Dans la paracha Mikets, Joseph interprète les rêves de Pharaon. Dans la Haftara, c'est le roi Salomon qui rêve et c'est surtout là qu'il fait son fameux jugement. Etant un homme sage, il est digne de Joseph. Voici la Haftara traduite suivie d'une analyse du rav Kohn...
Texte de la Haftara :
Salomon s’éveilla. Et voilà le songe. Salomon revint à Jérusalem, et se présenta devant l’arche de l’alliance de l’Éternel. Il offrit des holocaustes et des sacrifices d’actions de grâces, et il fit un festin à tous ses serviteurs.
Alors deux femmes prostituées vinrent chez le roi, et se présentèrent devant lui.
L’une des femmes dit : Pardon ! mon seigneur, moi et cette femme nous demeurions dans la même maison, et je suis accouché près d’elle dans la maison.
Trois jours après, cette femme est aussi accouché. Nous habitions ensemble, aucun étranger n’était avec nous dans la maison, il n’y avait que nous deux.
Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu’elle s’était couchée sur lui.
Elle s’est levée au milieu de la nuit, elle a pris mon fils à mes côtés tandis que ta servante dormait, et elle l’a couché dans son sein ; et son fils qui était mort, elle l’a couché dans mon sein.
Le matin, je me suis levée pour allaiter mon fils ; et voici, il était mort. Je l’ai regardé attentivement le matin ; et voici, ce n’était pas mon fils que j’avais enfanté.
L’autre femme dit : Au contraire ! c’est mon fils qui est vivant, et c’est ton fils qui est mort. Mais la première répliqua : Nullement ! C’est ton fils qui est mort, et c’est mon fils qui est vivant. C’est ainsi qu’elles parlèrent devant le roi.
Le roi dit : L’une dit : C’est mon fils qui est vivant, et c’est ton fils qui est mort ; et l’autre dit : Nullement ! c’est ton fils qui est mort, et c’est mon fils qui est vivant.
Puis il ajouta : Apportez-moi une épée. On apporta une épée devant le roi.
Et le roi dit : Coupez en deux l’enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l’une et la moitié à l’autre.
Alors la femme dont le fils était vivant sentit ses entrailles s’émouvoir pour son fils, et elle dit au roi : Ah ! mon seigneur, donnez-lui l’enfant qui vit, et ne le faites point mourir. Mais l’autre dit : Il ne sera ni à moi ni à toi ; coupez-le !
Et le roi, prenant la parole, dit : Donnez à la première l’enfant qui vit, et ne le faites point mourir. C’est elle qui est sa mère.
Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé. Et l’on craignit le roi, car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour le diriger dans ses jugements.
Le roi Salomon était roi sur tout Israël.
Analyse du Rav Kohn :
Parmi les nombreuses images contenues dans la haftara de Mikets ( Chabbath ‘Hanouka ), figure celle qui dépeint Josué comme étant « vêtu de vêtements sales » (Zacharie 3, 3).
Josué (fils de Yehotsadaq – Voir Aggée 1, 1) était le kohen gadol appelé à officier dans le Temple qui allait être reconstruit après l’exil de Babylone.
On sait que l’un des problèmes auxquels a été confronté Ezra lorsqu’il s’est réinstallé avec les Judéens en terre d’Israël a été celui des femmes étrangères que beaucoup d’entre eux avaient épousées pendant cet exil.
Ezra obtint d’eux qu’ils s’en séparent (voir Ezra 10, 1 et suivants).
Or, Josué le kohen gadol n’avait pas été épargné de ce drame. Ses propres fils s’étaient, eux aussi, mariés avec des femmes non juives. Deux faux prophètes, Achab, fils de Kolaya, et Sédécias, fils de Masseya (Jérémie 29, 21), avaient de plus cherché à le dévoyer. Celui-ci, qui avait été jeté par Nabuchodonosor dans une fournaise ardente, en a été sauvé miraculeusement (d’où l’expression au verset 2 : « un tison sauvé du feu »).
Il n’en était pas moins resté « vêtu de vêtements sales », et ce pour n’avoir pas exercé son influence sur ses enfants, ainsi qu’il est indiqué dans Ezra 10, 18 : « Il s’en trouva, parmi les fils des kohanim , qui avaient pris des femmes étrangères : des fils de Yèchoua, fils de Yotsadaq, et de ses frères : Maassiya, et Eliézer, et Yariv, et Guedalia. »
Source Massorti et Chiourim