dimanche 1 février 2015

L’Etat islamique est à moins de 10 kilomètres d'Israel !

 
Ali, le jeune propriétaire arabe du kiosque à pizza à la gare d’autobus centrale de la ville de Hatsor dans le nord de la Galilée déclare sciemment: « quelque chose se prépare ». Il a dit cela mercredi, un jour seulement après les tirs de roquettes en provenance de Syrie sur les hauteurs du Golan. Dix-huit ans passés principalement à servir les soldats en route ou de retour des frontières d’Israël avec le Liban et la Syrie ont fait d’Ali un expert en matière de sécurité... 


Sa petite boutique est décorée avec des épaulettes au logo d’unités de l’armée laissées en souvenir par les soldats. Il connait beaucoup d’entre eux. Il les rencontre au cours de leur service obligatoire, puis en tant que réservistes. Au cours des derniers jours, il a vu des conscrits comme des réservistes. Et des tanks, et des véhicules de l’armée. Voilà comment il a su que quelque chose se tramait.
La distance entre la frontière et la ville défavorisée de Hatsor, parfois touchée par des roquettes, est d’environ 20 kilomètres, une distance offrant des vues panoramiques, un air enivrant et une ambiance sereine. Il y a seulement quelques jours, ces routes étaient bondées d’amateurs de ski exubérants qui affluaient vers le mont Hermon, seule station de ski d’Israël, une terre promise de rare plaisir. Puis des roquettes ont été tirées sur le mont Hermon à partir de la Syrie et la bulle de normalité a éclaté.
Mercredi, un jour après que les sirènes ont soudain retenti dans le paisible Golan, c’était le retour de la routine au siège du Conseil régional de la petite ville de Katzrin. Eli Malka, le président du Conseil, recevait les chefs de l’Union sioniste, Yitzhak Herzog et Tzipi Livni, venus rendre leur obligatoire visite de campagne électorale dans le Golan.

À l’extérieur, ils contemplaient le mont Hermon enneigé lorsque l’illusoire silence s’est transformé en enfer.
Des tirs du Hezbollah ont frappé un véhicule de l’armée en patrouille. Deux soldats ont été tués, sept autres blessés. Les routes ont été bloquées. Une brise agréable de tranquillité s’est transformée en vent de la guerre. Herzog et Livni ont été précipitamment conduits dans l’immeuble par mesure de sécurité. Les deux politiciens se sont dépêchés de faire des déclarations de circonstance, affirmant que le Golan « n’est pas négociable, qu’il est partie intégrante d’Israël ».
Les résidents du Golan sont actuellement plus préoccupés par les questions de sécurité que par l’avenir politique de ce territoire. C’est tout un tournant dans l’histoire complexe du Golan: depuis des décennies, depuis sa conquête par Israël lors de la guerre des Six-Jours de 1967 et son annexion (un acte non reconnu par la communauté internationale), les habitants vivent dans l’incertitude.

À plusieurs reprises, un nouveau plan de paix a prévu l’évacuation du plateau du Golan, à plusieurs reprises, on leur a demandé – en théorie – de choisir entre leur propre maison et la paix éternelle avec leur voisin, la Syrie.
D’autre part, pendant des décennies le Golan a été la région la plus sûre d’Israël. Pas d’attentats-suicides comme ceux qui ont touché le centre d’Israël, pas de tirs récurrents de roquettes comme ceux de Gaza contre les résidents du sud.
Au cours des quatre dernières années, la situation s’est inversée. Plus de discussion possible sur une éventuelle paix avec la Syrie et son dictateur cruel qui massacre son propre peuple. Une évacuation en échange de la paix n’est plus d’actualité. Les résidents du Golan doivent maintenant faire face aux réels problèmes de sécurité.
“C’est vrai, » a confié à jerusalemplus  le Dr. Moshe Farchi, chef des études sur le stress, les traumatismes et la résilience au collège universitaire de Tel-Hai. Farchi, conseiller au Centre sur la résilience mentale du Golan et résident d’un kibboutz de la région, ajoute: « l’évacuation n’est plus d’actualité, mais la menace de sécurité est maintenant plus importante. Dans les deux cas, le programme que nous offrons aux professionnels et aux résidents peut améliorer la résilience de la communauté ».
« Ne pas surdramatiser » a été la méthode adoptée par Dmitry Apartsev pour traiter le traumatisme. Ce sont les recommandations qu’il a données en tant que maire de Katzrin à ses assistants et employés quelques minutes après l’attaque sanglante de mercredi.
Le groupe État islamique et al-Qaida sont loin, très loin, explique Apartsev, 46 ans, qui a immigré de l’ancienne Union soviétique en 1990. «Nous sommes à 12 kilomètres de là où ils décapitent des personnes, à 35 km de l’endroit d’où ils tirent. Damas est à environ 50 km. Si la route était ouverte, nous pourrions aller acheter nos légumes là-bas, au lieu d’aller à Tibériade. Pourquoi s’inquiéter? »
Voilà une analyse très israélienne: une menace vague et distante ne compte pas. C’est un mécanisme d’adaptation qui permet de donner à la vie une apparence de normalité dans une situation anormale.
En plein entretien, Apartsev reçoit un appel d’undirigeant d’une entreprise locale. Il veut que le maire passe le message que tout est calme dans Katzrin afin de ne pas effrayer les clients potentiels. L’économie et les moyens de subsistance sont toujours les victimes immédiates des affrontements militaires. Le Golan vit du tourisme intérieur, mais cette semaine la plupart des réservations et des visites dans les auberges, restaurants et attractions touristiques ont été annulées.
Katzrin, avec ses 7.500 habitants, est pratiquement une “métropole” dans le Golan peu peuplé, qui ne compte que 20.000 Israéliens et un nombre égal de Druzes. Leur destin commun, leur éloignement du centre et leur interdépendance engendrent une coopération unique entre Juifs et Druzes. Maintenant, ils partagent les mêmes menaces sécuritaires.
Il y a quelque chose de trompeur dans le calme de Katzrin. La petite ville est divisée en quartiers qui peuvent agir indépendamment les uns des autres en cas d’urgence. U

n hôpital sous verrous est soigneusement caché sous terre. Cette semaine, les abris ont été ré-ouverts et nettoyés. Pas de panique, seulement de la vigilance. Selon l’hypothèse de base d’Apartsev si des roquettes sont tirées, sa ville isolée peut survivre de manière autonome pendant 48 heures.
Mais Apartsev choisit de voir une opportunité dans la situation géopolitique actuelle, plutôt qu’une menace: « Nous pouvons construire et développer le Golan sans que personne ne regarde par-dessus notre épaule. Nous n’y avons jamais eu la paix, et il n’y aura pas de paix.
Il n’y a aucune raison d’avoir peur ».
Maintenant que la “menace de la paix” a été supprimée, Katzrin s’apprête à absorber une nouvelle vague d’immigrants: 33% de ses habitants sont des immigrants de l’ancienne Union soviétique et ils veulent maintenant de nouveaux venus de France.

La ville peut leur offrir des opportunités: de nouvelles initiatives, une communauté chaleureuse et en bonus, pouvoir jouer un rôle dans l’histoire.
Les médias israéliens appellent cette nouvelle situation dans le nord une “guerre d’usure”.
Les résidents des hauteurs du Golan préfèrent dire que c’est toujours l’endroit le plus sûr.
 


Source JerusalemPlus