fer victorieux, en effet, suivi de nouvelles rumeurs en 2009, un coup de téléphone reçu par le consulat, la semaine dernière, a fait l'effet d'une douche froide.
Au bout du fil, le représentant du ministère des Affaires étrangères israélien. Un fonctionnaire chargé d'annoncer tout de go à Anita Mazor la condamnation prochaine du bâtiment.
"La raison qui a été donnée est strictement budgétaire, confie le consul général, certains disent qu'on coûte trop cher, d'autres pensent qu'on devrait disposer de davantage de ressources pour mieux travailler..." Et de plaider : "Ce consulat occupe une place essentielle pour l'importante communauté juive de Marseille (Ndlr : estimée à 80 000 personnes). Mais au-delà, pour tout le grand sud de la France, jusqu'à Perpignan, qui est sous sa juridiction. Il rayonne à la fois par ses interventions politiques et ses actions sur le plan administratif, économique et culturel."
Seulement voilà, l'argument pèse peu face aux promesses d'économies formulées par le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Qui semble bien décidé à tailler dans le vif en se privant, outre le site de Marseille, des consulats de Minsk (Ukraine), San Salvador (Salvador) et Philadelphie (États-Unis).
"Cette fois, ça semble irrévocable", s'émeut une source interne au consulat qui emploie une dizaine de personnes et se trouve implanté en Provence depuis 1949.
"En Israël, ils semblent considérer que le consulat israélien de Barcelone a un positionnement géographique et une place prépondérante sur le pourtour méditerranéen au détriment de Marseille", regrette vertement Élie Beribi.
Tenace, l'homme promet que "des initiatives vont être menées ces prochaines semaines en direction de l'état israélien pour sauver ce consulat". Il n'en reste pas mois que, cette fois, l'affaire semble bien mal engagée.

Laurent d'Ancona



Source La Provence