D’après une étude menée par le Prof. Ruth Defrin du Département de physiothérapie de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, sa doctorante Nirit Geva et le Prof. Jens Pruessner de l’Université McGill, un stress psychologique aigu réduit la capacité d’une personne à résister à la douleur physique...
L’étude, qui vient d’être publiée dans la revue Pain, montre qu’un stress soudain provoque une intensification significative de la sensation douloureuse et une diminution considérable de la capacité du corps à inhiber la douleur.
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont mesuré les seuils de sensibilité et de résistance à la douleur de 29 sujets masculins en bonne santé qui venaient de subir le test dit “de tâche stressante”, mis au point par le centre d’imagerie médicale de Montréal (Montreal Imaging Stress Task – MIST).
Le MIST est un test psychologique au cours duquel les participants sont invités à résoudre des exercices d’arithmétique chronométrés sur ordinateur, recevant immédiatement un message “vrai” ou “faux”. L’effet de stress provient du fait que seules 20 à 45% de leurs réponses, qu’elles soient exactes ou non, seront évaluées comme correctes, les sujets ayant préalablement été informé que le score moyen de réussite se situe entre 80% et 90%. Ils sont donc constamment informés de leur “mauvaise performance”, sans avoir aucun moyen d’améliorer leur score, quels que soient leurs efforts.
Pour mesurer les effets du stress sur la perception douloureuse, les participants ont été soumis à une série de tests communément utilisés en médecine et en psychologie pour évaluer les seuils de sensibilité et de résistance à la douleur, avant et immédiatement après l’exposition au MIST. Dans l’un d’eux, par exemple, ils étaient invités à signaler le moment où un stimulus de chaleur devenait douloureux.
“Nous avons divisé le groupe en fonction des niveaux de stress” commente le Prof. Defrin. “Nous avons constaté que non seulement le stress psychosocial réduit la capacité de moduler, contrôler la douleur, mais de plus, que les changements étaient beaucoup plus importants chez les sujets présentant une plus forte réaction au stress. Plus le stress perçu est fort, moins les capacités de modulation de la douleur fonctionnent. En d’autres termes, le type de stress perçu et son ampleur détermine son interaction avec le système de contrôle de la douleur”.
“Le stress est défini comme un sentiment d’impuissance et d’imprévisibilité, semblable à celui que vous ressentez lorsque vous êtes coincé dans un embouteillage : vous êtes désarmés et n’avez aucun contrôle de la situation” explique le Prof. Defrin. “Il peut avoir des répercussions positives dans un environnement de travail stimulant par exemple, mais globalement ses effets sont essentiellement négatifs”.
Les chercheurs se sont avoués surpris par les résultats obtenus. “Nous étions certains de constater une aptitude accrue de la modulation de la douleur suite au stress, étant donné les anecdotes courantes sur cette capacité chez les personnes blessées lors de combats ou d’accidents sportifs. Nous avons été surpris de constater exactement le contraire.
L’exposition au stress diminue de façon dramatique la capacité à moduler la douleur” déclare le Prof. Defrin, qui ajoute : “Nous savions déjà par de précédentes études que le stress chronique est beaucoup plus dommageable que le stress aigu, et est associé non seulement à une dysfonction des mécanismes régulateurs de la douleur, mais aussi à des douleurs chroniques et à des maladies systémiques”.
“La vie moderne expose les individus à de nombreuses situations stressantes récurrentes”, observe-t-elle. “Bien que nous n’ayons aucun moyen de prévoir quel type de stress nous ressentirons dans des circonstances différentes, il est conseillé de faire tout ce qui est en notre pouvoir – pratique de techniques de relaxation et de réduction du stress, thérapies etc.- pour réduire la quantité de stress dans nos vies”.
Source SiliconWadi