mardi 25 août 2015

Octobre 2015 : Exposition Moïse, figures d’un prophète, au musée d’Art et d’histoire du judaïsme




Du 14 octobre 2015 au 21 février 2016, 150 œuvres et documents de toutes sortes pour tenter de cerner l’aura du prince des prophètes. Quelque 150 peintures, dessins, gravures, objets d’art, manuscrits, livres et extraits de films, pour tenter de mesurer dans la culture occidentale l’importance et la diversité des représentations de Moïse, premier prophète du judaïsme, des temps anciens à nos jours...



Cette exposition souligne les enjeux philosophiques, religieux, politiques et artistiques de l’iconographie mosaïque, notamment les usages de la figure du prophète comme archétype du libérateur aux XIXe et XXe siècles.
Dès l’Antiquité, malgré l’interdiction de représentation dont il fut le messager (2e commandement), Moïse est le prophète le plus fréquemment figuré dans l’iconographie biblique. Au IIIe siècle déjà, au cœur du monde juif, dans la synagogue de Doura Europos (dans la Syrie actuelle), d’importantes fresques relatent des scènes de sa vie.

Des manuscrits médiévaux enluminés aux tableaux de Nicolas Poussin, sources juives et chrétiennes dialoguent. La traduction et l’édition des textes antiques par les chrétiens assurent au personnage un rayonnement sans précédent dès le XVIe siècle. Avec les débuts de l’édition hébraïque à Venise et à Prague, les juifs utilisent à leur tour ces images chrétiennes pour élaborer leur propre iconographie. S’appuyant sur la diversité de ces sources, l’exposition dresse un portrait composite de Moïse qui explore sa singularité et retrace les épisodes marquants de l’Exode.
Dans l’Europe des temps modernes, la représentation de ce prophète cristallise de nombreux enjeux politiques, religieux et philosophiques, dont les artistes rendent compte. Moïse est avant tout présenté comme la préfiguration la plus aboutie du Christ, ses miracles annonçant les sacrements de l’Église. Alors que les princes catholiques légitiment leur autorité temporelle en s’identifiant à l’image du Moïse législateur, les protestants se projettent sur l’histoire du peuple élu, persécuté par Pharaon, et exaltent le prophète libérateur, pour développer une rhétorique de résistance.
Au tournant du XXe siècle, de la Palestine aux États-Unis, Moïse devient l’incarnation symbolique des désirs d’émancipation qui agitent les communautés juives et les Noirs américains. Les écrits de Theodor Herzl, « Moïse moderne », icône du libérateur visionnaire et source d’inspiration pour les nouveaux artistes juifs, sont lus avec intérêt par les intellectuels afro-américains. Leurs tentatives d’émancipation sont elles-mêmes encouragées par les journaux sionistes new-yorkais. Ébauchés avec le combat abolitionniste, les échanges entre juifs et Noirs culminent dans la lutte pour les droits civiques à partir des années 1950. Martin Luther King, qui multiplie les références à Moïse et au destin des juifs, entretient un dialogue fécond avec le rabbin Abraham Heschel.
Moïse est le prophète qui a vu et dialogué avec Dieu, puis est redescendu en témoigner auprès des hommes. Cette singularité est soulignée dans la Torah qui souligne qu’ « il ne s’est plus jamais levé en Israël un prophète pareil à Moïse, lui que le Seigneur connaissait face à face ».
Parfois il est représenté avec des cornes qui ne seraient que la représentation symbolisée du lien direct qu’il eut avec Dieu. Mais cela prit-il réellement sa source dans le symbole... ou plus prosaïquement dans une erreur de traduction latine qui remplaça "rayonnant" par "cornu". « Quand il descendit de la montagne, il ne savait pas, lui, Moïse, que la peau de son visage était devenue rayonnante en parlant avec le Seigneur.  » Exode 34,29. Et c’est ainsi que naquit à travers l’histoire de l’art, du Moyen Âge jusqu’à nos jours, aussi bien chez Philippe de Champaigne que chez Michel Ange, la tête très franchement cornue du prince des prophètes.
Les artistes ont aussi fait de Moïse une figure tutélaire, celle du visionnaire, du prophète et de l’intercesseur qui guide, ouvre de nouvelles voies, cherche de nouvelles lois.
L’exposition s’achève sur l’identification intime et stimulante des artistes au fondateur du judaïsme, à partir notamment du célèbre Moïse de Michel-Ange, sculpté (vers 1515) pour le tombeau du pape Jules II à Rome, et filmé par Michelangelo Antonioni en 2004.
Par ailleurs, dans le Coran, Moussa (Moïse) est cité 136 fois. Parmi les « grands prophètes », il est considéré comme l’un des messagers envoyés par Allah et annonce le prophète Mahomet.
Moïse.


Figures d’un prophète. Du 14 octobre 2015 au 21 février 2016, au MAHJ, musée d’Art et d’histoire du judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple 75003 Paris, métro Rambuteau, Hôtel-de-Ville, RER Châtelet/Les Halles, Bus 29, 38, 47, 75. Parking Beaubourg, Hôtel-de-Ville. Ouvert du lundi au vendredi de 11 à 18h, et le dimanche de 10 à 18h. Nocturnes le mercredi jusqu’à 21 h. 7 ou 4,50€, musée + exposition 7 ou 4,50€ (18 à 25 ans, familles nombreuses, Amis du Louvre).


Source Evous