Caillassage, verre brisé, lacrymos... Plusieurs milliers de sympathisants pro-palestiniens - entre 5.000 et 10.000 selon les organisateurs - ont bravé l'interdiction de manifester, ce samedi, en faveur des Palestiniens de Gaza. Mais le rassemblement a rapidement dégénéré en affrontements spectaculaires avec les forces de l'ordre, qui ont procédé à au moins 40 interpellations. Une quinzaine de policiers ont été blessés, a-t-il par ailleurs été précisé, selon un bilan encore provisoire....Video...
Des dizaines de manifestants s'en sont pris aux CRS et gendarmes mobiles, sans relâche pendant plusieurs heures, dans le nord de la capitale, autour du carrefour Barbès. A leurs jets de pierres et de bouteilles, ils ont répliqué avec des grenades lacrymogènes. L'air est rapidement devenu irrespirable.
En début de soirée, les affrontements ont laissé place à un spectacle de désolation urbaine. Les boulevards autour de Barbès étaient recouverts de bris de glace, entre abribus et cabines téléphoniques détruites, et deux camionnettes de la RATP étaient calcinées au milieu de la chaussée, ainsi que des poubelles.
Au moins deux drapeaux israéliens ont été déchirés et brûlés, sous les applaudissements de la foule. En tête du cortège, de jeunes hommes, keffiehs sur le visage, défiaient les CRS en les filmant avec leurs smartphones, avant les premières altercations.
La manifestation avait été interdite vendredi par la préfecture de police, évoquant des "risques graves de trouble à l'ordre public" après les heurts du 13 juillet devant deux synagogues, en marge d'un autre rassemblement.
Samedi à la mi-journée, le président de la République François Hollande avait lancé une dernière mise en garde depuis le Tchad, où il se trouve en visite officielle, avertissant que "ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité".
Mais, vers 15 heures, plusieurs centaines de militants, certains munis de pancartes, s'étaient massés sur le carrefour situé près de la Gare du Nord. "Nous sommes tous des Palestiniens" ou "Palestine vivra, Palestine vaincra", ont-ils scandé, sous l'oeil attentif de très nombreux CRS positionnés aux alentours.
"C'est l'interdiction qui nous a donné envie de venir", ont expliqué Louisa et Mourad, 26 et 27 ans, qui manifestaient pour la première fois pour Gaza. "Ce qui se passe là-bas est très grave et on nous empêche de crier notre colère en manifestant", explique la jeune femme.
"Que la manifestation soit autorisée ou non, il va y avoir des centaines ou des milliers de jeunes qui vont converger vers Barbès samedi", avait prévenu vendredi Alain Pojolat, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), seul parti politique à avoir maintenu son appel au rassemblement.
Le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, avait appelé à ne pas se rendre au rassemblement. Si des manifestants "ou des contre-manifestants" tentaient d'y participer, ils prendraient le risque "d'être contrôlés, interpellés et remis à la justice", avait-il prévenu samedi.
Le parquet avait rappelé de son côté que le fait d'organiser un rassemblement interdit est passible d'une peine de six mois de prison et de 7.500 euros d'amende.
Plusieurs rassemblements ont eu lieu ce samedi dans d'autres grandes villes. A Marseille, 3.000 personnes se sont rassemblées selon la préfecture et à Lyon environ 4.000 personnes. A Strasbourg ils étaient 1.300, selon la police. A Avignon dans la matinée, quelque 1.500 personnes s'étaient rassemblées dans le calme.
Source BFM