Un tour du monde qui donne une idée de la fragilité des sites exceptionnels face aux périls, qu’ils soient humains ou climatiques.
En effet, dans ce classement 2020, la France est bien présente, bien évidemment avec Notre-Dame de Paris, après l’incendie du 15 avril 2019, mis en parallèle avec les incendies du Musée national du Brésil, à Rio de Janeiro ou le « Mackintosh Building » de l’Ecole d’Art de Glasgow. Le symbole de Paris a été ajouté alors que les conséquences du feu et les travaux de restauration sont encore ardus ; « la perte évitée de justesse d’une cathédrale admirée et faisant figure d’icône mondiale nous rappelle la profondeur de la connexion humaine au patrimoine culturel et le traumatisme personnel que leur destruction peut amener » ajoute le « World Monuments Fund » qui l’a ajouté à sa liste « en hommage et en solidarité aux experts, travailleurs et membres du public contribuant au long chemin qui s’annonce ».
Notre-Dame de Paris est particulièrement éclairante parce qu’elle illustre à la fois les risques humains et temporels pour les monuments. Parmi les 24 autres monuments, les risques sont d’abord dus à l’homme : les maisons traditionnelles du vieux quartier juif de Boukhara, en Ouzbékistan, abandonnées par l’exil de la communauté juive ; le palais d’Assiout, en Egypte, construit sous l’époque coloniale et laissé à l’abandon, pourrait bien plus bénéficier d’une transformation en musée ; les bains publics d’Inari-yu, à Tokyo, se voient menacer par les changements de la société japonaise traditionnelle ; le « Bears Ears National Monument », sur les terres des Pueblos, dans l’Utah, menacé par l’affluence touristique ; le « Woolworth Building » dans le quartier afro-américain de San Antonio, au Texas, menacé de démolition ; le « Canal Nacional », à Mexico, menacé par les plans d’urbanisme ; le bazar d’Anarkali, à Lahore, en Inde, menacé par la négligence et la surpopulation ; la chapelle Kindler, dans le cimetière évangélique de Pabiance, à Lodz, en Pologne, menacé par les grands projets urbains dopés par le passage à l’économie de marché ; le district d’Imawatsu, sur l’île de Shikoku, au Japon, menacé par l’exode rural ; les sanctuaires de la vallée de Kathmandu, menacés par l’expansion de l’économie népalaise ; les maisons en teck traditionnelles de Birmanie, menacées par les changements au sein du pays et, surtout, le sanctuaire de Mam Rashan, dans le nord de l’Iraq, appartenant à la religion yézidie qui fut terriblement persécutée par Daesh.
L’urgence climatique se fait aussi sentir, que ce soit dans la préservation du village d’Orongo, sur l’île de Pâques, menacé par l’océan ; le district historique de Central Aguirre, à Salinas, sur l’île de Puerto Rico, frappé par l’ouragan Maria ; le stade Sardar Vallabhbhai Patel, à Ahmadabad, en Inde, menacé par des décennies de mauvais entretien ; le système d’irrigation du plateau de Deccan, toujours en Inde, construit à l’époque des sultans moghols et qui pourrait être efficacement utilisé pour les populations locales ; les maisons « gingerbread » de Port-au-Prince, en Haïti, toujours menacées par les conséquences du tremblement de terre de 2010 ; enfin, la Vallée Sacrée des Incas, réunissant les anciens domaines des anciennes populations du Pérou à l’ombre du plus célèbre Machu Picchu, pourrait bien perdre un combat long de plusieurs décennies contre la construction d’un aéroport.
Le « World Monuments Fund », enfin, donne un coup de projecteur sur des programmes déjà engagés, mais qui peinent à la tâche : Koutammakou, terre du peuple batammariba, au Togo et au Bénin, bénéficie d’aides accrues de la part de l’Etat togolais ; « Ontario Place », au Canada, l’immense complexe récréatif inauguré en 1971 et fermé en 2012, est reconnu comme héritage culturel, mais se voit menacer par les mauvaises décisions du gouvernement ; le viaduc de Bennerley, dans le Derbyshire et le Nottinghamshire, en Angleterre, qui peut bénéficier d’un programme de conversion en piste cyclable ; les maisons à cour du quartier d’Axerquia, à Cordoue, bénéficie d’un véritable effort de régénération de la part de l’Unesco et des habitants, mais qui pourrait aller plus loin ; le temple du Choijin-Lama, à Oulan-Baator, en Mongolie, qui bénéficie d’un retour des pratiques bouddhistes, mais que le gouvernement a du mal à aider ; le parc national de Tusheti, en Géorgie, qui pourrait s’avérer d’un enjeu capital pour le développement du tourisme.
On le voit, le patrimoine est présent sous toutes ses formes, dans le monde entier. Et les façons de le soutenir et de le conserver sont tout aussi nombreuses.
Source ImmoWeek
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