Dans les journées dramatiques que traversent Israël, la voix de la raison peut-elle encore se faire entendre ? C’est ce que croit Rachel Fraenkel. La mère d’un des trois adolescents assassinés par des terroristes palestiniens, a annoncé son intention de rencontrer la mère de Mohamed Abu Khdeir, assassiné par des juifs extrémistes. Ensemble, pourront-elles réussir où les hommes politiques ont échoué...
Il ne faut pas que nos enfants deviennent des instruments de lutte avait dit Rachel Fraenkel à la tribune de l’Onu à Genève. Les mères des trois adolescents israéliens, Naftali Fraenkel, Eyal Yifrach et Gil-ad Shaar s’étaient rendues à Genève pour demander l’aide de la communauté internationale ne sachant pas encore que leurs trois enfants avaient déjà été assassinés de sang-froid par des terroristes palestiniens. L’actualité de ces derniers jours montre que les adolescents sont bel et bien devenus des instruments du conflit israélo-palestinien.
Quelques heures après l’enterrement des trois adolescents, trois à six jeunes israéliens âgés de 16 à 23 ans kidnappent et tuent un adolescent palestinien de 16 ans. Pendant de longues journées, Israël a espéré que ce crime n’était pas le fruit d’une vengeance. L’arrestation par la police de six suspects, juifs israéliens, a créé une onde de choc en Israël et notamment dans les milieux de la droite israélienne.
Pour le rabbin Yoël Bin Nun, un des leaders du sionisme religieux, qu’une frange même extrêmement marginale de notre jeunesse soit capable d’une telle ignominie équivaut à un tremblement de terre, à une trépidation. La barbarie est l’antithèse du monde juif. Que l’on découvre que l’inhumanité qui caractérise le terrorisme palestinien ait réussi à s’infiltrer au sein de notre jeunesse, même s’il ne s’agit que de six jeunes isolés, est comme une convulsion et un vacillement de nos valeurs.
Comme après l’assassinat du premier ministre Itshak Rabin, ce nouvel acte de terrorisme juif, interpelle donc tout Israël. Le dilemme n’est pas simple poursuit le ministre de l’éducation, le Rav Shai Piron: Comment demander à toute une jeunesse, de garder son humanisme, lorsque la cruauté du terrorisme palestinien dépasse les lignes rouges et s’attaque à des adolescents et à des populations civiles de Sederot et d’Ashkelon. Une frange totalement marginale, à la limite de délinquance juvénile, de la criminalité, du nationalisme extrémiste et du messianisme meurtrier perdent le sens de nos valeurs millénaires. Malgré la violence qui caractérise notre région et beaucoup de nos ennemis, notre devoir est de transmettre les bons messages. Car la tradition d’Israël ne peut tolérer en son sein de tels phénomènes, même s’ils sont le fait d’une frange totalement minoritaire.
La vraie lueur d’espoir commente un des leaders du mouvement de jeunes religieux sionistes, le Bné Akiva, c’est le vent de colère que soulève le meurtre du jeune palestinien au sein de notre jeunesse. Certes, il y a des extrémistes, mais la grande majorité a honte. Alors que dans la rue palestinienne, les jeunes distribuaient fièrement des sucreries en apprenant la mort de nos trois adolescents.
Au-delà des questions morales, ces actes de violence peuvent précipiter toute la région dans la débâcle. L’histoire a montré comment l’acte d’un seul homme pouvait faire basculer toute la région dans l’engrenage de la guerre.
Dans cette atmosphère dramatique, la femme qui a déjà ému et impressionné tout Israël et aussi le monde, par sa force morale et sa grandeur d’âme a de nouveau l’intention de créer un précédent.
Rachel Fraenkel a dès l’annonce de l’arrestation des coupables du meurtre du jeune palestinien fait savoir qu’elle avait l’intention de rencontrer la mère de Mohamed Abou Khdeir.
Ces semaines où les extrémistes des deux camps ont osé mêler des enfants au conflit sanguinaire, Rachel Fraenkel veut redonner à Israël la voix de la raison. Elle veut rappeler au monde l’Israël, lumière des nations, expliquer l’absurdité et la détresse et fustiger l’extrémisme.
Une démarche naïve ? Il ne nous reste que notre naïveté pour changer le monde a répondu Rachel Fraenkel.
Katy BISRAORSource Tribune Juive