Il y a de cela peu de temps, Rehavia était le secteur le plus recherché de Jérusalem. Même si le quartier n’est plus ce qu’il était sous mandat britannique et même jusqu’aux années 1960, il est toujours considéré comme un quartier résidentiel haut de gamme, aux accents quelque peu d’Europe centrale. Il est aussi, rappelons-le, le lieu de résidence du Premier ministre.
Au début du siècle dernier, l’Agence juive s’attendait à un flux important d’immigrants d’Europe centrale, c’est-à-dire d’Allemagne, d’Autriche, de Tchécoslovaquie, de Hongrie et de Pologne. Dans le but de créer des logements confortables pour ces familles, l’Agence a planifié un quartier pour la classe moyenne où les appartements s’inspireraient de l’architecture allemande et des Etats qui ont émergé de la fin du vaste empire des Habsbourg, qui s’est désintégré à la fin de la première guerre mondiale.
Le look du nouveau quartier a été confié à l’architecte allemand Richard Kaufmann. Avec une idée majeure dans sa planification urbaine : l’incorporation du concept des quartiers urbains verts de Sir Ebenezer Howard. Une initiative qui s’associait à merveille avec les idéaux sociaux et environnementaux du sionisme.
Howard était un architecte anglais et un pionnier. C’est lui qui a inventé le concept du jardin en pleine ville. Les travaux de planification et de construction à Rehavia ont débuté au début des années 1920. Jérusalem était alors une petite ville, mais Kaufmann était très consciencieux, aussi dessina-t-il les plans de Rehavia sur la base d’une banlieue « verte » avec de nombreux jardins, digne d’une vaste métropole aux couleurs des villes vertes howardiennes d’Angleterre et d’Amérique.
L’idée donc, était de créer une série d’immeubles résidentiels, non reliés les uns aux autres, et entourés de leur jardin individuel, contrastant avec les rues aux maisons mitoyennes des capitales européennes qui étirent les rues à l’infini.
Kaufmann avait en tête un objectif : faire de Rehavia un quartier tranquille, à une distance de marche du centre ville, de la grande rue King George et de la rue Yaffo. Les artères sont intentionnellement étroites afin d’éviter un trafic trop important.
Les commerces s’y font rares, car ils ne sont autorisés que dans les rues principales comme Keren Kayemet leIsrael, King George, Oussishkin, et plus tard Aza. Une mesure qui a permis au quartier de conserver son calme et son aura de zone de « classe supérieure » jusqu’à aujourd’hui.
De présidentiel à résidentiel
La plupart du secteur a été construit dans les années 1920, 1930 et 1940. Les maisons de pierres sont solides, et certaines s’inspirent du style Bauhaus. L’intention était donc de maintenir au sol des jardins fleuris. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas.
Le système de copropriété ne parvenait pas tout à fait à maintenir en état les jardins, les espaces communs n’étant pas le problème majeur des propriétaires. A ses heures de gloire, le quartier était le lieu de résidence de célébrités, la crème des intellectuels et de l’élite politique, incluant des ex- Premiers ministres pour ne pas nommer David Ben Gourion et Golda Meir.
La première demeure officielle du président était à Rehavia.
Aujourd’hui, le quartier connaît une mutation de sa population. Même s’il reste cher et bien placé, l’ancienne génération des premiers résidents a disparu de sorte que les logements sont loués à des étudiants ou des étrangers.
Le prix de la location d’un trois pièces assez ancien, cible de choix des étudiants, est assez bas, soit 4 500 shekels par mois, alors qu’un beau quatre pièces peut se louer 4 000 dollars.
A Rehavia, la demande surpasse souvent l’offre, donc tout ce qui entre sur le marché est très rapidement pris. Aussi bien pour les ventes que pour les locations.
Le quartier est attirant pour des étudiants aisés. A la fois proche de l’université de Givat Ram et des cafés et restaurants de la rue Aza. Pour les résidents étrangers, la proximité du centre ville est séduisante.
Mais malgré le flot de cette population « temporaire », Rehavia a tendance à conserver son aspect résidentiel. L’offre est limitée, étant donné qu’il n’y a pas d’espace constructible.
Seuls les projets de destruction des anciens immeubles pour reconstruire du « neuf » offrent de nouveaux logements.Chose difficile à accomplir, puisque la majeure partie des édifices sont classés patrimoine national à conserver.
Certains optent pour une meilleure solution qui est d’ajouter des appartements à des immeubles existants. Ils sont alors soumis à une forte demande. Les étages ajoutés s’intègrent dans des immeubles aux façades en pierre, qui sont rénovés pour l’occasion.
Les espaces publics comme les entrées, les halls et les escaliers sont refaits et les nouveaux appartements sont dessinés sur les plans anciens : avec de hauts plafonds et de grandes chambres, mais avec une touche moderne et technologique.
Ils atteignent des prix de luxe : de 10 000 à 12 000 dollars le mètre carré, tandis que les penthouses construits au dernier étage de ces vieux immeubles caressent les 15 000 voire les 20 000 dollars le mètre carré.
Source JerusalemPost