Les États-Unis vont envoyer des batteries anti-missiles Patriot et des avions de chasse à la Jordanie, à la demande du royaume, pour renforcer ses capacités de défense face à une possible attaque de la Syrie voisine. Le matériel est envoyé dans le cadre des préparatifs de manœuvres militaires conjointes qui se tiennent chaque année, mais il est fort probable que les matériels restent après la fin des exercices.
Les batteries Patriot sont conçues pour détecter et abattre les Scud et autres missiles à courte portée, que l'on trouve en grand nombre dans l'arsenal syrien.
Ils pourraient également être utilisés dans la mise en œuvre d'une zone d'exclusion aérienne – à laquelle les Etats-Unis sont pour l'instant opposés.
Mais qui reste une des options envisageables si la situation syrienne se détériore – comme une possible offensive militaire américaine.
Une série de succès militaires du régime face à la rébellion pourrait changer la donne et contraindre la communauté internationale à intervenir.
Des responsables jordaniens ont confirmé l'envoi des batteries Patriot ainsi que des avions de combats, " de 12 à 24 F-16" pour participer aux manœuvres "Lion Eager."
Les batteries viennent probablement d'un des Etats du Golde où elles avaient été déployées.
On se sait pas encore si les avions F-16 seront déployés dans une base aérienne du pays, ou carrément à proximité de la frontière syrienne – ce qui n'aurait pas la même signification.
La plupart des responsables militaires interrogés sous couverts d'anonymat que les matériels resteraient sur place au-delà de la fin de la période d'entrainement, mais là encore, rien n'est officiel.
Pour les Etats-Unis, la présence du matériel sur place se justifie : " la Jordanie est un de nos alliés, nous nous devons de répondre à leur demande de sécurité'.
Une décision qui n'est pas du goût de la Russie, un des principaux alliés de Bashar el-Assad :" "Nous avons déjà exprimé à maintes reprises notre position sur cette question : les armes étrangères dans la région alimentent une situation explosive" a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexander Lukashevich, oubliant la fourniture des missiles S-300 russes au régime syrien.
La Jordanie, qui accueille le contingent le plus important de réfugiés syriens – dont des rebelles – craint que le régime syrien ne décide d'attaquer les pays voisins qui protègent l'opposition au régime d'Assad.
Depuis plusieurs semaines, des roquettes syriennes, officiellement des tirs perdus, atteignent des villages jordaniens.
En Janvier, l'OTAN a déployé des batteries de Patriot entre la Turquie et la Syrie.
Le mois dernier, les Etats-Unis ont envoyé environ 200 soldats d'une unité d'élite en Jordanie.
Officiellement pour aider le royaume hachémite à maintenir l'ordre le long d'une frontière devenue mouvante et dangereuse; parmi ces soldats, des spécialistes de blindés, de la logistique, et …du renseignement.
Dans le meme temps, des heurts entre la police et la population sont constatés.
Rendus furieux par la mort de deux des leurs tués par les forces de sécurité, ils ont attaqué des bâtiments gouvernementaux et ont affronté la police
Les autorités jordaniennes ont agi rapidement pour empêcher que ces émeutes ne gagnent la capitale Amman ; des forces anti-émeute ont été dépêchées sur place pour disperser les manifestants.
Aucune victime n'a été signalée et le gouvernement n'a annoncé aucune arrestation mais, bien que le gouvernement ait annoncé avoir repris le contrôle des parties vitales de la ville, la situation demeure volatile et des hommes armés continuent à arpenter les rues en tirant en l'air.
Les manifestants déclarent qu'ils ne rentreront chez eux qu'une fois les auteurs des tirs punis et les chefs tribaux demandent au gouvernement de traduire en justice les responsables de la mort des deux hommes, brandissent la menace d'une campagne de désobéissance civile si leur demande n'est pas satisfaite.
Les deux hommes qui ont été tués appartenaient à des tribus locales influentes dans cette ville du désert située à 300 km au sud de la capitale.
Ils étaient recherchés pour interrogatoire par la police.
Une vidéo postée sur les réseaux sociaux a montré des policiers en civil pavoisant sur les corps des deux hommes après leur avoir tiré dessus.
La diffusion de cette vidéo provocatrice intervient dans un contexte de tension qui couve depuis des semaines dans la ville après le meurtre de quatre personnes à l'Université du Roi Hussein Maan en avril dernier, à l'issue d'une rixe entre deux tribus lors d'une cérémonie pour célébrer la Journée de l'Indépendance.
"La ville est une bombe à retardement, avertit une source policière, la place principale de la ville ressemble à un champ de bataille".
Les habitants, eux, expliquent que leur problème avec les autorités est plus profond. Ils disent qu'ils se sentent trahis par le roi Abdallah alors qu'ils ont aidé la famille régnante à stabiliser la Jordanie.
De nombreux habitants de Maan sont pauvres, se nourrissant principalement de pain subventionné par le gouvernement
Le chômage se situe à près de 30%, les infrastructures sont quasi inexistantes et les jeunes sont de plus en plus frustrés par le manque d'emplois.
Maan, pourtant la plus grande ville du sud de la Jordanie, située à un carrefour vital qui relie Amman à la ville portuaire d'Aqaba et la route internationale menant à l'Arabie saoudite, abrite près de 50.000 personnes; c'est aussi l'une des cités les plus pauvres de la Jordanie.
Source Israel Infos