dimanche 17 février 2013

Ce qui est arrivé à Benjamin Netanyahou



Le likoud n'a officiellement pas encore procédé à une introspection qui lui permettrait de comprendre comment il a été rejeté par une partie importante de ses électeurs traditionnels, mais tout les observateurs en connaissent la raison essentielle : Benjamin Netanyahou.
C'est, avant tout, lui, qui a perdu la confiance de son électorat, essentiellement en raison de la multiplication de promesses et de prises de positions contradictoires qu'il n'a jamais honorées.Si bien que de nombreux israéliens – au-delà des électeurs et des opposants au likoud – se demandent encore aujourd'hui Benjamin Netanyahou.


Le récent discours prononcé à l'Université Bar ilan par exemple (deux états libres côte à côte) , contredit les positions essentielles de son parti.
Un changement d'orientation tellement radical n'a pourtant soulevé aucune vague dans le parti du Premier ministre, dont les instances n'ont même pas été consultées.

Pour une raison simple : ils vous diront que c'est un "stratagème"; autrement dit, ils ne croient pas un mot du discours de Netanyahou.
Bien sur, ils ne se demandent pas si le pays peut être gouverné à coups de stratagèmes; mais le résultat de cette stratégie a trouvé son aboutissement dans la campagne électorale – alors que likoud-beteinou s'est révélé incapable de produire une plate-forme programmatique – et sa traduction dans les urnes, un fort recul sans précédent.

Dans le passé, le Mapaï, (parti de gauche co- fondé par David ben Gurion, et parti dominant de l'échiquier politique israélien jusque dans les années 60 ) finit par perdre la confiance de ses électeurs, sous le poids des mensonges et des incohérences politiques; il ne dut sa survie qu'a à la fusion avec d'autres partis pour fonder le parti travailliste en 1968.
En virevoltant sur des questions cruciales pour sa famille politique, Benjamin Netanyahou a détruit une partie du cœur de ce qui fait la droite nationaliste israélienne et il en a payé le prix.
C'est parce qu'il l'a senti, en fin politique qu'il est, qu'il a choisi de fusionner la liste du likoud avec celle d'Israel Beteinou, ce qui lui a probablement permis d'éviter une débâcle électorale.

De nombreux commentateurs politiques ont affirmé que, à l'image de la percée électorale de son père (Tommy Lapid, avec l'irruption du parti Shinouï lors des éléctions législatives de 2003), Yaïr Lapid et son parti, Yesh Atid, ne seraient l'homme et le parti d'un seul scrutin.
Lors d'un débat télévisé, Lapid affirmait refuser de transiger ou de se compromettre quant aux orientations politiques essentielles de son parti.
C'est effectivement sur cette base qu'il a été élu, et notamment ses positions sur "un service national pour tous".

Si ses électeurs lui pardonneront quelques concessions dans le cadre des négociations, ils ne lui pardonneront aucune concession majeure; à défaut, il disparaîtra plus vite encore de l'arène politique qu'il n'y est arrivé.
Parti historique israélien, le likoud a subi une défaite mais n'a pas disparu; Lapid et son nouveau parti, passeraient, eux, "à la trappe", d'autant que sa campagne s'est construite autour de l'intégrité de ces dirigeants.

De l'autre côte de l'échiquier, l'ascension rapide de Naftali Bennett et d'Habayit Heyehudi (Maison juive) a été rendue possible par la perte de confiance des électeurs de la droite nationaliste et/ou religieuse en le parti de benjamin Netanyahou, et ses prises de positions contradictoires concernant les implantations juives ou la question d'un hypothétique état palestinien.
Bennett a désormais le souci de montrer qu'il n'est pas l' "extrémiste" que l'on a présenté et devrait montrer quelque souplesse dans les négociations avec les autres partis pour former une coalition gouvernementale.
Mais les électeurs qui l'ont propulsé à la Knesset avec 11 sièges ne lui pardonneront pas de concessions sur l'essentiel de son programme.
Les électeurs de Lapid ne l'ont pas élu pour faire avancer les négociations avec les palestiniens mais pour faire passer une loi qui rende le service national obligatoire pour tous.
Les électeurs de Bennett ne l'ont pas élu sur la question du service national, mais pour éviter un état palestinien.

La principale leçon des dernières élections est avant tout une indication sur la maturité politique des israéliens : il ont décidé de jeter aux orties les combinaisons électorales qui ont gangrené les trente dernières années de vie politique de leur pays, comme les leaders qui renvoient aux calendes grecques leurs promesses électorales.

Source Israel Infos