mardi 3 février 2015

Sans jambe : les invalides de Tsahal qui ont fini l'Ironman d'Eilat !

Quand nous sommes arrivés sur la ligne d'arrivée de la course "Ironman", il a été difficile de se cacher de l'émotion du public qui les a accueillis avec des applaudissements nourris et déchainés : les invalides de Tsahal qui ont perdu leur jambe au combat mais qui ne laissent aucun handicap leur pourrir la vie...


Parmi les sportifs qui ont fini la course "Ironman" d'Eilat, six sortaient tout particulierement du lot, 6 invalides de Tsahal qui ont eu leur jambe amputee apres avoir ete blesses au combat, et qui ont prouve qu'aucun defi n'est impossible.
Ces 6 hommes s'entrainent dans le cadre du programme "Strides" de l'organisation americaine des amis de Tsahal (FIDF) qui a ete creee il y a trois ans dans le but d'aider les invalides de Tsahal a avancer dans les sports extremes et a les soutenir.
Ce programme soutient environ 10 invalides de Tsahal et les envoie faire des voyages aux Etats-Unis, a l'institut "Step Ahead" qui fabrique des protheses specialisees pour les sportifs handicapes, qui les adaptent en fonction de leur poids et du sport pratique.
Le cout de chaque prothese varie entre 20 et 100 000 dollars, et chaque participant recoit entre deux et trois protheses en fonction de leur sport et du type d'amputation qu'ils ont subi. Lors de ces voyages, les sportifs invalides passent par des entrainements professionnels avec leur nouvelle prothese, grace a laquelle ils arrivent a courir pour la premiere fois depuis leur blessure.
Pour cet evenement, ces 6 sportifs avaient decide de participer ensemble a une competition qui comprenait 1,9 km de nage, 91 km de course a velo et 21,1 km de course a pied.
"Nous avons l'honneur d'aider des heros, des combattants, a depasser leurs limites et leur handicap, et je suis sur qu'ils vont formidablement faire cela dans cette course de la categorie "Ironman", a declare le colonel de reserve, Etar Dagan, qui representait l'organisation des amis de Tsahal aux Etats-Unis (FIDF).
Ci-dessous l'histoire de certains de ces heros :
Shlomo Nimrodi
Age de 57 ans, habitant de Ramot Hashavim, marie et pere de trois enfants.
שלמה נמרודי. מעולם לא התביישתי ללכת עם פרוטזה ומכנסים קצרים (צילום: מיכל נמרודי)
La blessure : en 1978, au cours de l'operation Litani, au sud Liban, Shlomo etait le commandant d'une unite Shaldag quand l'equipe sous ses ordres a ete confrontee a un combat en face a face avec des terroristes. Au cours de cet affrontement, il semblerait que Shlomo ait declenche une charge explosive et sa jambe a ete arrachee jusqu'au genou.
"Mon evacuation a pris du temps", se souvient Shlomo, "Je me souviens que dans l'helicoptere les medecins hesitaient ou me transferer. L'un d'eux pensait que je n'aurais pas le temps d'arriver a Rambam parce que j'avais perdu beaucoup trop de sang. Finalement j'ai ete evacue vers l'hopital Rivka Ziv de Safed, et c'est aussi la-bas que tous les terroristes ont ete evacues".
Shlomo est reste inconscient pendant 72 heures. "Quand je me suis reveille j'ai vu mes parents en face de moi et ils avaient l'air effondres, alors j'ai tout de suite dis a ma mere de ne pas s'inquieter".
שלמה נמרודי. איבד המון דם ( צילום: FIDF)
Le handicap : "j'avais alors 20 ans et demi. J'ai compris que ma vie ne serait plus la meme, mais je n'y pensais pas vraiment. La vraie comprehension vient plus tard, dans la vie".
Apres une reeducation de trois mois, Shlomo a decide de ne renoncer a rien. "J'ai dis que je ferais 'de la citronnade avec du citron'". Il sourit, "des la fin de ma reeducation, je suis parti faire une randonnee aux Etat-Unis, tout seul pendant 6 mois. Je me suis debrouille tout seul avec mes bequilles. Rien ne m'a jamais arrete. Je n'ai jamais eu honte de marcher en short et avec une prothese".
Le sport : Shlomo temoigne qu'il a toujours ete un bon sportif. Meme apres avoir perdu sa jambe, il a cherche des moyens pour continuer a faire du sport. "Rapidement apres j'ai vu la photo d'un des enfants Kennedy qui avait ete blesse et ampute de sa jambe. Il se trouvait sur un mont enneige avec son materiel de ski", raconte Shlomo, " alors je me suis dit que si lui pouvait le faire alors moi aussi. Je me suis fabrique un ski adapte, suis monte au mont Hermon et j'ai essaye. Je me suis bien entendu casse la figure", declare-t-il en rigolant.
Shlomo n'a pas abandonne son reve de faire du ski, pas plus que son reve de faire du velo et de devenir triathlete. Entre-temps, il s'est contente de natation a la maison du combattant et de faire des etudes universitaires. Il a commence a travailler en tant que conseiller economique au sein du ministere de la defense, jusqu'a ce qu'en 1995, il s'envole aux Etats-Unis dans le cadre de son travail au sein de la societe Indigo. La-bas, il decouvrit les nouvelles technologies en terme de protheses.
שלמה נמרודי. הפרוטזה עפה לפני קו הסיום (צילום: פיל קרוטר )
"En 2003, j'ai fait un triathlon avec une prothese de marche normale. J'ai arrange un truc pour l'attacher a ma jambe pour qu'elle ne tombe pas pendant que je faisais du velo". Il raconte encore : "un an apres, j'ai fait le triathlon de New York avec une prothese speciale que j'avais commandee, mais elle n'avait pas ete adaptee pour moi. Quelques metres avant l'arrivee ma prothese est partie. Je me suis arrete et je l'ai remise en place et comme ca j'ai passe la ligne d'arrivee. Vraiment comme dans les films".
Apres avoir fini la course, un autre participant a la course vint le voir, lui aussi ampute de la jambe, et il lui a dit que la sagesse serait de trouver une prothese adaptee. L'invalide lui a meme conseille la societe "Step Ahead", specialisee dans la fabrication de protheses personnalisees pour les sportifs amputes.
La connaissance avec le monde des protheses destinees au sport a ouvert a Shlomo de nouveaux horizons et lui a donne de nouveaux reves qui n'attendaient qu'a etre realises. Il y a environ trois ans Shlomo a ete contacte par l'organisation des amis de Tsahal aux Etats-Unis (FIDF), qui lui a propose de l'integrer au programme Strides. Shlomo a repondu avec joie a la proposition.
L'Ironman : "L'Ironman d'Eilat est reconnu comme etant une competition difficile, a cause de son itineraire mais aussi a cause des conditions meteorologiques", raconte Shlomo, "J'ai fait 90 km de velo et ma femme et mon plus jeune fils en ont fait 180. Pour moi le fait que je participe a une competition avec des gens en bonne sante est plus important que tout".
Itzik Gabay
Age de 58 ans, habitant de Hod Hasharon, marie et pere de trois enfants.
איציק גבאי. נשאר לשרת בצבא לאחר הפציעה (צילום: FIDF)
La blessure : pendant son service dans les Givati en 1985, Itzik a ete blesse en phase de preparation operationnelle et il a perdu sa jambe jusqu'au genou. Il ne parle pas beaucoup de sa blessure.
Le handicap : "tout de suite apres ma blessure, j'ai decide de rester dans l'armee", raconte Itzik, "deux mois apres j'etais deja de retour avec ma prothese pour continuer mon service en tant que combattant". Il y a une dizaine d'annees Iztik, a quitte l'armee avec le grade de colonel.
"Ma motivation ne vient pas d'une volonte de prouver quelque chose, je prefere laisser cette blessure de cote. Ce n'est pas cela qui va changer mon mode de vie. Je vis normalement. Il n'y a pas un cours d'eau ou un wadi en Israel que je n'ai pas traverse en portant mes filles sur mon dos".
איציק גבאי. "אני מעדיף לשים את הפציעה בצד" (צילום: FIDF)
Le sport : "le sport a toujours ete essentiel pour moi, quand j'ai quitte l'armee, j'ai commence a faire du sport extreme et du VTT, ainsi que du kayak. J'ai commence a faire du kayak parce que je ne pouvais pas courir avec mes premieres protheses".
Itzik a participe a la "Trans Alp", qui est une course de VTT qui se deroule dans les alpes pendant 8 jours sur 670 km avec 21 metres d'escalade. Il a aussi participe deux fois a la plus longue course de kayak du monde et qui se deroule sur 740 km.
"En 2012, on m'a propose de rejoindre le projet "Strides", et on m'a dit que je recevrais une jambe pour la course a pied et une jambe pour le velo. Ca m'a beaucoup emu de savoir que je pourrais courir de nouveau".
דיוויד פרץ. קטיעה היא מגבלה ולאו דווקא נכות (צילום: שוץ צילום ספורטאים)
L'Ironman : "il y a six mois nous faisions une promenade en velo a New York et nous avons decide de participer a l'Ironman. Meme si je suis tout le temps en train de m'entrainer, environ 20 heures par semaine, nous nous sommes entraines ensemble a Alit. Nous avons une forte volonte, mais la volonte ca ne suffit pas. Pour ce type de sport il faut aussi des protheses de qualite".
David Perets
Age de 53 ans, habitant de Beit Oved, marie et pere de trois enfants.
דיוויד פרץ ואשתו רוית. עישן עד לפני ארבע שנים (צילום: FIDF)
La blessure : au cours de la premiere guerre du Liban, David Perets etait un jeune officier du genie. En 1985, alors qu'il tentait de sauver un blesse pris au piege dans un champ de mines, son materiel lui a fait defaut et David a saute sur une mine. Sa jambe gauche a ete arrachee jusqu'au genou.
Pendant son sauvetage, alors qu'il etait pleinement conscient, il a ete evacue en helicpotere vers l'hopital Rambam de Haifa. En arrivant aux urgences, le medecin lui a demande, tout en marchant : "comment tu vas ?". David a ete surpris par la question, mais il a repondu au medecin : "j'ai perdu ma jambe jusqu'au genou".
Le handicap : "une amputation est un handicap mais pas une invalidite, tout cela a une connotation negative. Je me sens en bonne sante mais avec un certain handicap, il me manque une jambe. Cette blessure ne m'a jamais limite dans mes activites".
Le sport : "il y a encore quatre ans je fumais, et je n'avais jamais fait de sport. Il y a quatre ans j'ai arrete de fumer et j'ai commence a prendre du poids. Suite aux precieux conseils de ma femme et de mes enfants j'ai compris qu'il fallait que je fasse quelque chose".
David s'est joint a un groupe de course a pied, ou il etait le seul ampute. "Je n'ai jamais eu l'ambition de courir sur de longues distances", raconte-t-il en souriant, "j'ai commence par de la marche. Apres j'ai couru deux marathons en entier et j'ai fait un triathlon".
L'Ironman : "c'est la premiere fois que je participe a une course avec d'autres personnes amputees. Nous faisons tout comme tout le monde, sans aide particuliere ni allegement, et c'est un vrai bonheur. Sans le soutien de ma femme et de mes enfants, cela n'aurait pas pu etre possible. Quand les outils sont adaptes a la course et que la formation est bonne, seul le ciel est hors de portee".
Par David Goldstein

Source Haabir-haisraeli.over-blog