L’économie israélienne se dirige tout droit vers la déflation: les prix ont baissé de 0,4% en novembre, soit une baisse de près de 1% en douze mois. Les mauvaises nouvelles sur le front des prix se succèdent à un rythme accéléré : les prix ont encore baissé en novembre dernier, d’un taux record de 0,4%. Résultat de la baisse continue des prix : l’économie d’Israël est entraînée dans une spirale déflationniste qui pourrait retarder le redémarrage de l’activité...
VERS UNE SPIRALE DÉFLATIONNISTE ?
Certes, les économistes israéliens s’attendaient à une inflation négative en novembre, mais ils anticipaient une baisse de 0,1% seulement. Avec une chute de 0,4%, il ne fait plus aucun doute : Israël est entré dans une dangereuse période de déflation.
L’inquiétude est accentuée par le fait que le phénomène de baisse des prix se prolonge depuis maintenant un an. Au cours des douze derniers mois, l’indice des prix en Israël a été négatif : les prix au détail ont reculé de 0,9%. Si on excluait l’immobilier de l’indice général, les prix à la consommation auraient diminué encore plus fortement (- 1,7%). Sans les fruits et légumes, l’indice des prix a baissé de 1,2% en douze mois.
Certes, une baisse de prix améliore le pouvoir d’achat des salariés : alors, pourquoi s’en plaindre ? Si la baisse était temporaire ou à court terme, elle n’aurait pas d’incidence négative sur l’économie. Or les économistes israéliens redoutent une baisse prolongée des prix : ce scénario entraînerait le pays dans le cercle vicieux de la baisse de la production, des salaires et de la consommation, ce qui empêcherait l’économie de redémarrer.
LES EXCUSES DE LA MÉTÉO ET DU PÉTROLE ?
L’explication la plus courante de la déflation se trouverait dans la météo : les aléas de l’hiver font fluctuer les prix, tantôt à la hausse, tantôt à la baisse : en novembre par exemple, le prix des concombres a bondi de 21% alors que le prix de la tomate a chuté de 17%.
Autre explication, plus convaincante, au zigzag des prix en Israël : la baisse des prix de l’énergie. En novembre dernier, l’indice de l’essence et produits énergétique a encore reculé de 1,8%, entraînant une baisse de l’indice des prix des transports terrestres (-0,7%) et aériens (- 1,7%).
Or la chute des prix de l’énergie dans le monde est une excuse facile. Car en Israël, la pression déflationniste va au-delà du pétrole. Toute une gamme de produits a affiché en novembre des prix à la baisse. Si la tomate est donnée en exemple, elle n’est pas le seul article dont le prix a tiré l’indice à la baisse : les prix ont aussi baissé pour les séjours de vacances (- 2,8%), les télécoms (-0,6%) ou l’ameublement (- 0,2%).
LE SPECTRE DE LA RÉCESSION ?
Les causes profondes sont donc à rechercher ailleurs. En fait, 2015 n’a pas été une bonne année pour l’économie israélienne : ce fut une année qui a démarré par des législatives, et qui s’est prolongée par une longue période d’incertitude quant aux réformes annoncées (logement, alimentation, banque, etc.).
Le consommateur a donc préféré remettre ses achats à plus tard, et les industriels ont repoussé leurs investissements : à l’arrivée, le PIB n’augmentera que d’un petit 2,5% en 2015. C’est donc le ralentissement de l’activité qui est la véritable cause de la déflation dans laquelle a plongé l’économie israélienne.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley