Mardi, le Trésor américain a annoncé des sanctions contre Youssef Fenianos, du parti Marada et ministre des Transports de 2016 à janvier 2020, et contre Ali Hassan Khalil, un pilier du parti Amal et ministre des Finances de 2014 à janvier 2020.
Les deux ex-ministres sont accusés par le Trésor américain d'avoir aidé le Hezbollah, une organisation considérée comme «terroriste» par les États-Unis. «Nous considérons cette décision injuste comme une marque d'honneur pour nos deux chers amis», a affirmé dans un communiqué le Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise et visé depuis des années par des sanctions américaines.
Protégé de l'Iran, pays ennemi des États-Unis, le Hezbollah est la seule faction libanaise à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990) et a été engagé dans plusieurs guerres contre le voisin israélien.
«Tout ce qui émane de cette administration (américaine) est condamné et rejeté», a ajouté le Hezbollah. Washington «ne parviendra pas à réaliser ses objectifs au Liban», a-t-il averti.
L'accès au système financier américain bloqué
Membre du parti chiite Amal, M. Khalil est accusé par le Trésor américain d'avoir œuvré pour des transferts d'argent depuis des ministères vers des institutions associées au Hezbollah, de manière à contourner les sanctions américaines. Quant à M. Fenianos, du parti Marada, il est accusé par le Trésor américain d'avoir reçu «des centaines de milliers de dollars» du Hezbollah en contrepartie de faveurs politiques et d'avoir fourni à ce mouvement des documents sensibles sur le tribunal spécial de l'ONU qui a déclaré l'un des membres du Hezbollah coupable de l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.
Pour les deux ex-ministres, les sanctions signifient que leurs éventuels avoirs aux États-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur est bloqué.
Le parti Amal, dans un communiqué, a jugé que les sanctions américaines «ne visent pas seulement un individu» mais aussi «le Liban, sa souveraineté et la ligne politique à laquelle appartient» M. Khalil.
Le parti Marada du chef politique chrétien Sleimane Frangieh, a dénoncé une décision américaine destinée à «punir» M. Fenianos pour ses «positions et convictions».
Les partis Amal et Hezbollah jouissent d'une forte popularité au sein de la communauté chiite libanaise.
Mais leurs dirigeants respectifs, Nabih Berri et Hassan Nasrallah, sont très critiqués par un mouvement de contestation anti-pouvoir qui réclame depuis des mois le départ de l'ensemble de la classe politique quasi inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d'incompétence.
Outre une crise économique d'une gravité sans précédent et une quasi absence des services de base, une explosion dévastatrice et meurtrière le 4 août au port de Beyrouth a exacerbé la colère d'une grande partie de la population pour qui ce drame constitue une nouvelle preuve de l'incurie de la classe dirigeante.
Source Le Figaro
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