lundi 16 février 2015

Netanyahu au Congrès US : quels risques économiques pour Israël ?

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En prononçant un discours devant le Congrès américain et sans l’accord de la Maison Blanche, Benjamin Netanyahu prendra aussi un risque économique. Le discours du candidat Netanyahou, attendu le 3 mars à Washington, c’est-à-dire quinze jours avant les législatives israéliennes, fait l’objet de débats houleux en Israël, dans la presse et l’opinion publique...


Et ce n’est pas seulement l’alliance politique, entre Israël et les États-Unis, qui est en jeu : les relations économiques entre les deux pays pourraient aussi souffrir du discours que le Premier ministre israélien prononcera devant le Congrès américain, à l’invitation des républicains et au grand mécontentement de la Maison Blanche.

ENJEU SÉCURITAIRE : 3 MILLIARDS DE DOLLARS PAR AN

La dégradation des relations politiques entre les deux pays pourrait d’abord se répercuter sur l’aide militaire que le gouvernement américain accorde à Israël : il s’agit de 3 milliards de dollars par an, soit l’équivalent d’environ 20% du budget israélien de la Défense. Autrement dit, le risque de perdre cette manne financière est trop grave pour être pris, surtout pour prononcer un discours devant le congrès américain.
Israël est le principal bénéficiaire de l’aide extérieure des États-Unis. Concrètement, que signifierait pour Israël la perte de l’aide militaire américaine ? Aujourd’hui, c’est le développement par Israël de nouveaux systèmes de défense qui est financé par l’aide américaine, comme le Dôme de fer et le missile antibalistique Arrow ou Hetz (flèche). Sans compter que les fournitures militaires qu’Israël achète aux Etats-Unis sont financées par l’aide américaine : comme, par exemple, les chasseurs furtifs F-35 qui chacun, coûte 150 millions de dollars.

ENJEU ÉCONOMIQUE : RALENTISSEMENT DE L’ACTIVITÉ

En définitive, c’est toute l’économie israélienne qui subira les contrecoups d’une crise politique avec les États-Unis. Les mesures de représailles que les États-Unis pourraient prendre contre Israël sont variées. Par exemple, l’administration américaine pourrait empêcher des entreprises israéliennes d’investir sur le territoire américain, voire d’acquérir des sociétés américaines.
Pour l’économie israélienne, la victime principale d’une crise avec les États-Unis serait, sans doute, le secteur du high-tech : celui-ci perdrait son partenaire incontournable, en termes de coopération industrielle, d’investissements et de recherche. Le glissement vers la récession de l’économie israélienne ne serait plus qu’une question de temps. Pour la vie quotidienne de l’Israélien, le ralentissement de l’activité signifie des pertes d’emplois et une aggravation du chômage.

ENJEU GLOBAL : AFFAIBLISSEMENT DU STATUT D’ISRAËL

Par ailleurs, le statut d’Israël sur la scène internationale est largement dépendant du soutien que les États-Unis lui accordent. Avec la détérioration des rapports israélo-américains, les pays de l’Europe disposeront d’une marge de manœuvre plus grande pour faire pression, politiquement et économiquement, sur Israël. C’est ainsi que les mouvements de boycott contre Israël, nombreux en Europe, auraient beaucoup plus d’impacts si le soutien américain à Israël venait à s’effriter.
Il paraît donc indiscutable que l’économie israélienne aurait à souffrir d’un refroidissement des relations avec les États-Unis. Israël fait partie de l’économie globale, notamment du fait que son économie soit largement dépendante du commerce extérieur. De la même façon que la crise en Russie avait provoqué la chute des exportations israéliennes de légumes, une crise de confiance avec l’Europe ou avec les États-Unis pourrait être fatale à de nombreux secteurs de l’économie israélienne.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley