jeudi 3 décembre 2020

Le réalisateur israélien Simcha Jacobovici met en scène Samuel L. Jackson dans une série sur l'esclavage (Vidéo)


Dans une série documentaire ambitieuse et instructive réalisée par l'israélien Simcha Jacobovici et diffusée à partir de ce 3 décembre sur Histoire, l’acteur Samuel L. Jackson, deux journalistes et des plongeurs sous-marins racontent la traite d’êtres humains........Détails & Vidéo.......

« Aujourd'hui c'est un paradis tropical, mais hier, c'était la porte de l'enfer », souffle Samuel L. Jackson les yeux tournés vers le large. Il est au Gabon, sur la côte d'où on estime qu'un million d'êtres humains ont été embarqués vers le Nouveau Monde. 
L'enfer pour 12 millions d'Africains arrachés à leur continent et vendus comme esclaves. Parmi eux, ses ancêtres.
Grâce à un test ADN, la star hollywoodienne a pu renouer avec ses racines ici, au sein de la tribu des Benga. 
Intronisé comme « le fils perdu qui est revenu », puis baptisé Nietiti, l'étoile. « Quand tu repartiras, tu pourras dire aux autres : j'ai trouvé d'où je viens », lui glisse le roi des Benga. 
Ces images, fortes, sont tirées du premier des six épisodes de la série documentaire « Esclavage » qu'Histoire diffuse par deux les jeudis 3, 10 et 17 décembre.
Six épisodes d'une série ambitieuse et instructive que le comédien a coproduite. Et qu'il porte. 
De ces racines retrouvées va se dérouler le fil de cette triste histoire si peu connue. 
Il s'agit de la raconter, de l'expliquer, « de combler les lacunes nombreuses et profondes à ce sujet », estime Simcha Jacobovici, le réalisateur.
« Je me considère comme un être plutôt éduqué, j'ai étudié à l'université, explique Simcha Jacobovici, joint au téléphone en Israël, où il demeure. 
Et pourtant, je ne savais pas que cela avait duré 400 ans, que 12 millions d'êtres humains avaient été enlevés et vendus et que 2 millions en étaient morts, notamment dans des naufrages. » 
Deux millions et un millier d'épaves qui jonchent le fond de l'océan et que nul n'explore jamais.

En quête de vérité au fond de l'océan

« Pas assez d'argent, ça n'intéresse personne », lui ont répondu les archéologues maritimes qu'il a pu rencontrer lors de ses nombreuses collaborations avec James Cameron, notamment sur le documentaire « Atlantide, la cité perdue ». « Je me suis dit que ce pourrait être incroyable de raconter l'histoire de la traite transatlantique au travers de cette aventure et de plonger vers ces bateaux engloutis », poursuit-il.
Il se met alors en contact avec les plongeurs du DWP – Diving With a Purpose (plonger avec un but) – groupe bénévole œuvrant à la protection, la documentation et l'interprétation des naufrages liés à la traite des esclaves. Des plongeurs et des épaves à explorer, une histoire à raconter… il fallait une tête d'affiche pour permettre le financement.
« On me disait, ok, fais une heure, mais je voulais faire une série, ajoute le réalisateur. En un seul film, vous n'avez pas le temps de développer le propos, vous montrez les Africains victimes et c'est tout, vous ne montrez pas la résistance, les personnages, la culture ».
Il pense à Samuel L. Jackson. Plongeur lui-même, ce dernier a étudié les océans avant de devenir l'un des acteurs les plus rentables d'Hollywood. C'est aussi un acteur engagé pour la cause des droits civiques. 
« Je me suis dit, si je peux le rencontrer et le convaincre, je pourrai ensuite convaincre les télévisions », se souvient le documentariste. 
Non seulement Jackson a accepté, mais il coproduit et apparaît à l'écran pour mener l'enquête.
On le voit aux côtés de Simcha Jacobovici, mais aussi de la journaliste britannique Afua Hirsch. Ils rencontrent des historiens, archivistes, archéologues qui évoquent ce commerce d'humains. 
Ils disent ceux qui en ont bénéficié, racontent les conditions de voyages, les révoltes, l'abolition mais aussi la culture africaine qui a infusé un peu partout.
De leur côté, les plongeurs du DWP explorent ou se mettent en quête d'épaves dont on nous raconte l'histoire, une façon concrète de retracer comment les déracinés ont vécu ce traumatisme. 
Des morceaux d'histoire engloutie qu'ils ressortent à chaque épisode.
Au Gabon et au Ghana, en Ethiopie, au Canada et aux Etats-Unis, mais aussi au Brésil, où près de la moitié des Africains asservis ont été vendus, au Costa Rica, au Suriname et en Jamaïque – les Caraïbes ont concentré 36 % des esclaves – et bien sûr en Europe, en Angleterre, en Espagne et au Portugal, qui se sont enrichis, enquête et quêtes sous-marines sont tissées. Des reconstitutions illustrent les épisodes historiques racontés.
« Centre trente-deux pays ont déjà acheté la série, se réjouit Simcha. Sans Samuel, ça aurait été difficile, nous pensions l'avoir quelques jours, une semaine au plus, mais il s'est toujours montré disponible pour nous, plusieurs semaines au final, c'est énorme, souffle-t-il. 
Il a donné de sa personne parce qu'il voulait servir un propos, un but plus grand, celui d'éduquer la planète au sujet de la traite des noirs. »

«Un monde construit en grande partie sur l'esclavage»

Une histoire si peu connue au final. Mais qui a tant d'incidences aujourd'hui. Le métissage des populations, des cultures, des savoirs, des immenses fortunes aussi… 
« Notre monde a été construit en grande partie sur l'esclavage », estime Simcha. Et des ressentiments. 
« Aujourd'hui, excepté le coronavirus, ce sont les relations entre les noirs et les blancs qui font les gros titres, poursuit-il. Les manifestations, ces tensions et ces confrontations sont aussi dues à ce vide dans l'histoire qu'on va, j'espère, aider à combler. »
Selon lui, ce pan historique, gênant, « a été supprimé consciemment ou pas ». Et de donner l'exemple de cette fosse commune d'esclaves mise au jour à Lagos, au Portugal. 
« Ils étaient enterrés parfois attachés, avec leur bébé, raconte-t-il. Au lieu d'édifier un mémorial pour raconter ce qui s'est passé à cet endroit, ils ont construit un minigolf dessus. C'est la parfaite métaphore du problème. Comment voulez-vous que les gens sachent ? »
« Il faut arrêter le déni et regarder les choses en face pour progresser », assure-t-il encore. 
Et les choses changent. Un peu. « Nous avons tourné à Bristol, en Angleterre, à côté de la statue d'Edward Colston, un bienfaiteur pour la ville mais qui devait sa fortune à l'esclavage, raconte-t-il. 
Cette statue s'est retrouvée à la une des journaux du monde entier parce que des manifestants du mouvement Black Lives Matter l'ont déboulonnée et jetée dans l'eau! Comme si l'histoire, en marche, nous rattrapait. »

« Esclavage », série documentaire canadienne de Simcha Jacobovici (2020), les jeudis 3, 10 et 17 décembre, à 20h50, sur la chaîne Histoire. (6x60 minutes) 


Source Le Parisien & Koide9enisrael
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